Les feux de forêt continuent de secouer le sud de la Californie. Dans le comté de Los Angeles, les scènes de désolation se succèdent. Les expatriés se confient, encore sous le choc.
Los Angeles à l'épreuve des flammes
Depuis le 7 janvier, le comté de Los Angeles lutte contre des incendies sans précédent. Toute la Californie est en alerte, alors qu'un nouveau départ de feu a été signalé le 13 janvier dans le comté de Ventura, aux portes de la ville d'El Rio. Surnommé « Auto Fire », il a détruit 23 hectares en l'espace de quelques heures. Il rejoint les 2 grands feux toujours actifs dans le comté de Los Angeles : Eaton Fire (près d'Altadena), et Palisades Fire, le plus important d'entre eux. L'incendie de Palisades s'étend de l'est de Malibu au quartier résidentiel Pacific Palisades. Mercredi 15 janvier, une baisse de l'intensité des vents a permis aux pompiers d'œuvrer dans de meilleures conditions.
Les incendies ravageurs ont déjà causé la mort de 25 personnes. 100 000 personnes ont déjà été évacuées. Plus de 88 000 habitants du comté de Los Angeles ont reçu l'ordre d'évacuer les lieux. Les habitations et bâtiments détruits se comptent par dizaines de milliers. Lundi 13 janvier, la maire de Los Angeles Karen Bass signe un décret d'urgence pour accélérer les reconstructions, tout en suivant de près les développements de l'enquête sur les origines des feux. Acte criminel ? Malveillance ? Négligence ? Selon plusieurs sources, le Palisades Fire pourrait avoir été déclenché le 1ᵉʳ janvier par des feux d'artifice et réactivé par les vents violents. Hypothèse plausible selon les experts, mais non commentée par les autorités américaines. Les infrastructures électriques sont également pointées du doigt. Le réchauffement climatique, les vents violents et la sécheresse intense aggravent la propagation des flammes.
Une catastrophe sans précédent : les témoignages des expatriés
Sous le choc, les expatriés livrent leurs témoignages. Tous décrivent des scènes apocalyptiques et des incendies sans précédent. La reconstruction, tant psychologique que matérielle, demandera du temps.
« Épuisé, démoralisé, mais en sécurité »
« Je vis à Los Angeles. De multiples incendies ont éclaté suite à la violente tempête de vent du mardi 14 janvier. J'ai passé plus de 8 h sans électricité. Je suis actuellement en sécurité. Épuisé, démoralisé, mais en sécurité. » C'est ainsi qu'un expat commente les dernières heures passées, entre angoisse et sidération. Sur Internet, les expatriés se confient, s'encouragent, se conseillent. Certains ont vu les flammes de près, comme cette résidente qui a réussi à évacuer avec son enfant. « L'incendie d'Eaton a commencé juste au-dessus de mon appartement. J'ai vu des flammes sur la colline à 6 h 30. À 7 h, je fuyais avec mon enfant et mes chats. Par miracle, notre appartement a survécu, mais je ne sais pas quand nous rentrerons chez nous. L'eau n'est pas potable et l'air est irrespirable. »
Rester en sécurité. Voilà le mot d'ordre. La solidarité s'organise, et les résidents étrangers prennent peu à peu conscience de l'ampleur de la tragédie. « Lorsque vous n'avez que quelques minutes pour faire vos bagages, cela vous fait vraiment réaliser ce qui est précieux pour vous. On voudrait ne rien perdre, mais on sait qu'on va presque tout perdre. C'est terrible. »
« Terrible façon de commencer l'année »
Il y a quelques jours à peine, Los Angeles célébrait, comme le reste du monde, la nouvelle année. Alors que les investigations se poursuivent pour comprendre l'origine des incendies et que la lutte continue pour stopper les flammes, les résidents étrangers craignent que cette catastrophe n'entache toute l'année 2025. « C'est une ville fantôme depuis lundi. C'est une terrible façon de commencer la nouvelle année. » D'autres se montrent plus optimistes, même s'ils reconnaissent que le début de l'année est particulièrement difficile. « Nous avons évacué mercredi soir à cause de l'incendie de Sunset et avons fui la ville. Nous attendons de voir si nous pourrons retourner chez nous. L'année commence mal. Mais qu'importe ? Des gens perdent leurs maisons et leurs vies. » Certains résidents de longue date parlent d'une catastrophe sans précédent. « Je suis ici depuis près de 20 ans et c'est de loin la pire chose qui se soit passée ici pendant cette période. Plusieurs de mes amis ont perdu leur maison à Altadena. Le quartier est recouvert de cendres. »
« Qu'est-il arrivé à l'empathie ? »
