Après une brillante carrière dans les médias, Tina a décidé de tout abandonner en 2007 pour partir à l'aventure en République dominicaine. Ayant eu un véritable coup de cœur pour le pays, ses paysages et sa diversité, et animée par le désir de changer de vie, elle a choisi de s'y installer. Aujourd'hui mère au foyer, elle partage, avec Expat.com, son bonheur de vivre dans ce petit coin de paradis.
Bonjour Tina, peux-tu te présenter brièvement et nous raconter de ton parcours ?
Je suis originaire de Carnac (Morbihan) mais j'ai vécu à Paris, ou en périphérie presque toute ma vie (à part quelques expériences de jeunesse comme G.O. au Club Med). L'essentiel de ma carrière professionnelle a été dans le domaine de la communication : speakerine sur TF1 durant 2 ans, attachée de presse sur cette même chaîne pendant 8 ans, puis j'ai intégré le groupe L'Équipe où j'ai dirigé le Service de Presse et les Relations extérieures, sans compter une douzaine d'années formidables lors desquelles j'ai beaucoup voyagé, rencontré des gens passionnants, profité un maximum d'une vie plutôt facile et festive.
Ensuite, une réflexion personnelle et un enchaînement de choses ont fait que j'ai choisi d'aller adopter en Afrique (au Bénin et au Burkina Faso) mes 2 enfants. Bien que nous vivions dans un milieu favorisé, je ressentais déjà le petit racisme ordinaire en banlieue parisienne dans les années 2000. Alors, pour changer d'air, dans un premier temps je me suis rapprochée de ma terre natale. J'ai pris la direction de la communication de TV Breizh, une chaîne de télé installée à Lorient. Mais j'ai à nouveau été surprise par les hasards de la vie. Mes vacances en République dominicaine m'ont donné envie de tout changer. Ce n'était pas vraiment un coup de tête mais plutôt un coup de cœur. N'empêche que j'ai mis 4 ans avant de tout larguer ! J'ai du vendre ma maison, quitter mon travail et préparer mon installation et celle de ma famille.
Depuis combien de temps vis-tu en République dominicaine ?
Je suis arrivée en septembre 2007 avec ma famille et tout « mon passé » dans un container de 56m3. Je n'ai plus jamais quitté la République dominicaine depuis, même pas pour une semaine de vacances.
Quelles étaient les formalités à remplir pour que tu puisses t'installer en République dominicaine ?
A l'époque, il n'y en avait aucune. On pouvait tout simplement entrer avec un visa de tourisme et une carte d'identité.
Parles-nous de ce que tu aimes le plus en République dominicaine et ce que tu aimes le moins.
Ce que j'aime le plus, c'est la diversité et la beauté des paysages, le climat (hors périodes d'inondations ou de cyclones), le fait de pouvoir y vivre un peu comme on l'entend, sans être jugé, critiqué : on peut être gros, moche, vieux mais chacun y trouve sa place. Ce que j'aime le moins, par contre, c'est le manque de culture et d'éducation d'une grande partie de la population.
Peux-tu nous décrire la République dominicaine en une phrase ?
Cela m'est impossible puisque ce que représente la République dominicaine pour moi ne sera pas forcément le même pour les autres.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à ton arrivée en République dominicaine ?
L'accueil bienveillant, la main tendue, ce que la plupart des gens appellent la gentillesse des Dominicains. Avec le temps, l'on se rend compte que ce n'est pas aussi simple qu'il paraît. Les gens sont parfois très intéressés.
Est-il difficile de trouver un logement en République dominicaine ? Quels sont les types de logements disponibles pour les expatriés ?
Il est très facile de trouver un logement en République dominicaine. Il y a pas mal de logements à louer ou à vendre. Cependant, cela peut être plus dur de trouver des personnes honnêtes et sérieuses lorsque l'on n'a pas une bonne connaissance du pays.
