Ils seraient 2,5 millions. Les Français de l'étranger sont répartis sur les cinq continents et présentent une pluralité de profils qu'il est intéressant de mieux cerner. C'est notamment l'ambition de l'ADFE (Association démocratique des Français de l'étranger), qui mène tous les deux ans une vaste enquête (un « baromètre ») sur ces expatriés français (échantillon de 22 558 répondants répartis sur 164 pays). L'objectif ? Évaluer les conditions de vie et d'expatriation des ressortissants français afin de mieux répondre à leurs différentes préoccupations. Que révèle le dernier baromètre et qu'attendent ces Français de l'étranger en 2025 ?
La question incontournable de la retraite
C'est la préoccupation majoritairement exprimée. Rien d'étonnant vu le contexte des réformes actuelles et l'hétérogénéité engendrée par les différents systèmes de cotisation quand on a effectué une partie de sa carrière à l'étranger.
Les Français à l'étranger s'inquiètent plus précisément du fait que leurs années de cotisation à l'international ne soient pas pleinement reconnues par le système de retraite en France. Qu'en est-il précisément sur ce point ? Sachez qu'au regard de l'assurance retraite française, il existe principalement deux types de statuts pour le salarié à l'étranger : vous êtes embauché en recrutement local ou vous travaillez en détachement.
Vous êtes détaché à l'étranger
Votre entreprise continue de cotiser pour vous au régime de la Sécurité sociale française. Votre retraite est donc calculée comme si vous n'aviez pas quitté le territoire français.
Le terme « détachement » concerne, par exemple, les contrats de certains fonctionnaires français envoyés pour une mission à l'étranger, mais aussi certaines expatriations en entreprise où votre employeur choisit de maintenir vos cotisations en France. Il convient donc de vous renseigner auprès de lui.
Vous avez un contrat de droit local
Vous cotisez auprès de la caisse locale du pays où vous résidez. S'il s'agit d'un pays de l'Union européenne ou ayant passé une convention avec la France, vos périodes validées à l'étranger seront prises en compte pour le calcul de votre retraite. Retrouvez ici la liste des accords bilatéraux de sécurité sociale.
Votre ou vos pays d'expatriation n'ont pas signé de convention avec la France
L'Assurance calcule alors votre retraite en fonction des seules périodes accomplies en France. Il en va de même pour le ou les autres destinations où vous avez travaillé. Votre retraite est donc calculée dans chacun des pays, sans tenir compte des périodes validées dans les autres. Il n'y a pas de prise en compte globale de l'ensemble de la carrière.
Recommandations
L'enquête portant sur les préoccupations des Français de l'étranger recommande donc à l'administration et aux acteurs publics d'effectuer un effort important de pédagogie afin de fournir une information plus claire sur les droits à la retraite et les différentes démarches à suivre, car une fois que l'on a compris son statut et ses droits, il n'en reste pas moins un certain nombre de procédures à réaliser.
N'oubliez pas en parallèle de vous référer au site de référence sur la question : le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale (Cleiss).
Pour avoir une vision de ce que vous avez cotisé en France, pensez également à consulter vos relevés de carrière qui sont disponibles sur cette page de l'assurance retraite.
Les incertitudes liées à un contexte international tendu et au dérèglement climatique
Après les retraites, ces deux préoccupations se talonnent de près dans le baromètre précédemment mentionné. Les conflits en Ukraine, au Moyen-Orient et dans certaines parties d'Asie ne sont en effet pas pour rassurer, de même que l'élection récente du président américain ajoute une dose d'incertitude quant à la stabilité de certaines régions du monde.
En ce qui concerne le dérèglement climatique, on note que les inquiétudes sont particulièrement vives dans la première circonscription (Français vivant en Amérique du Nord : États-Unis et Canada). Conséquence d'incidents climatiques majeurs comme de vastes incendies, ces dernières années ?
Attentes et recommandations
Sur le plan des risques internationaux et de la sécurité, les Français attendent de leurs services consulaires qu'ils soient en mesure de fournir des informations précises et actualisées sur la situation internationale.
