Dubaï n'est-elle vraiment que l'image qu'on en donne sur les réseaux sociaux ? Est-elle la nouvelle cité des ultra-riches et des investisseurs décomplexés ? Au-delà du côté superficiel de la ville, les expatriés montrent une autre réalité. Celle d'un quotidien bien plus ordinaire que l'extravagance affichée sur Internet. Rencontre avec l'autre Dubaï.
Dubaï, loin des idées reçues
Dubaï, c'est la vitrine des Émirats arabes unis (EAU). C'est la cité cosmopolite. C'est la nouvelle place forte du jeune talent dynamique, de l'investisseur ambitieux, du startuper ingénieux. Dubaï, c'est la ville qui ne dort jamais, qui innove toujours, qui construit et s'agrandit. Tous les superlatifs ne suffiraient pas à la décrire. Mais si tout cela n'était qu'une face de Dubaï ? Celle qui s'affiche sur les réseaux sociaux et fait briller les yeux des candidats à l'expatriation ? Nous aurait-on alors menti ? Si le mot « mensonge » est peut-être trop gros, des expatriés racontent sur les réseaux sociaux « leur » Dubaï, loin des clichés.
Dubaï n'est pas qu'une cité pour ultra-riches
Oui, on verra passer des voitures de luxe dans les quartiers chics. Oui, les centres commerciaux au sol brillant et les gratte-ciels chics font tourner les têtes, à l'image de l'impressionnant Burj Khalifa. Ce que le monde voit de Dubaï, c'est son luxueux centre-ville et ses quartiers environnants.
Mais Dubaï n'est pas que cela. Les expats qui y vivent parlent d'un quotidien plus banal, loin des festivités pour VIP. Il suffit d'une vingtaine de minutes de route pour découvrir la périphérie et son coût de la vie bien plus attractif. Loin des prix faramineux des restaurants chics du centre-ville, on trouve des menus à moins de 20 dollars. On découvre la nourriture locale, mixée avec d'autres gastronomies.
Les expats tiennent aussi à affirmer qu'il est possible de vivre à Dubaï sans être millionnaire. Ils ne nient pas pour autant une autre réalité, qui frappe directement au porte-monnaie : le coût de la vie ne cesse de flamber, porté notamment par la hausse des prix des loyers. En 2024, on estime qu'une personne seule dépense environ 3700 dirhams des EAU mensuels (environ 1000 dollars) pour se loger à Dubaï. Ils sont également conscients que tous les expatriés ne partageront pas la même expérience de la vie à Dubaï. Il n'existe pas une seule réalité ni un modèle de vie pour tous les étrangers vivant à Dubaï.
Les femmes peuvent travailler à Dubaï
Voilà une idée reçue qui fait bondir les femmes expatriées à Dubaï. Oui, les femmes travaillent à Dubaï. Elles estiment même pouvoir accéder à davantage d'opportunités que dans d'autres grands pays. Le gouvernement dit œuvrer pour l'égalité femmes-hommes et rappelle sa bonne position au classement du Georgetown Institute for Women, Peace and Security (GIWPS). En 2023, l'Institut le classe 22 sur 177. Les EAU se positionnent juste derrière l'Allemagne (21e), mais devant la France (24e) et loin devant les États-Unis (37e). Sans surprise, les pays d'Europe du Nord gagnent les premières places (le Danemark est 1er, suivi par la Suisse, la Suède, et la Finlande). De plus, une loi de 2020 entérine l'égalité salariale dans le secteur privé. Les femmes participent au gouvernement ; gouvernement qui, en 2015, crée un Conseil pour la parité femmes-hommes (Gender balance Council).
Mais entre les discours officiels et les chiffres impersonnels, le doute semble subsister. La faute à une vision encore « masculine » de la vie à Dubaï. Les femmes n'auraient pas leur place dans l'espace public, dominé par les hommes. Elles témoignent pourtant que vivre à Dubaï est sûr. La ville est réputée pour sa sécurité, y compris pour les femmes seules.
