Originaire de la Charente, Valentine a vécu de nombreuses années à Paris. En 2015, elle décide de s'installer à New York avec son époux qui travaille au sein d'une société américaine. Au travers de cette interview, elle partage son quotidien d'expatriée aux États-Unis.
D'où viens-tu, Valentine, et que fais-tu actuellement ?
Je m'appelle Valentine et j'ai 26 ans. J'ai grandi en Charente et j'ai vécu à Paris ces 7 dernières années. En France, j'étais attachée de presse et chargée de communication dans le secteur de la musique et de la culture. Ici, je viens de décrocher un poste de chargée de production et administratrice d'une fondation internationale dédiée au théâtre.
Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier aux États-Unis?
Mon copain a eu cette opportunité car il travaillait en France pour une boite américaine. Tout est allé très vite et ça a été une décision très spontanée. En avril 2015, il m'a parlé de la possibilité d'une expatriation aux États-Unis. On avait le choix entre plusieurs villes. J'ai un peu imposé New York parce que je savais que c'était la ville qui me correspondait le plus. Au départ, on n'était pas censés pouvoir y aller avant un ou deux ans, et finalement, un poste s'est débloqué plus rapidement que prévu, on a donc eu deux mois seulement pour préparer notre départ. C'est donc surtout un projet à deux et une opportunité que j'ai prise comme l'occasion de chambouler mon quotidien et de repartir à zéro dans un nouveau pays.
Comment s'est passée ton installation ?
Plutôt bien avec le recul. Comme tout est allé très vite, nous étions en mode super efficaces et on a réglé les problèmes les uns après les autres. On appréhendait beaucoup la recherche du logement car à New York, il faut avoir un « credit score » pour être accepté dans une location. Finalement, on a eu beaucoup de chance et on a trouvé notre appartement au bout de deux jours ! Je me rends compte maintenant que les premiers mois ont été relativement difficiles parce qu'on débarque dans un pays si différent et en n'y connaissant absolument personne, mais je n'ai vécu aucun moment comme insurmontable.
Depuis combien de temps t'y es-tu installée ?
Bientôt 10 mois et je n'ai vraiment pas vu le temps passer !
Qu'est-ce qui t'as attirée vers New York ?
Cette ville est fascinante par bien des aspects : la diversité, l'immensité, le dynamisme et le foisonnement culturel. Pour moi qui aime énormément sortir, découvrir, c'est la ville parfaite. Il y aura toujours de nouvelles choses à y faire et je n'aurai jamais l'occasion de m'y ennuyer. New York est une ville fantasmée un peu partout dans le monde et je comprends parfaitement pourquoi, c'est vraiment un endroit à part, même au sein des États-Unis. Après, on prend un rythme particulièrement intense en y vivant, mais cela me correspond tout à fait !
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française s'expatrie aux États-Unis ?
Tout dépend un peu de la situation et des raisons de l'expatriation. Dans mon cas, j'ai du me marier (ce qui n'est pas rien quand on a deux mois pour se décider) afin d'avoir le même visa que mon mari. L'avantage dans ma situation, c'est que le visa L2 m'autorise à travailler aux États-Unis et que c'est un visa très solide si on décide de rester plusieurs années. Donc, le plus gros des démarches a été l'organisation du mariage et la procédure de demande de visa (il faut faire un dossier, prendre rendez-vous à l'ambassade, j'explique tout cela en détail sur mon blog). Sinon, ce sont les procédures habituelles dans toute expatriation : penser à résilier ses abonnements, anticiper les assurances et certains détails pour faciliter l'arrivée sur place.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Pas vraiment. Une fois de plus, tout est allé très vite. Il faut se battre un peu avec la paperasse et les démarches administratives sont parfois fastidieuses, mais tout s'est passé très tranquillement dans notre cas.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Oui, et je ne m'y attendais pas forcément. On pense très bien connaître la culture américaine car c'est en quelque sorte la « culture dominante » et je pensais avoir percé les secrets de la culture anglo-saxonne après avoir passé un an en Australie en 2011. Mais en fait, il y a énormément de choses qui nous séparent de la culture américaine et New York est difficile sur ce plan-là car les gens fonctionnent beaucoup par communautés. Dans mon quartier, par exemple (à majorité hispanique), peu de gens parlent anglais, donc c'est une double adaptation linguistique ! Et autre difficulté non négligeable : la recherche de travail a été assez fastidieuse. Il faut s'adapter à d'autres règles du jeu et accepter les refus et échecs sans broncher…
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée à New York ?
J'étais déjà venue en 2011 et je pensais connaître un peu la ville. Mais en arrivant en novembre dernier, j'ai été de nouveau surprise par l'immensité de la ville et l'énergie qu'elle dégage, ainsi que par son côté industriel omniprésent (surtout dans Brooklyn). La ville change et se transforme à toute allure et j'ai déjà pu percevoir des différentes entre mon séjour en 2011 et mon installation fin 2015. Un sentiment qu'on ne retrouve quasiment nul part ailleurs.
Quelles sont les particularités du marché de l'emploi ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Le marché de l'emploi aux USA est très compétitif et cela a de bons et de moins bons côtés. J'ai plusieurs amis expatriés qui ont trouvé un travail sans trop de difficultés, mais en comptant 6 mois minimum avant de trouver un poste adapté. Cela dépend aussi un peu du secteur dans lequel vous recherchez. Le plus important est d'avoir un bon visa car de moins en moins d'entreprises sponsorisent leurs employés. La plupart des annonces mentionnent le fait que vous devez être légalement autorisé à travailler sur le sol américain avant même de postuler. La maitrise de la langue anglaise est bien sûr incontournable, mais je ne connais personne ayant cherché un simple job alimentaire, ce qui je suppose est plus facile. Aussi, tout fonctionne encore plus par « networking » qu'en France et les Américains ont moins de pudeur. Il ne faut donc pas hésiter à parler de soi, à se mettre en avant et à provoquer la rencontre quand on cherche un emploi.
