États-Unis : carte verte promise aux immigrants illégaux de longue date

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Écris par Asaël Häzaq le 02 juillet, 2024
C'est une annonce qui, sans surprise, a fait bondir le camp républicain, mais qui rapportera peut-être des points aux Démocrates. C'est ce qu'espère Joe Biden, alors que la campagne pour les présidentielles s'intensifie. Retour sur la mesure et les conditions d'éligibilité. Comment les ressortissants étrangers aux États-Unis accueillent-ils ces nouvelles règles ?

Carte verte : vers un assouplissement pour les immigrants illégaux de longue durée

Critiqué par une partie de sa base pour avoir durci les règles de l'immigration envers les demandeurs d'asile, Joe Biden tend désormais la main aux immigrants illégaux conjoints de citoyens américains. Ils pourront désormais prétendre à la résidence permanente. L'annonce, faite par le Président américain le 18 juin 2024 et relayée par la Maison-Blanche, veut envoyer un signal fort aux électeurs. La date n'est pas choisie au hasard. Elle marquait le 12e anniversaire du programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA) lancé par l'administration Obama. Il s'agit d'ailleurs du plus vaste plan de régularisation depuis l'ère Obama.

L'immigration reste le sujet sensible des élections présidentielles. Par cette mesure, le camp Biden veut rappeler que sa gestion de la question migratoire n'a rien à voir avec celle de Trump. Il entend également montrer aux électeurs sa capacité à réguler les niveaux d'immigration : oui au durcissement des règles de l'immigration illégale, mais oui aussi à la régularisation des ressortissants étrangers intégrés de longue date sur le territoire.

Sans surprise, l'annonce de Joe Biden a provoqué l'ire du camp Républicain. Trump dénonce un « appel d'air » lancé vers tous les étrangers en situation irrégulière. Qu'en est-il exactement ? La nouvelle règle concerne-t-elle tous les étrangers sans papiers ?

Les conditions à remplir pour bénéficier de la carte verte

Le nouveau décret du gouvernement Biden n'étend pas les critères d'éligibilité pour obtenir la résidence permanente (Carte verte), mais rationalise le système pour les étrangers déjà éligibles.

Étrangers en situation irrégulière mariés à des Américains

La nouvelle règle ne concerne que les étrangers résidant sur le sol américain depuis au moins 10 ans, sans casier judiciaire, et mariés à un citoyen américain avant le 17 juin 2024. Soit environ 500 000 ressortissants, d'après l'exécutif. 50 000 enfants sont également éligibles.

En principe, le mariage avec un citoyen américain donne le droit de postuler pour obtenir la carte verte. Mais la loi actuelle oblige les demandeurs en situation irrégulière à d'abord quitter le territoire (la durée peut aller jusqu'à 10 ans), pour ensuite rentrer de manière régulière et effectuer leur demande de Carte verte. Or, quitter les États-Unis après y avoir vécu illégalement durant une certaine période peut entraîner une interdiction de revenir sur le territoire de 10 ans. Découragés, de nombreux immigrants renoncent à entamer les démarches.

La nouvelle règle facilite donc considérablement la procédure, puisque les adultes éligibles n'auront plus à quitter le territoire. En cas de validation de leur dossier, ils auront 3 ans pour demander leur carte verte. Ils obtiendront une autorisation de travail de 3 ans, durant l'instruction de leur dossier. Ils pourront demander la nationalité américaine entre 3 et 5 ans après l'obtention de leur Carte verte.

Régularisation des « Dreamers »

Les Dreamers ne sont pas oubliés. Ces enfants arrivés illégalement aux États-Unis et ayant grandi sur le sol américain pourront obtenir un visa de travail s'ils décrochent leur diplôme universitaire et une promesse d'embauche pour un emploi « hautement qualifié ».

Comment les ressortissants étrangers accueillent-ils la nouvelle ?

« Soulagement ». C'est le mot qui revient chez les immigrants concernés par la mesure. Ils témoignent dans la presse, rappelant leur parcours de combattant pour arriver aux États-Unis. Tous se rejoignent sur la difficulté d'obtenir la résidence permanente avec le système actuel. Ils sont pour la plupart arrivés aux États-Unis il y a plus de 20 ans et ont construit leur foyer. Quitter le territoire durant plusieurs années pour revenir faire leur demande, sans savoir si celle-ci avait des chances d'aboutir, représentait pour eux un risque trop grand. Selon eux, la mesure permettra aux familles de rester ensemble.

La nouvelle est également bien accueillie chez les Dreamers, même s'ils s'interrogent sur les conditions d'obtention du visa de travail. Que faut-il entendre par emploi « hautement qualifié » ? Pourquoi ne pas ouvrir le visa à toute personne ayant un emploi ? Pour l'instant, aucun détail n'a filtré sur le mode d'évaluation des promesses d'embauche.