Je suis Antoine, originaire de Seine-et-Marne (77). Je suis arrivé au Canada en mai 2005. Mon parcours est un peu particulier puisque j'ai servi dans l'armée française en tant que pilote d'hélicoptère. N'aspirant plus à une carrière militaire et attiré par de nouvelles expériences, je décidé au terme de dix années de service de tenter ma chance dans le civil. L'Amérique du Nord étant l'une des régions les plus accessibles dans le milieu de l'aéronautique, c'est tout naturellement que j'ai décidé de m'orienter vers le Canada.
Qu'est-ce qui a motivé ton choix de t'installer à Toronto?
Le Canada s'affichait comme un pays d'opportunités dans mon domaine professionnel. Si je suis arrivé au Canada en 2005, c'est d'abord par le Québec que je me suis arrêté durant ma première année. J'ai vécu pendant un an et demi dans le nord de l'Ontario. Mais pur citadin dans l'âme, la vie en autarcie dans le nord devenait de plus en plus pesante. Raison pour laquelle j'ai demandé ma mutation à Toronto, toujours dans les ambulances aériennes. Je ne regrette pas mon choix.
Depuis combien de temps vis-tu à Toronto?
Je suis arrivé au Canada en 2005 mais c'est en 2007 que j'ai enfin posé mes valises à Toronto.
Quels ont été les documents nécessaires pour que tu puisses venir y travailler?
Comme j'avais le temps de bien préparer mon départ lorsque je vivais encore en France, j'ai directement fait une demande de résident permanent en 2004. Très longue et laborieuse mais la meilleure option à qui souhaite s'installer et vivre au Canada.
Dans quel domaine travailles-tu?
Je suis actuellement pilote d'hélicoptère offshore. Le secteur des plateformes pétrolières en mer, un métier qui m'amène à voyager régulièrement aux quatre coins du globe. J'ai d'abord travaillé pendant presque trois ans dans les ambulances aériennes pour le Ministère de la Santé de l'Ontario et je vole depuis 2007 dans le secteur «offshore» sur les plateformes en mer au large de l'île de Bornéo. Lorsque je ne suis pas en contrat, je suis à Toronto. En parallèle, je suis aussi photographe et je m'occupe de la communauté des Français et expatriés francophones à Toronto.
Comment as-tu procédé pour trouver un emploi à Toronto?
Mon exemple risque de ne pas être d'une grande aide pour beaucoup car mon métier est particulier. Mon emploi à Toronto fut le résultat d'une demande de mutation de ma part mais mon premier emploi fut à Sudbury dans le nord de la province. Bien que j'avais déjà mon statut de résident permanent lorsque j'ai immigré au Canada, il m'aura fallu une bonne année pour trouver un emploi dans mon domaine. En attendant, j'ai dû travailler dans une station de ski dans la région de Québec au salaire minimum (mais le forfait saison inclus, ce qui m'importait le plus) afin de survivre avant de trouver mieux.
Quelles ont été tes premières démarches pour trouver un logement?
Tout bêtement en tentant ma chance. Toronto a l'avantage d'être la plus grosse ville du Canada et la quatrième en Amérique du Nord. On trouve des logements sans trop de difficultés pour autant qu'on ait les moyens. En effet, Toronto est aussi tristement la ville la plus chère du pays, suivie de Vancouver. Je voulais absolument habiter en centre-ville, j'ai donc fait du porte à porte devant chaque immeuble des quartiers qui m'intéressaient. J'ai trouvé mon premier appartement en une semaine. En attendant je vivais tout simplement à l'hôtel. Il faut savoir que contrairement à la France, il est possible d'avoir les clés d'un appartement très rapidement,même en une journée, pour peu que l'on ait un contrat de travail. C'est généralement le seul document à fournir.
Quelles sont les différentes étapes à suivre pour un citoyen français qui souhaite s'expatrier à Toronto?