Il faut également le renforcement d'un mécanisme de soutien et d'évacuation en cas de crise politique ou de catastrophe naturelle.
N'oubliez pas que les services consulaires vous recommandent l'inscription au registre des Français établis hors de France. C'est précisément le meilleur moyen d'être prévenu et de garder le contact avec les services consulaires en cas de situation imprévue (politique ou sanitaire).
Une deuxième attente des Français : le renforcement des accords bilatéraux entre pays pour garantir la protection des droits des Français de l'étranger.
La situation économique et les problématiques d'emploi à l'étranger
On n'est pas nécessairement envoyé en expatriation par son employeur en France. Beaucoup de Français sont confrontés à la réalité du marché du travail local et parmi les principales difficultés évoquées figurent :
La reconnaissance des diplômes et des qualifications
Sésame indispensable pour accéder à des emplois correspondant à sa qualification, certaines procédures de validation des diplômes et compétences acquises en France sont pourtant longues et complexes. Sans compter le fait qu'elles ne sont pas gratuites.
Les Français attendent donc pour 2025 que les décideurs publics continuent de travailler sur les accords réciproques de reconnaissance des qualifications entre pays.
Notez que le service ENIC NARIC remplit déjà en bonne partie cette mission (hormis le champ des diplômes des professions réglementées).
Les discriminations liées à la nationalité
Sont également évoqués des cas de discrimination sur le marché du travail à l'étranger. Cela peut aller d'obstacles administratifs dans l'obtention de permis de travail à des inégalités dans les processus d'embauche, et ce, même quand les compétences sont recherchées.
Les barrières linguistiques et culturelles
Elles sont quasi inévitables, surtout si le pays en question n'appartient pas à la sphère francophone ni anglophone. C'est la responsabilité de chacun d'entreprendre l'apprentissage de la langue ou de réaliser une formation en interculturel, mais selon les Français de l'étranger, un accent pourrait être mis sur une meilleure coopération de la France avec les chambres de commerce françaises à l'étranger. Cela aurait pour effet de favoriser l'insertion professionnelle.
L'accès à une assurance médicale de qualité
Sans grande surprise, 84,7 % des répondants du baromètre déclarent qu'avoir une bonne couverture santé est important. C'est en effet un point d'attention particulier quand on vit à l'étranger.
L'enquête cible plus précisément l'avis des personnes interrogées sur la Caisse des Français de l'étranger (CFE). De quoi s'agit-il ?
La CFE est un organisme de sécurité sociale qui a pour vocation de proposer la même protection sociale qu'en France. Elle rembourse en effet vos frais de santé selon les mêmes principes que l'Assurance maladie et sur la même base. Or, 52,5 % des Français de l'étranger sondés ne connaissent pas cet organisme. Parmi les expatriés qui en ont entendu parler, 56% déclarent ne pas être intéressés pour y adhérer.
L'enquête ne livre pas les raisons exactes de ce manque d'intérêt pour une couverture « à la française » mais quoiqu'il en soit, une meilleure sensibilisation sur les différentes options santé quand on vit hors de France semble s'imposer.
L'accès à l'éducation française
L'accès à une éducation conforme aux standards du système éducatif français est une préoccupation majeure pour les Français de l'étranger. Le maintien du lien avec la culture française est en tous les cas plébiscité par 86,5 % des répondants.
La France dispose déjà d'un réseau dense d'établissements français assurant dans le monde un enseignement conforme à ce qu'on trouve en France, mais il est difficile de couvrir tous les lieux d'expatriation.
Les familles qui n'ont pas accès à ces écoles expriment ainsi leurs difficultés quand elles doivent se tourner vers des établissements locaux ou internationaux qui ne permettent pas une continuité pédagogique ou qui peuvent être très onéreux, dans le cas des écoles internationales.
Les Français de l'étranger attendent donc qu'on continue d'augmenter peu à peu le nombre d'établissements homologués à l'étranger.
Concernant l'aspect financier, il s'agirait d'assouplir certains critères d'attribution des bourses scolaires dans ces établissements à l'étranger. Les critères d'éligibilité sont en effet jugés trop restrictifs par les répondants !