Qu'est-ce qui caractérise le marché du travail dominicain ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Le taux de chômage, à ce jour, tourne autour des 5 %. Il y a des postes à pourvoir mais les salaires sont souvent très bas. Les Haïtiens, souvent non déclarés, acceptent de travailler 10 heures par jour pour 10 euros seulement. Ils sont des centaines à tenter de passer la frontière quotidiennement pour ces quelques pesos. Les salaires minimums appliqués à chaque catégorie sont rarement respectés. Ainsi, un salarié du domaine de la restauration devrait toucher quelque 9 000 pesos (180 euros), mais dans mon village on propose entre 4 500 et 7 500 pesos. Bien sûr, il est plus facile pour un ressortissant étranger de trouver un emploi en République dominicaine, surtout s'il est bilingue ou trilingue, mais acceptera-t-il un salaire si bas ?
Quels sont les festivals les plus populaires et les principaux codes culturels en République dominicaine ?
Ici, c'est le carnaval en février, la semaine sainte en avril, les fêtes patronales selon le saint patron du village presque toute l'année. D'une manière générale, toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête !
Que penses-tu du mode de vie en République dominicaine ?
Il y a divers modes de vie en République dominicaine. Vivre à 3 générations dans une seule maison en parpaing recouverte de tôle, sans eau chaude, sans électricité 6 à 8 h par jour selon la région, manger tous les jours du riz, c'est le quotidien de beaucoup de Dominicains. Heureusement, ce n'est pas mon cas.
Quels sont les moyens de transport disponibles en République dominicaine ? Comment te déplaces-tu ?
Là encore, c'est une question de classe sociale. La plupart des gens se déplacent en transport public (guaguas et motoconchos). Certains possèdent leurs propres motos et le parc d'automobiles compte un peu moins de 800 000 véhicules (particuliers ou entreprises) pour plus de 10 millions d'habitants. Si je dois me rendre dans la capitale, je privilégie le bus. Nous avons une compagnie très confortable qui sillonne le pays. Il faut compter 3 heures pour couvrir les 180 km depuis ma campagne, mais le temps passe vite. Pour environ 7 euros, l'on peut profiter d'une projection de films, ainsi que du wi-fi. Sinon, au quotidien j'utilise ma voiture et mon fils, sa moto.
As-tu eu des difficultés à t'adapter à ton nouvel environnement et à la société dominicaine ?
Aucune, mais je n'avais pas rêvé une vie facile sous les cocotiers où tout ne serait que sourires, plages et farniente à moindre frais. Je savais que c'était un pays en voie de développement, que la corruption régnait dans bien des domaines, ou encore, que le système de santé, surtout en matière d'urgence, n'était pas partout au point. Cela dit, il m'arrive encore de m'étonner sur la façon dont les Dominicains arrivent à gérer certaines situations.
A quoi ressemble ton quotidien d'expatriée en République dominicaine ?
Pour le moment, à celui d'une maman au foyer, ma fille cadette étant encore scolarisée.
Que fais-tu de ton temps libre ?
Je reste passionnée par l'actualité, donc la première chose que je fais le matin c'est ma revue de presse en ligne, de journaux dominicains, mais également français. Qu'y a-t-il de mieux que de déguster un bon café local depuis ma terrasse face à la mer, en lisant L'Équipe ? Ensuite, je fais un tour sur les réseaux sociaux, les forums qui parlent d'expatriation comme celui d'Expat.com. J'aime partager mes informations, mes coups de cœur, mes coups de gueule, et lorsqu'un sujet me semble intéressant, j'en parle sur mon blog Hola Dominica, Le Blog de Tina. Je fais aussi des piges pour des revues touristiques sur demande. Le week-end, c'est la plage, les sorties en famille ou entre amis.
Y a-t-il en République dominicaine des activités nocturnes pour les fêtards ?
Bien sûr ! Les moindres petits villages ont le goût de la fête. On ne rate jamais une occasion de boire, de bien manger et de danser.
Quelles nouvelles habitudes as-tu adoptées en République dominicaine ?
Je ne parlerai pas de nouvelles habitudes mais plutôt d'un nouveau rythme de vie. Je suis passée du statut de super active à celui de super oisive.
Quel est ton avis sur le coût de la vie en République dominicaine ? Combien coûtent un trajet en bus, une bière, ou encore, un bon pain ?