Les façons de venir à Toronto sont nombreuses, la question est de savoir si l'on veut y rester définitivement ou non. D'abord, il y a le visa touristique qui est la facon la plus simple de venir visiter le Canada. Mais il faut être conscient que le statut de visiteur ne pourra pas permettre de travailler ou d'étudier lors du séjour et qu'il ne sera pas possible de rester plus de six mois maximum sur le territoire. Ensuite, le visa d'étudiant est obligatoire pour faire des études au Canada, à moins d'étudier l'anglais ou le français moins de trois mois. Pour être admissible, il faut avant tout avoir une lettre d'acceptation d'une école ou d'une université canadienne. Pour obtenir cette lettre, il faudra contacter la faculté de son choix parmi les différentes universités au Canada.
Il faudra aussi prouver assez d'argent pour payer les frais de scolarité, les frais de subsistance et les frais de transport. Sachez qu'un visa d'étudiant coûte 125$CDN et le délai de traitement des demandes varie de 15 jours à un mois en moyenne.
En ce qui concerne le permis de travail, ceci permet de travailler au Canada pendant un certain temps, en général trois ans. Pour être admissible, il faut impérativement une offre d'emploi temporaire de la part d'un employeur canadien. Ledit employeur devra aussi fournir une confirmation écrite de la part de Ressources Humaines et Développement Social Canada (RHDSC) indiquant qu'un travailleur étranger peut combler ce poste. Cette confirmation constitue l'avis positif sur le marché du travail. Autant dire qu'il faudra être une perle rare pour obtenir un permis de travail, la préférence allant aux résidents déjà établis. Notez qu'un permis de travail coûte 150$CDN et le délai de traitement est d'environ un mois.
Il y a aussi le Programme Vacances-Travail (PVT) qui fait partie du programme « Expérience Internationale Canada (EIC) » permettant aux jeunes citoyens Français ou Belges de séjourner et de travailler au Canada pour une période d'un an maximum (non-renouvelable). Il s'agit certainement du visa le plus populaire. Pour y être admissible, il faut être âgé de 18 à 35 ans inclusivement à la date de réception de la demande, être titulaire d'un passeport valide, ne pas avoir déjà participé à la catégorie Vacances-Travail, disposer d'un minimum de ressources financières (700 Euros ou 1,000$CAD par mois) pour les 3 premiers mois du séjour et avoir une assurance maladie/hospitalisation/rapatriement valide pour la durée du séjour. La preuve de cette assurance devra être présentée à un agent de l'Immigration à l'arrivée au Canada. Le tarif du PVT varie. En décembre 2012, le taux en vigueur était de 120 Euros et le délai de traitement est d'environ un à deux mois.
Le visa de résident permanent permet d'immigrer, vivre et travailler au Canada pour une période de 5 ans (renouvelable en justifiant d'un minimum de 2 ans sur le territoire). Le résident permanent offre également les mêmes droits qu'un citoyen canadien, sauf celui de voter. Il est donc tout naturellement le visa le plus convoité, mais aussi le plus difficile à obtenir. Les candidats au résident permanent doivent s'intégrer dans une des six catégories suivantes: les travailleurs qualifiés (pour les personnes qui veulent s'établir et travailler au Canada), les gens d'affaires (pour les personnes qui veulent démarrer une entreprise au Canada), les candidat des provinces (selon les besoins en matière d'immigration dans la province de l'Ontario), la catégorie de l'expérience canadienne (pour les personnes qui ont déjà travaillé au moins 12 mois au Canada et qui souhaitent y rester de façon permanente, par exemple à la fin d'un PVT ou d'un permis de travail) et le regroupement familial (pour parrainer un membre de sa famille). Le processus d'obtention de résidence permanente au Canada est long et très laborieux. Chaque cas est particulier mais il faudra compter en général un an minimum pour compléter toutes les démarches et obtenir un visa de résident permanent.
