Vingtième Journée du Contemporain : Pasolini et Illuminato avec 'Jesuisvulnérable' à Paris

Sur le thème de la vulnérabilité, un dialogue imaginaire entre l'artiste et Pier Paolo Pasolini

Le projet 'JESUISVULNÉRABLE', sous la direction de Sergio Mario Illuminato, a été officiellement inclus dans la vingtième Journée du Contemporain, un grand événement annuel promu par l'AMACI – Association des Musées d'Art Contemporain Italiens, avec le soutien de la Direction Générale de la Créativité Contemporaine du Ministère de la Culture et avec la collaboration du Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale. Cet événement, prévu le 12 octobre 2024, célèbre la vitalité et l'importance de l'art contemporain en Italie et dans le monde.
Dans le cadre de cette journée prestigieuse, 'JESUISVULNÉRABLE' sera présent à travers une pratique performative transdisciplinaire auprès de l’Institut Culturel Italien de Paris, un espace de renommée internationale.

Pour offrir une compréhension approfondie de la pensée derrière le projet, un fascinant dialogue imaginaire entre Sergio Mario Illuminato et Pier Paolo Pasolini sur le thème de la Vulnérabilité est proposé ci-dessous. Ce concept, pilier du projet, est de point de départ pour une réflexion critique et actuelle sur le rôle de l'artiste dans la société contemporaine, en créant un lien entre la fragilité individuelle et celle collective.


Pier Paolo Pasolini : J'ai toujours cherché à donner une voix à ceux qui vivent en marge, aux périphéries, aux existences fragiles. Ce n'est pas le rôle de l'art de rendre la réalité acceptable, mais d'en révéler les contradictions. J'ai trouvé dans la vulnérabilité des gens la véritable humanité, celle qui s'est perdue dans les illusions bourgeoises du bien-être.

Sergio Mario Illuminato : Je partage cette vision, Pier Paolo. Dans le projet ‘JESUISVULNÉRABLE’, nous célébrons précisément cette humanité blessée que tu as toujours défendue. L'erreur, la vulnérabilité, l'échec – je ne les vois pas comme des signes de faiblesse, mais comme des espaces potentiels de régénération. Nous vivons dans une société qui nous veut impeccables, mais je reconnais dans l'imperfection la beauté la plus authentique.

Pasolini : La perfection n'est qu'un masque de la médiocrité, un autre outil d'homologation. C'est pourquoi je me suis toujours rebellé contre l'idée d'un progrès qui déshumanise, d'un consumérisme qui efface les différences. Tes 'ruines' artistiques sont un cri similaire, une demande de retour vers un art qui parle avec sincérité.

Illuminato : Les 'ruines' que nous exposons dans cette exposition représentent non seulement les décombres d'un quotidien qui cache ses fragilités derrière des façades solides, mais aussi des espaces de régénération. Ici, nous pouvons reconstruire non seulement des esthétiques, mais aussi de nouvelles possibilités de cohésion sociale. L'art ne doit pas se limiter à représenter la réalité ; il doit générer de nouveaux espaces de pensée et d'action.

Pasolini : Exactement. Le rôle de l'artiste n'est pas de plaire, mais de déranger. Créer un malaise qui réveille les consciences. Mon art a été et est encore une rébellion contre un monde qui étouffe les identités individuelles au nom de la productivité et de la conformité. Comment abordes-tu cela dans ton travail ?

Illuminato : Déranger, oui, mais aussi faire réfléchir. ‘JESUISVULNÉRABLE’ invite à accéder à un espace émotionnel, à se confronter à ses propres peurs et vulnérabilités. C'est une expérience immersive qui, comme tes œuvres, secoue et désoriente, mais pousse aussi à une nouvelle prise de conscience. J'ai voulu impliquer des artistes qui travaillent avec la 'matière vivante', en touchant directement le corps et l'âme de la société, comme tu le faisais avec tes films et tes poèmes.

Pasolini : Dans ton travail, je vois la même volonté de briser les structures narratives traditionnelles. Tu utilises un langage transdisciplinaire, alors que je mélangeais poésie, cinéma et essai pour créer un effet de désorientation. L'art ne doit jamais être confiné à un seul langage. La fusion de différentes formes expressives peut donner lieu à une expérience esthétique et intellectuelle plus puissante.

Illuminato : C'est le même principe qui guide mon travail : l'art comme langage collectif. Les artistes impliqués dans ‘JESUISVULNÉRABLE’ ne travaillent pas séparément, mais comme un ensemble, en créant des organismes artistiques communicants. Il n'y a pas de hiérarchie entre les disciplines, mais un dialogue constant entre peinture, sculpture, photographie, cinéma, son et performance. L'art n'est pas seulement un acte individuel, mais un processus collectif.

Pasolini : C'est le cœur de notre discours : l'art comme acte politique et social. Une véritable révolution ne peut pas venir du pouvoir, mais de la marge, du 'vulnérable'. Nous avons besoin d'œuvres qui ne soient pas seulement des miroirs, mais des fenêtres sur des possibilités que nous ne voyons pas encore.

Illuminato : Je suis d'accord. L'art n'est plus un acte privé, mais un espace public de réflexion. La vulnérabilité devient le point de départ pour construire de nouvelles formes de résistance, de beauté, de communauté. Chaque échec, chaque erreur est une brique de plus vers un monde différent, plus inclusif, plus humain. L'échec est une conquête, comme je l'affirme dans ce projet.

Pasolini : Nous sommes d'accord. L'art doit rester humain, imparfait et vulnérable. Ce n'est qu'ainsi qu'il pourra rester une arme pour changer le monde. Nous n'avons pas besoin d'un art qui nous console, mais d'un art qui nous force à affronter notre condition. Tu le fais, et c'est pour cela que je te respecte.

Illuminato : Merci, Pier Paolo. Ton parcours a ouvert la voie. J'espère seulement que notre travail, aujourd'hui, pourra continuer à réveiller ces consciences que tu as secouées avec tes œuvres.


’JESUISVULNÉRABLE’ se déroulera du 3 octobre au 29 novembre à l'Institut Italien de Culture de Paris, sous le commissariat de Sergio Mario Illuminato, sous le haut patronage du Parlement Européen, du Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, de la Région Latium, de la Ville Métropolitaine de Rome Capitale et de l'Assessorat à la Culture de la Ville de Rome.

Artistes participants: Sergio Mario Illuminato (peinture-sculpture), Rosa Maria Zito (scénographie et photographie), Roberto Biagiotti (cinéma), Lucia Bendia (théâtre), Patrizia Cavola et Ivan Truol (chorégraphies), Camilla Perugini et Nicholas Baffoni (danse), Andrea Moscianese (musique), Davide Palmiotto (conception sonore), Roberta Melasecca (édition), Gino Potini (éclairage); les jeunes artistes de l'École de Sculpture de l'Académie des Beaux-Arts de Rome dirigée par Alessandra Maria Porfidia: Vittoria Andreacchi, Rossella Antezza, Maria Vittoria Rocchi, Violetta Totaro; les étudiants de l'Institut d'Éducation Supérieure d'État Piaget-Diaz de Rome coordonnés par Serena Santilli.