Les prix des logements outre-Rhin ont bondi de 47, 9 % en dix ans. Les autorisations de construire se multiplient afin d'absorber la croissance démographique. Mais la réalisation des chantiers ne suit pas faute de main-d'oeuvre. 700. 000 logements ayant fait l'objet d'une autorisation n'avaient toujours pas été livrés fin 2018. En l'espace de dix ans, se loger en Allemagne est devenu un casse-tête. A la faveur de la croissance économique ininterrompue et du besoin de main-d'oeuvre qu'elle a créé, l'offre de logement s'est raréfiée , entraînant une inflation des prix. Pour les maisons individuelles et les appartements, ils ont globalement bondi de 47,9 % depuis la crise financière de 2008, indique une étude récente de l'Office fédéral de la statistique (Destatis).
La question du logement abordable est l'une des questions les plus urgentes de notre époque
Georg Thiel Président de l'Office fédéral de la statistique
« La question du logement abordable est l'une des questions les plus urgentes de notre époque », déclare Georg Thiel, président de l'« Insee allemand ». Elle est devenue particulièrement sensible dans les 7 plus grandes villes du pays que sont Berlin, Hambourg, Munich, Cologne, Francfort, Stuttgart et Düsseldorf. Les prix y ont ainsi augmenté de 23,4 % entre 2016 et 2018. Dans les villes hors métropoles, la progression avoisine 15 %. Et les zones rurales ne sont pas épargnées, avec une hausse de 10,4 % sur la même période.
Berlin a absorbé l'équivalent d'une ville comme Bonn
L'Allemagne a, il est vrai, vu sa population croître de 3,1 % depuis 2012, soit 2,5 millions d'habitants en plus. La moitié s'est dirigée vers les villes de plus de 100.000 habitants. La situation est particulièrement tendue dans la capitale. Berlin a ainsi vu sa population bondir de 9,6 % sur cette période, soit un afflux de 319.000 personnes, l'équivalent d'une ville moyenne, comme Bonn ou Münster.
Or, la construction de logements supplémentaires a beau tirer la croissance allemande , cela ne permet pas d'absorber ces nouveaux arrivants. Car si le nombre d'autorisations de construire a plus que doublé en dix ans, pour atteindre 347.000 logements en 2018, après un pic de 375.000 en 2015, la réalisation de ces projets, elle, ne suit pas. Destatis a recensé en 2018 693.000 logements approuvés mais non encore prêts, soit plus du double du volume de 2008.
Des projets de construction en souffrance
Cet engorgement des chantiers se retrouve dans les carnets de commandes des entreprises du bâtiment qui totalisaient 9 milliards d'euros de projets en instance fin 2018. Le secteur manque crûment de main-d'oeuvre : les effectifs ont progressé de 25 % en dix ans, à 467.000 personnes, sans pour autant suffire à satisfaire le rythme des commandes qui, de leur côté, ont triplé.
Les Berlinois déclarent la guerre aux sociétés immobilières
Par conséquent, les ménages se serrent davantage dans leur logement. La surface par habitant a reculé, dans les 7 plus grandes villes, de près de 2 mètres carrés, à 39,2 mètres carrés. Sur le plan national, elle est restée stable, à 45 mètres carrés. Quant à la proportion de personnes vivant seules dans leur logement, dans les grandes métropoles elle est tombée de 51 % en 2010 à 45 % aujourd'hui.
Malgré la baisse des taux qui facilite le crédit, la flambée des prix a limité les velléités d'achat, tandis qu'en France les ventes explosent . L'Allemagne reste un pays de locataires, les propriétaires ne représentant que 46,5 % de la population en 2018, contre 45,7 % en 2010. Dans les 7 plus grandes métropoles, cette part tombe même 22 %, contre 78 % de locataires. Au niveau européen, le taux de locataires avoisine 31 %.
https://www.lesechos.fr/industrie-servi … fe-1155171 jean luc