Si l'on veut manger autre chose que du poulet, riz, habichuelas, bananes, plantains, avocat, la base de la nourriture dominicaine qui est déjà chère pour les locaux, on augmente vite le prix du panier de la ménagère. Du bon pain? Je n'ai pas encore trouvé la baguette croustillante qui me régalait en France. Les expatriés qui en font la vendent au minimum 50 pesos (1 euro) l'unité. Un petit pain dominicain coûte 5 pesos, une bière entre 80 pesos au colmado (épicerie) du coin et 120 dans les bars de mon village peu fréquenté par les touristes.
Un trajet en guagua, par exemple, pour faire les 35 km qui séparent Cabrera de Nagua c'est 100 pesos. Prendre un motoconcho pour relier mon hameau distant de 3 km du centre village coûte environ 25 pesos. En fait, le coût de la vie est un peu élevé si l'on conserve des habitudes européennes. Dans un pays où les coupures d'électricité sont quotidiennes si l'on veut garder les avantages d'un réfrigérateur, d'un ventilateur, ou autre, il faut prévoir des équipement en conséquence : batteries, inverseur, régulateur. C'est un investissement important et il s'agit d'équipements qu'il faut entretenir et renouveler assez souvent (il n'est pas rare que, malgré les précautions prises, d'incroyables hausses de tension fassent tout cramer). Les assurances santé ne sont pas données si l'on veut une bonne couverture. Et puis, tous les produits importés sont chers, comme dans toutes les îles.
Y a-t-il quelque chose que tu voudrais faire en République dominicaine mais dont l'occasion ne s'est pas encore présentée ?
Il y a plein d'endroits encore à visiter mais je deviens flemmarde. Je me plais tellement dans mon environnement que je n'ai plus très envie de bouger.
Quel est ton meilleur souvenir de la République dominicaine ?
Je n'ai pas qu'un seul meilleur souvenir. Mon bien-être est fait d'une multitude de petits moments chaleureux, doux, drôles... C'est le bonheur de vivre ici !
Si tu pouvais repartir à zéro en République dominicaine, que ferais-tu différemment ?
Je ne ferais pas construire ma maison avant d'être sur place en permanence et de pouvoir contrôler moi-même le chantier au quotidien. Je ne ferais peut-être même pas d'investissement quand je vois le nombre de mes connaissances qui ont, pour une raison ou une autre, quitté le pays et qui, des années après, n'ont toujours pas pu revendre sans brader.
Que penses-tu de la cuisine locale ? Quelles sont tes spécialités préférées ?
J'apprécie beaucoup les langoustes, crabes et poissons frais que les pêcheurs viennent me livrer à domicile. Je dirais un pica pollo, un chivo guisado ou un sancocho pour le plaisir de faire découvrir les spécialités locales aux amis français de passage, ou encore, un cochon grillé partagé avec des amis dominicains pour la convivialité, mais je ne peux pas dire que la nourriture dominicaine fasse partie des motifs qui m'ont poussés à m'installer dans le pays.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à ton pays d'origine ?
Justement certains mets, bien que l'on soit de mieux en mieux approvisionné. En dix ans, les choses se sont beaucoup améliorées et l'on trouve presque tout sur l'île. Parfois, je pense avec nostalgie aux palourdes farcies, aux huîtres de belon, à un bon pain de seigle, un beurre avec les cristaux de sel, un muscadet gouleyant, ou un kouign-amann.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs expatriés en République dominicaine ?
De venir tenter une première expérience en République dominicaine au moins plusieurs mois avant de tout abandonner. Une quinzaine de jours dans un logement tout inclus donnent une image idyllique, mais qui est à l'opposé du quotidien. Quelques séjours, même dans les villages les moins touristiques, ne vous donneront qu'un aperçu lointain de la réalité dominicaine. Personne ne peut vivre à votre place, connaître votre seuil de tolérance, vos goûts, vos envies ou vos besoins. Il est donc préférable de séjourner quelque temps dans le pays afin de pouvoir déterminer s'il est réellement fait pour vous. Je dirai aussi qu'il ne faut pas toujours croire à ce que vous raconteront les expatriés qui sont déjà sur place.
Tes projets d'avenir ?
Écrire un bouquin ! J'ai plein d'anecdotes à raconter, mais je me suis tropicalisée et je remets facilement à après-demain ce que je pourrais faire le jour même.