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?
Dans mon cas non, car nous nous sommes installés dans un quartier qui n'est pas encore trop coté (Ridgewood dans le Queens) et nous sommes tombés sur un propriétaire bienveillant (bon, il faut quand même aussi pouvoir débloquer 4 mois de loyer d'avance quand on est expatrié car on ne dispose pas du fameux « credit score », cela aide à convaincre de votre solvabilité). Un expatrié arrivant à New York doit donc avoir beaucoup d'argent de côté pour pouvoir payer ces fameuses cautions (dans notre cas, on a du débourser en tout et tout de suite 1 800 $US x 4 mois = 7 200 $US). Le prix de l'immobilier est extrêmement élevé à New York et cela est décisif dans la recherche : il faut compter entre 2 000 et 2500 $US par mois pour un single-bedroom hors de Manhattan. Les appartements ne sont jamais meublés. Il faut donc aussi prévoir un budget pour acheter tous les meubles à l'arrivée.
Que penses-tu du mode de vie des Américains ?
Je m'en sens assez éloignée et je pense que c'est une des différences culturelles les plus difficiles à surmonter. Les Américains travaillent énormément, leur mode de vie est en grande partie basé sur la consommation de biens et ont, à mon goût, très peu de temps à disposition pour profiter de la vie, comme on peut l'entendre en France. Il y a effectivement une tendance à l'individualisme qui me choque parfois, même s'ils sont aussi d'une profonde gentillesse et ont un rapport souvent plus serein aux moments difficiles (la fameuse résilience à l'américaine).
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
« Aux États-Unis, on mange mal ». Bon, j'avoue que nous avons du lutter un peu pour trouver de bons ingrédients et retrouver nos habitudes alimentaires, mais nous mangeons maintenant presque plus équilibré qu'avant ! Il y a une ribambelle de restaurants délicieux à New York et grâce à la livraison d'un panier de produits frais chaque semaine, on arrive à se concocter de bons petits plats.
A quoi ressemble ton quotidien à New York ?
Pour le moment, mon quotidien n'a jamais été vraiment réglé. Je viens juste de trouver un emploi, donc je commence tout doucement à intégrer cette routine, « eat sleep work » et mes allers-retours quotidiens sur Manhattan. Je dois dire que j'ai encore du mal à réaliser que c'est bien ma nouvelle vie, le bureau individuel avec vue sur le Chrysler Building et l'East River et la cohue quotidienne de Midtown avec tous ces businessmen qui courent, leur café à la main. En parallèle, je continue à donner des cours de français en session privée deux fois par semaine et sort au moins 4 fois par semaine. On a eu aussi beaucoup de visites des amis et de la famille, donc j'ai passé énormément de temps à arpenter la ville, à la découvrir dans ses moindres recoins et je vais au moins une fois par semaine dans un des innombrables musées de la ville (et gratuitement, j'explique tout cela sur mon blog).
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs disponibles à New York ?
Concerts, soirées, cinéma en plein air, expositions, bars… L'offre culturelle à New York est illimitée ! Je passe aussi beaucoup de temps à lire (in English only), plaisir que j'ai pu retrouver à mon arrivée ici.
Qu'est-ce qui te plait le plus aux États-Unis ?
La découverte illimitée, le multiculturalisme et la sensation d'avoir un nouveau continent à découvrir. L'enthousiasme des Américains me convient bien. Et le soleil ! (d'avril à octobre, il brille quasi en continu).
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?
Mes amis, ma famille bien évidemment. Les discussions passionnées et l'absence de politiquement correct. La bière ! (il y a d'excellentes bières artisanales aux USA, mais les bières françaises et belges restent mes préférées).
Un évènement particulier que tu as vécu aux États-Unis et que tu voudrais partager ?
Le concert de Public Enemy, un groupe de hip-hop pionnier qui vient de Long Island (NY) et qui a émergé dans les années 1980. Je les ai revus ici à New York et ça n'avait pas du tout le même poids qu'en France : le public était constitué d'adultes de 30 à 40 ans qui connaissaient toutes leurs paroles par cœur, qui avaient grandi avec cette musique. Un grand moment assez unique.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à New York et aux États-Unis en général ?
Le coût de la vie à New York peut être prohibitif. L'argent n'avait jamais été une telle préoccupation dans mon quotidien avant de venir ici et c'est un aspect de ma nouvelle vie qui me déplait beaucoup. Il faut vraiment avoir envie de cette nouvelle vie car elle a un coût. C'est un sacré investissement que de venir s'installer aux USA. J'ai aussi du mal en tant que Française à accepter que la santé et l'éducation soient aussi chères.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier aux États-Unis ?
Economisez avant de partir ! Et ne vous découragez pas. Aux États-Unis, il y a toujours une solution à tout.
Tes projets d'avenir ?
Faire de New York mon « home sweet home », et il y a encore du travail ! Même si après mon premier retour en France, j'ai eu la sensation de revenir chez moi à New York, nous sommes encore en train de nous construire une routine et cela prendra probablement du temps. L'idée est également de voyager le plus possible sur le continent américain, on a déjà un projet d'escapade dans la montagne au nord de New York et quelques courts voyages prévus à Orlando et à la Nouvelle Orléans (3 semaines de vacances annuelles obligent).