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Femmes expats : savoir dire « non » et poser ses limites

femme definissant ses limites
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Écrit parAsaël Häzaqle 06 Mars 2025

Lancé en octobre 2017, le mouvement #Metoo a libéré la parole des femmes. Partout dans le monde, des voix anonymes et célèbres se sont levées pour dénoncer les violences faites aux femmes. Au cœur des débats, la question du consentement. La définition a priori simple – donner son accord volontaire pour faire quelque chose – est régulièrement remise en question lorsqu'il s'agit des femmes. Circulent encore les idées fausses qui voudraient qu'un « non » soit synonyme d'un « oui » et qu'un « oui » obtenu sous la contrainte reste valide. Comment définir ses limites lorsqu'on vit dans un autre pays ?


 

Consentement et protection des femmes : qu'en est-il dans le monde ?

Les femmes expatriées sont particulièrement exposées au non-respect de leur parole. Les autres peuvent les considérer, à tort, comme plus faciles à aborder. Certaines n'osent pas toujours poser les limites, de crainte d'être mal vues au travail ou de perdre une importante mission, par exemple. Les pressions peuvent venir aussi bien des autres expatriés que des locaux. Un cercle d'autant plus vicieux que les États sont loin d'être égaux en matière de droit des femmes.

Consentement et respect de la parole des femmes

Si le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes est inscrit dans nombre de législations, en pratique, les inégalités perdurent. On ne compte plus les témoignages de femmes expatriées parlant de leur expérience dans le pays d'accueil, dans l'entreprise, avec les collègues. Ces femmes parlent du sexisme ordinaire en France, en Malaisie, au Vietnam, au Cameroun, en Chine, au Japon, au Mexique, en Corée du Sud, aux États-Unis, en Arabie saoudite ou Afrique du Sud. Avec quelques nuances entre les pays où les discriminations sont presque intrinsèques et s'affichent sur la voie publique, et d'autres où le vernis de l'égalité cache une minoration de la parole des femmes. Les femmes expatriées sont encore jugées moins compétentes que leurs homologues masculins.

Cette position plus précaire des femmes expatriées se voit dans l'entreprise comme dans les autres domaines de la vie. Car le consentement ou son absence induit aussi que l'on considère la parole de l'autre. On lui accorde de la valeur. On considère l'autre comme son égal. À l'inverse, ne pas prendre en compte le « oui » ou le « non » des femmes reviendrait à les invisibiliser et à ne pas considérer leur parole, leur consentement ou absence de consentement. C'est cette indifférence qui pousse les femmes, qu'elles soient ou non expatriées, à prendre la parole.

Exemple du Japon : peu mieux faire

Au Japon, l'image de la belle office lady (OL) coincée dans ses talons traîne encore dans les entreprises aux idées traditionnelles. À elles de servir le café, de préparer les dossiers, quand bien même ces activités ne font pas partie de leur contrat. Difficile pour ces salariées de poser les limites, de dire non. Les salariées expatriées seraient moins exposées à ce genre de pratiques. Leur situation ne serait pas toujours meilleure pour autant.

S'inspirant de #MeToo, le mouvement #KuToo a secoué le Japon. Lancé en 2019, il s'érige contre « le diktat de la féminité » qui oblige les travailleuses à souffrir dans des talons. Dans certaines entreprises, ce sont les lunettes des femmes qui sont en ligne de mire. Jugées peu féminines, elles sont interdites. Les hommes, eux, peuvent continuer d'en porter. Quant au consentement des femmes, il est loin d'être toujours respecté. La roue tourne, mais lentement. Machisme et harcèlement sexuel restent monnaie courante dans un pays qui n'a jamais connu de Première ministre, et où les femmes politiques sont encore considérées comme des « extraterrestres ».

Femmes expatriées : savoir poser ses limites

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s'expatrier : parmi elles, davantage de voyageuses, d'entrepreneuses, de salariées, et autant de parcours inspirants. Cependant, elles se retrouvent encore confrontées à des situations que ne rencontrent pas les hommes, au point que des classements de « villes sûres » pour voyager quand on est une femme ont fait leur apparition. Classements mesurant, par exemple, les avancées en matière d'égalité femmes-hommes ou la préservation des droits des femmes. Copenhague, Stockholm, Oslo, Singapour, Vienne, Helsinki, Berlin, Montréal… Les pays scandinaves sont régulièrement bien classés, de même qu'une partie des pays européens. La Thaïlande et le Costa Rica sortent également du lot.

Cependant, de l'aveu même des expatriées, il n'y a pas véritablement de destination « 100 % idéale ». Ce sont plutôt les circonstances, les interactions, qui entrent en jeu. Pour ces expatriées, il ne faudrait pas s'interdire de voyager au seul motif qu'une destination serait réputée « peu sûre ». Il faut, en revanche, bien se renseigner et prendre ses précautions. Tout commence dans la rue, espace public a priori banal, mais où peuvent s'exercer des formes de violence. L'aspect culturel est très fort, avec des habitudes que ne connaissent pas toujours les expatriées.

