Marcie autour du monde : Les aventures d'un conjoint-suiveur

L'Expat du mois
  • Marcie
Publié le 2021-08-27 à 10:00 par Veedushi
Cela fait plus d'une décennie que Marcie, une expatriée américaine, s'est transformée en conjoint suiveur. La carrière de son époux l'a ainsi amené dans plusieurs pays. Aujourd'hui coincée en Californie en raison de la pandémie de COVID-19, elle s'apprête à dire au revoir à son époux qui part à nouveau en mission à Shanghai, cette fois en solo. Marcie nous parle de ses aventures et d'un livre qu'elle a récemment écrit sur le mariage et le compromis pour les conjoint-suiveurs.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?

Pour le meilleur ou pour le pire, je suis un conjoint-suiveur « en série ». Mon époux a une carrière internationale, ce qui nous a conduit à Daejeon et à Séoul, en Corée du Sud. Nous avons aussi vécu à Paris, Tokyo et Shanghai. Je suis originaire de Detroit, le berceau de Motown, aux États-Unis. J'ai toujours été passionnée par la musique. J'ai ainsi eu la chance de travailler à la radio et pour un magazine de musique rock avant de me convertir en conjoint-suiveur.

Où vivez-vous actuellement et depuis combien de temps y êtes-vous ?

Notre port d'attache est à Los Angeles, en Californie. Nous sommes ici depuis au moins 25 ans, bien que nous ayons passé plus de dix années à l'étranger. J'ai rencontré mon mari sur un bateau qui partait de Boston pour P-Town. J'étais en excursion d'une journée avec un groupe de collègues et il rendait visite à sa grand-mère à Cape Cod. Qu'est-ce que c'est mignon ! Nous avons eu une aventure folle et passionnée, puis, six semaines plus tard, il a déménagé à Los Angeles sur un coup de tête. J'en avais assez d'attendre qu'il revienne à Boston, alors j'ai déménagé dans le Détroit. Mais il était toujours dans mes pensées. Finalement, je suis allée le rejoindre à Los Angeles.

Qu'est-ce que ça fait d'être un conjoint-suiveur, surtout avec des enfants ?

Eh bien, c'est une grande question : de combien d'espace disposez-vous ? Parce que je pourrais écrire un livre sur le fait d'être un conjoint-suiveur ! En fait, je l'ai fait ! De l'un côté, c'est une expérience exaltante. Le voyage, l'immersion culturelle, la capacité de voir votre propre pays de l'extérieur... En tant que mère qui travaille à Los Angeles, souvent épuisée par mes deux emplois (à l'intérieur et à l'extérieur de la maison), devenir conjoint-suiveur m'a donné l'opportunité de me détendre, respirer et être plus présente dans la vie de nos enfants. Faire ses courses à Paris était une joie et non une corvée qui devait se faire rapidement à la lueur des lumières fluorescentes. Le rythme était beaucoup plus lent partout où nous avons vécu qu'à Los Angeles, et les enfants en ont largement profité. Ils n'étaient pas submergés par des activités parascolaires, et je n'étais pas esclave de leur vie sociale. La vie de famille et la découverte du monde étaient notre principale activité sociale. Je pense que c'était une expérience merveilleuse qui nous a permis de resserrer nos liens.

Vous êtes l'auteur d'un livre intitulé « Em's Awful Good Fortune », qui se rapporte à votre propre expérience. Parlez-nous en.

Je considère « Em's Awful Good Fortune » comme une lettre d'amour aux femmes expatriées. Mais attention, ce livre est loin de traiter des aspects merveilleux de la vie à l'étranger. Il existe déjà énormément de livres sur le sujet. L'histoire d'Em parle de mariage et de compromis. Je voulais creuser des sujets dont on n'arrive pas à parler ouvertement. La perte d'identité, de carrière et de communauté, la dépression, le ressentiment et l'infidélité sont des problèmes très réels et très courants parmi les conjoint-suiveurs, et « Em's Awful Good Fortune » ne se retient pas. C'est à la fois drôle et émotionnellement honnête comme livre. En fin de compte, Em apprend à reconnaître et valoriser ses propres besoins autant que ceux de son époux et de sa famille. Elle apprend que sa vie doit fonctionner pour que le mariage fonctionne. Et elle reprend le pouvoir sur sa vie.

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels les conjoints-suiveurs doivent faire face et comment peut-on les surmonter ?

