L'expatriation est aussi une affaire de famille. Vous n'êtes pas le seul à vivre la grande aventure à l'étranger. Vos proches (famille, amis) aussi la vivent, mais différemment. Comment aider vos proches à surmonter cette situation ? Comment garder le lien malgré la distance et cultiver de bonnes relations « loin des yeux, près du cœur » ?
Ne les traumatisez pas avec un départ surprise
Vous avez déjà pensé au scénario. Autour d'un repas, façon classique, ou version quiz, pour plus de rires ? Vous serez peut-être le seul à rire. Même si vos proches sont portés sur la farce et le second degré, pas sûr qu'ils adhèrent à votre surprise. Ne prenez pas à la légère un départ, même de quelques années. Un an, c'est déjà long. L'effet est encore plus traumatisant si vos proches l'apprennent au dernier moment. Vous avez tout le temps de vous préparer à partir. Votre famille et vos amis n'auront que le temps que vous avez bien voulu leur donner. Soyez généreux : pensez à eux et parlez de votre projet de voyage le plus longtemps à l'avance.
Partager votre préparation à l'expatriation avec eux
Vous partez peut-être seul, mais embarquez dans votre aventure tous vos amis et les membres de votre famille. Pour les aider à surmonter le choc de votre départ, tentez de dédramatiser la situation en préparant le voyage avec eux. Échangez avec eux sur votre pays d'accueil. Impliquez-les dans quelques démarches. Sollicitez leurs conseils. Faites les valises ensemble. Proposez à vos proches d'y mettre un souvenir (léger !) que vous emporterez avec vous. Si vous connaissez déjà votre adresse à l'étranger, vous pouvez proposer à vos proches de rassembler leurs souvenirs pour les expédier dans votre nouveau chez vous.
Réfléchir ensemble à comment entretenir le lien
Vous n'êtes pas le seul à vous préoccuper de comment maintenir le lien. Vous proches sont aussi acteurs. Parlez régulièrement de la manière dont vous pourriez communiquer tout en respectant les habitudes de chacun. Dans un premier temps, les contacts seront certainement plus fréquents. Ce sont les premières semaines de la vie à l'étranger. L'excitation se mêle à l'inquiétude ; vous proches et vous avez besoin de vous rassurer. Vous échangerez peut-être tous les jours, avant d'espacer les communications. Vous trouverez progressivement votre rythme de croisière pour continuer à communiquer malgré la distance. Vous vous arrêterez également sur vos moyens de communication favoris (appels, mails, appels vidéos, messages audio…).
Rassurez-les plus souvent
Vous remarquerez peut-être que vos proches sont davantage inquiets. Ils vous demandent souvent si « tout va bien », si « vous n'avez besoin de rien ». Lorsqu'une information vise votre pays, ils multiplient les appels. Êtes-vous sûr que « tout va bien » ? Si vous avez immigré dans une région à risque (risque sismique, phénomènes climatiques extrêmes, instabilité politique…), attendez-vous à devoir rassurer plus souvent vos proches. Eux-mêmes seront en état d'alerte, selon les informations qu'ils reçoivent. Même s'ils n'ont pas voyagé avec vous, ils s'intéressent naturellement au pays que vous avez choisi.
Prenez régulièrement des nouvelles de vos proches
On est souvent pris dans sa vie trépidante d'expat. Mais en général, on ne fait pas grand-chose de plus exceptionnel que les proches restés au pays. Arguer l'éloignement géographique pour justifier de longs silences ne tient pas. Vous êtes certes loin, mais vos proches aussi sont loin de vous. Cela ne les empêche pourtant pas de penser à vous. De même qu'ils s'inquiètent dès qu'ils tombent sur une info concernant votre pays, vous devriez vous aussi continuer de vous intéresser à leur environnement, qui était aussi le vôtre il n'y a encore pas si longtemps. Ne vous bornez pas au message impersonnel. Prévoyez des appels et des conversations vidéo. Rappelez-vous que la vie ne s'arrête pas à vous et ne monopolisez pas la parole avec le récit de vos aventures. Même si vos proches sont demandeurs, luttez pour que la conversation ne se transforme pas en monologue. Intéressez-vous au quotidien de vos proches.
N'oubliez pas les dates importantes...
N'oubliez pas les anniversaires, anniversaires de mariage, célébrations familiales… Certes, vous ne pourrez pas toujours être là. Vous serez même plus souvent absent que présent. Mais cela ne vous autorise pas à oublier les dates importantes pour vos proches. Et même s'ils vous reprochent souvent votre absence, tenez bon et continuez d'entretenir le lien. Adoptez le même procédé pour les autres évènements importants que pourraient vivre vos proches (examen médical, achat d'une voiture, d'un logement, nouvel emploi…). Cela montre à vos proches que vous vous souvenez de vos échanges, que vous ne les oubliez pas.
