Qui sont les étudiants les plus mobiles à l'international et pourquoi ?

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Écrit par Ameerah Arjanee le 13 septembre, 2024
Les étudiants internationaux, en particulier ceux originaires de Chine et d'Inde, constituent une part importante de la population étudiante dans les universités de renommée mondiale. Bien que d'autres pays comme la Corée du Sud, le Népal ou le Nigeria envoient également un nombre significatif d'étudiants à l'étranger, les ressortissants chinois et indiens restent largement majoritaires, selon plusieurs études.

De plus en plus d'étudiants indiens à travers le monde

L'ICEF Monitor nous apprend que les Indiens forment le groupe d'étudiants étrangers en plus forte croissance dans plusieurs grands pays. En effet, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l'Australie, surnommés les « Big Four » de l'éducation internationale, tendent à attirer le plus grand nombre d'étudiants à travers le monde. Parmi l'une des raisons qui expliquent ce choix, rappelons que les programmes y sont dispensés en anglais.

En 2023, les étudiants indiens constituaient le plus grand groupe d'étudiants internationaux au Canada et au Royaume-Uni, tout en occupant la deuxième place aux États-Unis et en Australie. Près d'un demi-million de nouveaux étudiants indiens se sont inscrits dans des établissements canadiens en 2023. Environ 270 000 ont choisi les États-Unis, contre 175 000 pour le Royaume-Uni. Quant à l'Australie, environ 125 000 Indiens ont entamé leurs études dans le sud du pays au début de la dernière année universitaire. Au total, environ 35 % des étudiants indiens privilégient l'Amérique du Nord contre 15 % pour le Royaume-Uni.

Contrairement aux attentes, The PIE News rapporte une nouvelle tendance : les étudiants indiens privilégient désormais l'Europe continentale aux « Big Four » cités plus haut. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à se diriger vers l'Irlande, la France, l'Allemagne, l'Italie et la Finlande. Un choix qui s'explique par des frais de scolarité et un coût de la vie plus intéressants, auxquels s'ajoutent des programmes enseignés également en anglais et des cours de langue proposés à destination des étudiants étrangers.

En conséquence, l'organisme français Campus France, par exemple, s'est fixé pour objectif d'attirer 30 000 étudiants indiens d'ici 2030. Pour y parvenir, il peut compter sur l'Alliance française, qui a augmenté le nombre de cours de français proposés en Inde pour les futurs étudiants. De plus, un nombre croissant d'étudiants indiens postulent à la prestigieuse bourse de master conjoint Erasmus Mundus au sein de l'UE.

Quels cursus les étudiants indiens privilégient-ils à l'étranger ?

Selon le directeur du British Council pour l'Inde, au Royaume-Uni, leur intérêt pour les études de commerce a considérablement diminué, tandis que celui pour les diplômes en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STIM) reste fort, comme c'est historiquement le cas. Paradoxalement, un nombre croissant d'entre eux choisit désormais de se rendre à l'étranger pour étudier les arts créatifs, tels que le cinéma et la mode.

Dans le domaine des STIM, les étudiants indiens semblent affectionner l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences liées au développement durable. Aux États-Unis, cette tendance se confirme : 80 % de cette population choisissent de se spécialiser dans un domaine des STIM, en particulier l'informatique et l'ingénierie. Ces secteurs, en pleine expansion, sont synonymes d'emplois bien rémunérés et très recherchés, ce qui rend l'investissement dans des frais d'inscription internationaux élevés particulièrement rentable. Malgré l'affaiblissement de la roupie, les étudiants indiens étaient déjà prêts à investir 60 milliards de dollars dans les études à l'étranger en 2023.

Pourquoi les étudiants indiens choisissent-ils d'étudier à l'étranger ?

Pour comprendre ce phénomène, le quotidien India Today a interrogé plusieurs experts du secteur de l'éducation, dont des doyens d'université ainsi que des conseillers en éducation internationale. Certains expliquent que la difficulté d'accès aux meilleurs établissements indiens, comme l'Indian Institutes of Technology (IIT), pousse les étudiants à rechercher des diplômes prestigieux à l'étranger. De plus, compte tenu de la surabondance de diplômés en STIM en Inde, un diplôme délivré par une université internationale et les compétences acquises à l'étranger (comme la maîtrise d'une langue étrangère et les expériences de stage internationales) permettent aux étudiants de se démarquer sur un marché du travail très compétitif.

Malgré une baisse, des centaines de milliers d'étudiants chinois se tournent encore vers l'étranger

La Chine et l'Inde sont les deux principaux pays d'origine des étudiants internationaux. Bien que l'Inde connaisse une forte croissance en la matière, les étudiants chinois restent majoritaires, notamment aux États-Unis et en Australie. En 2023, ils étaient près de 300 000 à s'inscrire dans des universités américaines et environ 160 000 en Australie. Au Canada et au Royaume-Uni, les étudiants indiens sont les plus nombreux, suivis de près par les Chinois.

Au cours de la première moitié des années 2010, le nombre d'étudiants chinois à l'étranger a connu une croissance régulière d'environ 10 % par an, selon l'Economic Intelligence Unit. Une tendance qui s'est toutefois inversée à partir de 2019, avec une forte baisse qui s'est accentuée en 2020. Cette chute peut être attribuée à plusieurs facteurs : la fermeture des frontières due à la pandémie a restreint les déplacements internationaux et la signature de la proclamation 10043 par Donald Trump, interdisant l'octroi de visas aux étudiants soupçonnés d'être liés au Parti communiste chinois, qui a également joué un rôle significatif. Ces évolutions politiques et économiques ont conduit à des changements notables dans les destinations choisies par les étudiants chinois.