Dans le quotidien d'une femme expatriée

Comment poser les limites ? Comment réagir quand on se fait aborder dans la rue ? Peut-on encore draguer à l'ère de #MeToo ? Comment différencier une tentative sincère à une volonté d'imposer sa présence ou de « remplir son tableau de chasse » ? Contrairement aux idées reçues, les hommes n'ont pas le monopole du premier pas. La rencontre doit sous-entendre le consentement des deux parties. Si certains pays sont réputés culturellement plus attentifs à cette notion de respect, là encore, il serait risqué d'émettre des généralités par pays.

En France (et dans d'autres pays), les débats restent houleux concernant la drague et le harcèlement de rue. Où est la limite ? Pour certains, il s'agit juste d'une manière de flirter avec une femme. Insister face à ses refus ferait « partie du jeu ». Les opposants, en revanche, considèrent cet acte comme une agression. Pourquoi ne pas prendre acte du non-consentement de la femme et passer son chemin ? Les femmes, expatriées ou non, détectent très vite ces comportements. Au fond, dès qu'une femme se sent mal à l'aise, c'est qu'il y a effectivement malaise. Même en ne comprenant pas tous les codes du pays, les femmes expatriées savent très bien différencier un climat propice au dialogue d'un climat hostile.

Les femmes expatriées ne sont pas plus vulnérables que les autres, d'autant plus si elles sont bien informées sur leur région d'expatriation. En revanche, elles s'adapteront en fonction de leur zone d'expatriation. Dans certaines villes, par exemple, il est peu recommandé de sortir le soir ou de fréquenter certains bars quand on est une femme seule. On peut le regretter, mais les grandes voyageuses conseillent de ne pas jouer les intrépides, car les risques sont réels.

Quelle protection des femmes dans le pays d'expatriation ?

Tout d'abord, il convient de bien se renseigner sur son futur pays d'expatriation. Est-il plutôt avancé en matière de droits des femmes ? Que dit sa législation concernant les violences faites aux femmes ? Comment définit-il le consentement ? Pour Amnesty International, tous les pays devraient lutter contre la banalisation des violences faites aux femmes et l'absence de prise en compte de leur consentement ou absence de consentement. Et l'organisation de se pencher sur les définitions données aux violences sexuelles, au consentement sexuel et au viol. Pour Amnesty International, toutes les législations devraient définir le viol par « l'absence de consentement » pour établir une limite « claire entre un rapport sexuel consenti et un viol. » L'Espagne a franchi le pas le 7 octobre 2022 avec sa loi « seul un oui est un oui ». D'autres pays ont également légiféré, comme la Belgique, l'Allemagne ou la Slovénie. La France débat, mais campe sur ses positions.

Une fois le constat posé, l'idéal serait de faire un premier voyage (surtout si le pays est réputé machiste) histoire de voir si l'on pourrait y séjourner plusieurs années. On n'a cependant pas toujours l'occasion de se préparer comme on le voudrait. Si l'on vit déjà dans le pays étranger, poser ses limites implique d'abord de bien les définir. « Ses » limites sont bien « ses limites à soi », pas celles qu'imposent l'entreprise, les collègues, les amis ou le pays d'accueil. Lorsque l'attitude du collègue ou les propos du supérieur sont inappropriés, il faut tout de suite dire « stop » et appeler ces « dragues lourdes » et autres « mains baladeuses » par leur véritable nom : des agressions passibles de sanctions pénales.

Comment se comporter au travail ou dans la société ?

Au travail, montrer son absence de consentement est, par exemple, refuser de rire à une « plaisanterie » sexiste du collègue ou du chef d'entreprise. Les femmes sont souvent poussées à jouer le jeu au risque d'être accusées de casser l'ambiance. Une déformation de la réalité qui fait passer l'offenseur pour l'offensé. Poser des limites, c'est aussi dire ouvertement non aux heures supplémentaires et activités non prévues dans le contrat. C'est refuser et dénoncer le moindre attouchement. C'est se protéger, en conservant le plus de preuves possible, et en se rapprochant des associations de défense des femmes.

Constituer un collectif rend plus fort. Les femmes expatriées sont sous-représentées dans les instances dirigeantes. Plus l'on monte dans la hiérarchie, moins elles sont présentes. Sous-représentation aussi dans les nouvelles technologies, l'un des secteurs qui embauchent pourtant nombre d'expatriés. Dans ces univers machistes, avoir le retour d'expérience et le soutien d'autres femmes donne le courage de retrouver confiance en soi et de poser ses limites. Car dire « oui » ou « non », c'est, avant tout, se faire respecter. Pour les associations de défense des droits des femmes, ce n'est pas à l'agresseur de définir les limites. C'est à lui de se soumettre aux limites imposées par l'autre. C'est tout l'enjeu du respect des droits des femmes.

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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