Pour devenir résident permanent, les services d'immigration du Canada vont d'abord évaluer la candidature selon un système de pointage bien précis : c'est donc au candidat d'en tirer le maximum de points (âge, études, expérience professionnelle, langues, etc). Les différentes étapes pour devenir résident permanent au Canada se résument a un questionnaire préliminaire, un questionnaire de demande de résidence permanente, une visite médicale + frais de dossier + preuves diplômes + extrait de casier judiciaire + test d'évaluation linguistique (anglais ou français), un entretien avec un conseiller de l'Ambassade du Canada dans 50 % des cas, et ensuite, la réception du visa de résident permanent.
Le coût d'un visa de résident permanent est un peu particulier. Il faudra d'abord s'acquitter des frais relatifs à la demande de visa, soit, 550$CDN pour le requérant, 550$CDN pour le conjoint et 150$CDN par enfant de moins de 22 ans. Ensuite, il faudra payer les frais relatifs au droit de résidence permanente (émission du visa), soit 490$CDN pour le requérant et 490$CDN pour le conjoint. Ajoutez à cela les frais de la visite médicale qui peuvent varier selon le médecin ainsi que les frais pour le test d'évaluation linguistique. C'est obligatoire même si le français est la langue maternelle.
Enfin, il faudra prouver que l'on détient suffisamment de fonds pour subvenir à ses besoins au moins lors des premiers mois au Canada. Cette preuve de fonds est revue chaque année. En 2013, Immigration Canada demande à un nouvel immigrant indépendant d'avoir une somme moyenne de 11 115$CDN qui varie selon le nombre de membres de la famille.
As-tu eu des difficultés pour t'adapter au mode de vie canadien?
L'avantage de Toronto, c'est qu'il s'agit d'une des villes les plus cosmopolites et multiethniques au monde. Je m'y suis senti tout de suite chez moi et je ne compte pas en bouger. Il y a beaucoup de couleurs dans les rues, le Torontois vient toujours de quelque part, y vivre avec un accent est donc tout à fait banal. L'intégration se fait très facilement, si ce n'est la communication pour ceux qui maîtrisent mal l'anglais. En effet, Toronto est une ville anglophone avant tout. Le français représente moins de 2% de la population. L'anglais est donc une question de survie.
Quelles sont les différences entre la vie en France et la vie au Canada?
Le Canada a beau être une destination populaire, les différences avec la France n'en sont pas moins nombreuses et il y a beaucoup de pièges auxquels on ne pense pas forcément pour qui souhaite immigrer. En premier lieu, il y a la langue. Toronto est anglophone et il faut impérativement avoir un minimum de bases en anglais pour s'y installer. L'hiver est une des principales causes de retour au pays pour certains immigrants. Si Toronto a l'avantage d'avoir un des hivers les moins rigoureux du pays, il dure néanmoins près de six mois.
Puis, il y a les congés payés. Le Canada n'offre que deux semaines de congés payés par an (après avoir travaillé 50 semaines) tandis que la France détient presque le record du monde de vacances. Il n'y a que neuf jours fériés en Ontario. Beaucoup de Français sont surpris en arrivant. Pour ce qui est du coût de la vie, bien que Toronto reste un peu moins chère que Paris, elle n'en reste pas moins la ville la plus chère du Canada. Un détail important à prendre en compte pour le choix de sa destination au Canada.
Pour ce qui est de la télévision, l'Internet et la téléphonie mobile, c'est un détail qui peut surprendre. Comparé à la France, le Canada a plusieurs années de retard dans ses technologies moins avancées et bien plus chères, qui nous font regretter nos opérateurs français.
Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent immigrer et travailler à Toronto?
Bien travailler son anglais avant de partir. Pour le reste, bien que discrète, la communauté française à Toronto est bien présente donc sachez que vous ne serez pas seuls en arrivant : l'intégration se fera facilement.