Le plus grand défi, pour moi, a été de devoir à plusieurs reprises quitter mon travail à Los Angeles afin de préserver mon couple. En tant que conjoint-suiveur, je n'ai jamais eu de visa de travail et à chaque fois que nous sommes retournés à Los Angeles, ma carrière a fait un nouveau bond en arrière. J'ai toutefois appris à utiliser mon temps à l'étranger pour développer de nouvelles compétences. A Paris, j'ai obtenu un diplôme TEFL (Teaching English as a Foreign Language) et j'ai eu l'occasion d'être enseignante bénévole au Japon et en Chine. Pendant mon séjour à Paris, j'ai aussi suivi un cours d'écriture via W.I.C.E. (Women in Continuing Education) qui a changé la trajectoire de ma vie. J'avais toujours voulu écrire, mais ce n'est que lorsque je suis devenu conjoint-suiveur que j'ai eu le temps de me concentrer sur le développement de ces compétences. Donc, je dirais que dans l'ensemble - ma vie s'est grandement améliorée en étant expatriée : cela m'a permis de découvrir et de suivre mes rêves.

Avez-vous eu du mal à vous adapter aux différents pays dans lesquels vous avez déménagé ?

Notre premier déménagement international a été le plus difficile, mais ce n'est pas à cause de la Corée du Sud. Devenir mère au foyer a été un choc pour mon système. Le travail me manquait et je n'avais aucune expérience en tant que maman. Mais j'ai appris à m'adapter. Je n'ai jamais eu de problème avec l'aspect « étranger » de la vie à l'étranger. Je considère cela une aventure et une opportunité de développement personnel.

Quelle a été votre meilleure expérience à l'étranger jusqu'à présent ?

C'est à Paris que j'ai découvert l'écriture, ce qui a complètement transformé ma vie, alors Paris arrive en première position ! Mais je n'aime pas jouer a ce jeux de favoris. Voici, donc, ce que j'en pense en toute honnêteté : j'ai trouvé que la Corée était la plus accueillante pour les étrangers, et je préfère la cuisine coréenne ; Shanghai est peut-être la ville la plus cool de la planète, surtout côté art, mode et cuisine internationale. J'ai adoré ! Tokyo est une ville très propre et excentrique, et j'aime bien le Karaoké, le tofu et les sushis.

À quoi ressemblait votre vie quotidienne en tant que conjoint-suiveur ?

Maintenant que mes enfants ont grandi, je peux à présent consacrer plus de temps à moi-même. Dans la matinée, j'écris, puis je prends un cours de yoga. À Shanghai, j'enseignais le yoga « américain », ce qui signifie pas de chant et beaucoup de musique ! Je prends toujours des cours d'écriture en ligne pour avoir accès à une communauté d'écrivains anglophones. J'aime aussi faire du bénévolat, généralement en enseignant l'anglais. D'autre part, je m'implique dans des activités et organisations d'expatriés. Ce qui me permet de rester proche de la communauté.

La pandémie de COVID-19 a-t-elle eu un impact sur votre vie sociale et familiale ?

Alors là, c'est plutôt ahurissant ! Nous sommes restés bloqués en Californie pendant toute la pandémie, mais à présent, mon époux s'apprête à retourner à Shanghai à l'automne pour un an et demi. En raison de la crise, il semble peu probable que je puisse obtenir un visa de conjoint. C'est ironique, car au moment où j'ai commencé à écrire « Em's Awful Good Fortune », j'envisageais déjà une tournée mondiale, en passant par Paris. Tokyo. Shanghai et Séoul. Je vais devoir me contenter de « Zoomer » dans le monde entier.

Y a-t-il des conseils que vous aimeriez donner aux conjoints à la traîne, surtout en cette période pandémique ?

Mon meilleur conseil pour les conjoint-suiveurs est de savoir faire en sorte que votre expérience d'expatrié soit utile pour vos propres objectifs personnels. Il est important de s'aimer et de prendre soin de soi, mesdames en particulier. Les deux conjoints doivent arriver à vivre pleinement leur vie. Cependant, je n'ai pas vraiment de conseils à donner pour mieux vivre cette période délicate. Je suis moi-même sur le point de me diriger vers une séparation potentiellement longue. Toutes vos suggestions seraient appréciées.

Quels sont vos projets d'avenir ?

J'ai fait plusieurs apparitions au club de lecture Zoom, et j'aimerais en faire plus, en particulier avec la participation d'autres conjoint-suiveurs autour du globe. Alors n'hésitez pas à me contacter via mon site d'auteur