C'est la question que se posent les expatriés, sidérés par l'afflux de commentaires désobligeants. Bien entendu, ils reconnaissent et apprécient la chaîne de solidarité internationale qui s'organise. Mais ils constatent aussi que de nombreuses fausses informations circulent. « Nous subissons une catastrophe naturelle massive qui touche des dizaines de milliers de personnes. Des maisons en ruines. Plus de courant. Des arbres écrasés sur les voitures. Des problèmes d'eau. N'est-ce pas ce qu'on appelle une tragédie collective ? Pourtant, sur Internet, les commentaires bienveillants sont parasités par la désinformation de Musk et les avis haineux. Non : tous les expats ne sont pas des privilégiés. Non : notre vie n'a rien à voir avec celles des millionnaires de L.A. (Los Angeles). Oui : il y a des pauvres à L.A. Des habitants pauvres, qu'ils soient étrangers ou non. Un peu de compassion, s'il vous plaît. »
Les étrangers ajoutent que l'empathie ne devrait pas s'apprécier en fonction de la richesse. « J'entends trop souvent « Ils sont riches, ils choisissent de vivre dans les zones inondables, dans les feux de forêt... Ils n'ont que ce qu'ils méritent. Ils auront assez de sous pour reconstruire. » Déjà, riche ou pas, une perte est une perte. Ça fait mal. Bien sûr, les riches pourront plus facilement se refaire, et j'espère qu'ils aideront les autres, qu'ils aideront la ville à se relever. Mais je rappelle que la majorité des gens touchés par ces incendies, c'est vous et moi. Des gens ordinaires. » D'autres expats rappellent aussi que l'urgence de la situation devrait rendre les entreprises conciliantes. Mais certaines semblent s'en tenir à leur calendrier. « Les clients font comme si de rien n'était alors que Los Angeles est en feu. »
« Le soutien communautaire sera essentiel »
Les messages de soutien sont heureusement plus forts, face à une catastrophe qui appelle à la mobilisation de chacun. « Le soutien communautaire sera essentiel pour toutes les personnes touchées. » Des expatriés ayant pu être évacués se sentent pourtant coupables. « Enfin en sécurité ! Voilà plusieurs jours que nous sommes dans un hôtel. Mais je me sens tellement coupable pour tous les autres qui n'ont pas cette chance. » Même culpabilité chez ceux dont la maison a été épargnée. « Heureusement, la maison est toujours debout. Quelques-uns de mes amis et plusieurs familles des camarades de classe des enfants n'ont pas eu autant de chance. C'est assez déchirant. » Ils savent cependant que ces logements qui ont résisté aux flammes sont autant d'abris pour les sinistrés. Les portes s'ouvrent pour accueillir famille, collègues, et amis. « Ma famille a dû évacuer Pasadena mardi. Nous sommes actuellement chez un ami. Nous sommes en sécurité, et c'est ce qui compte. »
Comment reconstruire ?
Les autres États affichent leur soutien aux États-Unis, et particulièrement à leurs ressortissants résidant en Californie. Ambassades et consulats s'organisent pour répondre à l'urgence. Pour certains politiques étrangers, cette réponse passe obligatoirement par la création d'un fonds dédié aux expatriés en détresse. Un fonds similaire avait été créé pour aider les nationaux immigrés à l'étranger plongés en pleine crise sanitaire. Mais depuis, cette aide exceptionnelle n'est plus en vigueur. Des députés et sénateurs souhaitent la réactiver, pas de manière exceptionnelle, mais de manière pérenne.
Mais pas sûr qu'un tel fonds soit prochainement créé. Pour l'instant, le président sortant Joe Biden a promis une aide de 770 dollars pour chaque sinistré. Près de 6 000 personnes ont accepté l'aide, 33 000 autres sont inscrites pour la recevoir. Le montant suscite toutefois la polémique, certains l'estimant trop faible. Biden insiste : il s'agit d'une aide d'urgence, pour répondre aux besoins immédiats des familles en détresse. D'autres aides surviendront. L'aide nationale et internationale s'organise également. Dons en argent, en nature, aide pour déblayer les logements des sinistrés… Viendra ensuite le long temps de la reconstruction.
Liens utiles :
California Call Fire : interventions d'urgence, prévention et protection contre les incendies
Watch Duty : suivre en direct l'évolution des incendies
Ville de Los Angeles : informations concernant les feux de forêt
Consulat de France de Los Angeles : cellule d'information disponible 24/24 au +1 310 235 3200
Ambassade d'Australie aux États-Unis : informations pour les Australiens sinistrés
Gouvernement britannique : informations concernant les incendies à Los Angeles