Les étudiants chinois diplômés d'universités spécialisées dans les sciences, la technologie et l'aéronautique étaient particulièrement exposés aux refus ou aux annulations de visa, en raison de soupçons d'espionnage industriel aux États-Unis. Même après le départ de Donald Trump, ces politiques sont restées en vigueur, aggravées par les relations tendues entre les États-Unis et la Chine. En début d'année, le secrétaire d'État américain a annoncé que les restrictions sur l'accès des étudiants chinois aux programmes de STIM liés à des technologies sensibles ayant des implications en matière de sécurité seraient maintenues. En revanche, les étudiants chinois en sciences humaines et sociales seront encouragés à poursuivre leurs études.

En dehors des États-Unis, le nombre d'étudiants chinois dans les principales destinations internationales a également diminué depuis 2020, malgré une légère reprise après la réouverture des frontières chinoises en 2022. Alors qu'environ 800 000 Chinois étudiaient auparavant à l'étranger, ce chiffre est désormais légèrement supérieur à 600 000. Certains, découragés par le climat hostile aux États-Unis, se sont orientés vers le Royaume-Uni et l'Australie. Par ailleurs, un nombre croissant d'étudiants choisit désormais de poursuivre leurs études en Chine plutôt qu'à l'étranger.

Qu'étudient les Chinois lorsqu'ils partent à l'étranger ?

Selon les données, les inscriptions dans les domaines des STIM (notamment les mathématiques, l'informatique et l'ingénierie) et du commerce restent prédominantes. Et tout comme leurs homologues indiens, ils démontrent un intérêt croissant pour les arts créatifs. Au Royaume-Uni, par exemple, ce secteur est désormais le quatrième domaine le plus demandé par des étudiants chinois.

Qu'est-ce qui motive les Chinois à aller étudier à l'étranger ?

En 2023, des études menées au Royaume-Uni par Pearson and UCAS et le Times Higher Education ont examiné cette question. Les deux sources soulignent que l'un des principaux facteurs est le « gaokao », le célèbre examen d'entrée à l'université en Chine, connu pour sa difficulté et le stress qu'il engendre chez les candidats. Comme en Inde, la forte concurrence sur le marché de l'emploi en Chine pousse les étudiants à rechercher le prestige et l'exposition internationale offerts par les études à l'étranger pour se démarquer. L'ouverture culturelle et la maîtrise de l'anglais sont également des motivations importantes.

Les pays émergents et la diversification des marchés

Si l'Inde et la Chine dominent en termes de nombre d'étudiants internationaux, ils ne sont pas les seuls à surfer sur cette vague. En effet, selon les données de l'ICEF, les étudiants coréens, vietnamiens et canadiens sont nombreux aux États-Unis. De leur côté, les étudiants nigérians, pakistanais et américains choisissent le Royaume-Uni tandis que les étudiants philippins, nigérians et français se dirigent vers le Canada. Enfin, les étudiants philippins, népalais et colombiens optent généralement pour l'Australie.

De nombreuses universités et gouvernements cherchent à diversifier l'origine des étudiants étrangers qu'ils accueillent. En effet, une trop grande dépendance envers les étudiants chinois et indiens présente des risques, car des événements comme la pandémie de Covid-19 ou des tensions politiques (par exemple entre la Chine et les États-Unis) peuvent réduire considérablement leur nombre. Une telle baisse pourrait avoir des conséquences graves sur le secteur de l'éducation, qui dépend fortement des frais de scolarité issus de ces étudiants internationaux.

Qu'est-ce qui encourage ces étudiants à poursuivre leurs études à l'étranger ? Selon l'International Development Program Philippines, les étudiants philippins considèrent pour beaucoup leurs études à l'étranger comme une possibilité d'immigration. Pour cela, ils choisissent des pays où les salaires et le niveau de vie sont plus élevés qu'aux Philippines, dans l'espoir de s'y établir et de travailler après l'obtention de leur diplôme. Au Canada, par exemple, on observe une augmentation notable du nombre d'étudiants philippins dans la trentaine, indiquant que beaucoup sont des professionnels cherchant à faire progresser leur carrière. Nombre d'entre eux choisissent de s'installer dans les zones rurales des Prairies, où les pénuries de main-d'œuvre sont plus fréquentes.

De nombreux étudiants nigérians sont poussés à poursuivre leurs études à l'étranger en raison des conditions socio-économiques difficiles de leur pays. Le chômage élevé, la pauvreté, ainsi que les problèmes de sécurité liés à la criminalité et au terrorisme constituent des facteurs déterminants dans cette décision. Par ailleurs, ils perçoivent souvent les universités de leur pays comme étant sous-financées par rapport aux institutions internationales.

Le Royaume-Uni, en raison de ses liens historiques avec le Nigeria, a traditionnellement été une destination privilégiée pour les étudiants nigérians, notamment dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STIM), ainsi qu'en médecine. Néanmoins, cette année est marquée par une baisse du nombre d'inscriptions d'étudiants nigérians dans les universités britanniques, consécutive à la nouvelle réglementation interdisant aux étudiants internationaux d'être accompagnés de leur famille.

Pourquoi le Canada est-il la destination préférée des étudiants français à l'étranger ? Plusieurs raisons à cela. Première chose, la présence du français comme langue officielle, notamment au Québec et au Nouveau-Brunswick, permet aux étudiants de poursuivre leurs études sans la barrière linguistique. De plus, le dynamisme et l'innovation qui caractérisent le système éducatif canadien, selon le CIDJ, attirent de nombreux étudiants français en quête de nouvelles expériences. Enfin, ceux qui se sentent limités par le système bureaucratique en France sont séduits par le caractère plus flexible du système universitaire canadien.