...tout en acceptant de ne pas pouvoir être là
Gérer l'absence s'apprend et demande du temps. Parfois, plusieurs années à l'étranger ne seront pas suffisantes pour que vos proches digèrent la pilule. Ils vous signaleront peut-être que vos absences pèsent… Vous ressentirez peut-être une culpabilité qu'il faut apprendre à exprimer. En fonction de vos histoires et caractères, cherchez à trouver un terrain d'entente. Par exemple, certains expats laissent leurs parents exprimer régulièrement leur frustration : « Tu n'es jamais là. Les autres rendent visite à leurs parents. Mais avec toi, c'est silence radio ». Ils ont compris qu'il s'agit d'une façon, pour leurs parents, d'exprimer leur affection (certes, un peu rudement). D'autres expats mettent le holà et refusent ces attaques gratuites.
Continuez de parler de tout et de rien
Votre amie a goûté un biscuit fourré au beurre de cacahuètes ? Votre frère a tenté une énième coupe de cheveux chez son coiffeur ? Votre cousine s'est inscrite à une formation plomberie ? Votre ami a passé sa soirée entre son pot de crème glacée et Netflix ? Ces épisodes du quotidien rythment la vie de vos proches restés au pays, et la vôtre aussi. Comme dit plus haut, il y a de fortes chances que vous continuiez à partager des activités similaires, la distance en plus. Continuez de parler de tout et de rien comme vous aviez l'habitude de le faire. Ce sont ces instants de détente qui permettent de vivre « loin des yeux, près du cœur ».
Partager la plume pour écrire une histoire commune
Vous êtes d'inspiration littéraire et vos proches aussi ? Pourquoi ne pas écrire un roman en commun ? Le principe est simple : chacun de vous écrit une ou plusieurs pages du récit de votre vie. Pour éviter les monologues, chacun veillera à relire ce que l'auteur précédent a écrit. Le point de départ de votre roman peut être le vôtre (annonce de votre projet d'expatriation, préparation, départ…) ou celui de vos proches (accueil de l'annonce et réaction, préparation, premier jour sans vous). Le plus simple est de partager un roman en ligne. Un simple fichier Word fera l'affaire. D'apparence anodine, ce projet en dévoilera plus sur vous ; vous découvrirez également vos proches sous un nouveau jour.
Créez une chaîne voyage, un blog
Après le roman, le blog et la chaîne YouTube. On ne compte plus les contenus « voyage » qui pullulent sur la toile. Vos proches auront tous le loisir de suivre vos aventures au rythme de vos parutions. C'est encore une occasion, pour eux, cette fois-ci, de vous découvrir sous un nouveau jour.
Envoyez des surprises
C'est ici que vous pouvez laisser parler votre passion pour les surprises. Rien de mieux qu'un colis surprise pour ravir vos proches et les faire voyager indirectement. Prenez en compte leurs goûts pour confectionner votre boîte surprise. La nourriture est une valeur sûre, qui a fait ses preuves depuis longtemps. Vos proches découvriront votre pays d'accueil à travers ses spécialités culinaires. Surprenez-les en dénichant des cadeaux sur-mesure : votre amie collectionne les magnets de toutes les villes par lesquelles elle passe ? Envoyez-leur des magnets de votre ville de résidence. Votre ami collectionne plutôt les mugs ? Prévoyez des cadeaux « clin d'œil » pour rappeler à vos proches que vous n'avez pas oublié leurs petites passions. C'est aussi un bon moyen de les rassurer.
Pensez aux retrouvailles
Qu'elles soient pour quelque temps, pour longtemps ou pour toujours, préparez les retrouvailles comme vous avez préparé le départ. Quoiqu'ici, deux écoles s'opposent. Les fans de surprises estiment qu'ils peuvent se lâcher. Le traumatisme du départ étant passé, ils ne sont pas obligés d'annoncer leur arrivée. Les retrouvailles n'en seront que plus joyeuses (du moins, en théorie). Les autres recommandent d'informer ses proches avant, surtout si les retrouvailles sont courtes. On risquerait de les doucher en débarquant à l'improviste pour ne rester qu'une semaine. Réfléchissez à la meilleure option en prenant en compte le caractère de vos proches et la manière dont s'est déroulée cette première période sans eux. Les retrouvailles ne seront peut-être pas « idéales », mais rassurez-vous : les retrouvailles réservent toujours leurs surprises. Et si vraiment rien ne se passe comme prévu, libre à vous de les recommencer, et même, de prévoir une fête de retour.