Mieux vaut apprendre l'anglais et l'arabe
Deux idées contradictoires s'affrontent. Certains étrangers sont persuadés qu'apprendre l'arabe n'est pas nécessaire. Parler anglais suffirait à bien s'intégrer dans la ville cosmopolite. D'autres, au contraire, soutiennent que l'anglais n'est pas la langue absolue, et qu'il faut parler arabe. Ils rappellent d'ailleurs que l'arabe est la langue officielle.
La réalité est qu'on encouragera toujours les étrangers souhaitant s'installer durablement dans un pays d'apprendre sa langue. Les expats de Dubaï reconnaissent qu'il est possible d'immigrer sans maîtriser l'arabe. Surtout s'il s'agit d'une immigration courte, on n'aura peut-être pas la motivation de se lancer dans des cours (en revanche, maîtriser le vocabulaire de survie reste essentiel). Mais si l'on pense rester longtemps à Dubaï ou ailleurs dans le pays, mieux vaut apprendre la langue.
Les travailleurs migrants et les immigrés de Dubaï
On parle des clichés répandus sur la vie des étrangers à Dubaï, mais de quels étrangers parle-t-on ? De nombreux articles distinguent les expatriés des travailleurs migrants. Lorsque Dubaï accueille en grande pompe la COP28, fin 2023, un autre évènement fait scandale. Des « travailleurs migrants » ou « travailleurs immigrés » travaillent sous un soleil accablant. La loi interdit pourtant de travailler aux heures les plus chaudes de la journée. Un rapport de l'ONG britannique FairSquare publié le 20 octobre, quelques semaines avant l'ouverture de la COP28, révèle que des ouvriers, essentiellement originaires d'Asie du Sud et d'Afrique, auraient participé à la rénovation d'Expo City, le palais des congrès de Dubaï. L'affaire rappelle qu'à Dubaï, comme dans de nombreuses autres villes du monde, tous les étrangers ne sont pas logés à la même enseigne.
Certains diront qu'il ne s'agit que d'une question financière. Les riches ont les meilleurs salaires et le train de vie qui va avec. Les autres ne gagnent malheureusement pas assez pour vivre confortablement. Mais d'autres étrangers se demandent à quel moment on devient expatrié à Dubaï, et à quel moment on devient immigré ou travailleur migrant. Ils constatent, sans vouloir tomber dans les clichés, que les expatriés travaillant sur les chantiers et exerçant des emplois pénibles sont « des migrants », moins considérés que les autres. À l'inverse, les expatriés, y compris les classes moyennes, sont ceux qui se rapprochent le plus de l'idée de la vie d'un étranger à Dubaï.
Dubaï n'est pas les Émirats arabes unis
Pour finir, les étrangers de Dubaï rappellent des bases trop souvent oubliées. Les multiples articles et témoignages au sujet de Dubaï tombent souvent dans la confusion, par méconnaissance ou volonté de simplifier. Mais il convient de commencer par le commencement : Dubaï n'est pas les Émirats arabes unis. Dubaï est un émirat au sein duquel on trouve une ville qui porte le même nom. Dubaï, la ville, est la capitale de l'Émirat de Dubaï. Les Émirats arabes unis comptent 7 émirats : Abu Dhabi (dans lequel se trouve également la capitale éponyme), Dubaï, Charjah, Ajman, Umm Al Qaiwain, Ras Al Khaimah et Fujaïrah.
Quand on parle du luxe de la vie à Dubaï, on parle souvent de la vie de la ville, et, plus précisément, de ses quartiers les plus chics. Si l'on parle autant de Dubaï-Ville, c'est parce que l'écrasante majorité de l'émirat y vit. Malgré tout, Dubaï n'est pas réduite à son luxe et ses photos Instagram. Les étrangers qui y résident veulent montrer l'autre Dubaï, loin du faste, plus proche des habitants.