
Partir étudier à l'étranger ne se résume pas à une simple opportunité académique ou à une expérience étudiante. C'est plonger dans une culture différente, s'adapter à des lois sur l'immigration qui influencent votre capacité à travailler ou même à voyager. C'est aussi apprendre à gérer des dépenses dans une devise étrangère. Ces aspects, bien trop souvent négligés, peuvent profondément modeler et marquer votre séjour, en bien comme en mal. Alors, avant de sauter le pas, quelles sont les questions essentielles à se poser pour bien préparer cette aventure ?
Les barrières linguistiques et leur impact sur vos études
Si votre cursus à l'étranger est dispensé dans une langue étrangère, vous devrez probablement justifier d'un niveau intermédiaire supérieur ou avancé pour être admis.
Prenons l'exemple de la France : les universités exigent généralement un niveau B1 à C1 en français pour les étudiants internationaux qui suivent des cursus enseignés en français. Pour la littérature, le droit ou la communication, ces domaines requièrent la maîtrise linguistique à un niveau avancé (C1). Toutefois, face à une demande croissante, de nombreux programmes sont désormais proposés en anglais pour attirer un public international. À ce titre, Campus France recense une large offre de formations dispensées en anglais. Mais, même en optant pour un programme dans la langue de Shakespeare, certaines questions essentielles méritent d'être posées :
- Quel niveau de maîtrise de la langue locale est nécessaire pour gérer votre quotidien ? Faire vos courses, discuter avec votre propriétaire, réserver un taxi ou nouer des amitiés ? Un niveau trop basique pourrait rapidement vous isoler, même si vous parvenez à suivre vos cours sans problème.
- Au début, votre maîtrise de la langue locale sera peut-être limitée. Avez-vous pensé à vérifier si d'autres langues que vous connaissez (comme l'anglais, l'espagnol, ou une autre) sont utilisées dans la région ? Cela pourrait vous aider à mieux communiquer le temps de progresser.
Allons cette fois en Chine : selon les statistiques d'EF Education First, malgré la présence de nombreuses universités prestigieuses accueillant des étudiants internationaux, la maîtrise de l'anglais reste globalement limitée parmi la population locale, notamment dans des villes comme Guangzhou ou Chongqing. Ces villes abritent pourtant des institutions renommées, comme l'Université de Chongqing, classée parmi les 500 meilleures dans le QS World University Rankings 2025. Mais pour un étudiant international dont le niveau de chinois est plutôt élémentaire ou intermédiaire, il peut être difficile de s'intégrer et profiter pleinement de la vie locale.
- Quel investissement en temps et en argent devrez-vous prévoir pour apprendre la langue avant de partir étudier à l'étranger ? Prendre quelques mois pour vous y consacrer pleinement pourrait être une excellente idée.
- Une fois votre cursus entamé, aurez-vous suffisamment de temps libre en dehors des cours pour continuer à apprendre la langue et améliorer vos compétences linguistiques ?
- Avez-vous des amis ou des proches sur place qui maîtrisent à la fois votre langue maternelle et la langue locale ? Pourraient-ils jouer le rôle d'interprètes et vous accompagner durant vos premières semaines, le temps de vous familiariser avec votre nouvel environnement ?
Dans les principales destinations anglophones pour les études à l'étranger, c'est-à-dire les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada, les étudiants chinois représentent un pourcentage élevé de tous les étudiants internationaux. Un défi majeur auquel ils sont confrontés est leur maîtrise limitée de l'anglais. Bien qu'ils doivent passer le test IELTS pour être admis dans les universités britanniques, ils le font souvent en apprenant la langue par cœur uniquement pour réussir l'examen. Une fois arrivés au Royaume-Uni, ils ont du mal à communiquer de manière spontanée, ce qui va au-delà d'un test standardisé. Cela les conduit à s'isoler, à souffrir de problèmes de santé mentale et même à abandonner leurs études.
Dans les grandes destinations anglophones comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie ou le Canada, les étudiants chinois représentent une part importante des effectifs internationaux. Mais souvent, ils souffrent souvent d'une maîtrise limitée de la langue anglaise. Bien qu'ils réussissent des tests d'admission comme l'IELTS, obligatoires dans les universités britanniques, leur préparation, plutôt mécanique, se concentre sur le par cœur, au détriment de la pratique communicative. Une fois sur place, cette méthode montre rapidement ses limites : ils peinent à s'exprimer spontanément. Ces difficultés les poussent petit à petit à s'isoler, génère de problèmes de santé mentale, voire, dans certains cas, mène à l'abandon des études.
Le cas des étudiants chinois rappel à quel point il est l'important de développer une véritable compétence communicative dans la langue du pays où l'on choisit d'aller étudier. Si vous ne vous sentez pas confiant à ce sujet, vous disposez de plusieurs options :
Participez aux cours d'été si votre université en propose, avant le début de votre semestre d'automne. De nombreuses universités offrent des programmes de langue spécialement conçus pour la période estivale.
Partagez le quotidien d'une famille d'accueil bilingue pendant vos études. Chaque membre de la famille, à sa manière, vous aidera à développer une véritable compétence communicative et à éviter l'isolement social.
Choisissez une destination d'études où les habitants parlent couramment votre langue maternelle.
Le coût de la vie et la gestion de votre niveau de vie
Les frais de scolarité ne représentent souvent qu'une fraction du coût total des études à l'étranger. Une grande partie de votre budget sera consacrée au loyer, aux manuels scolaires, à la nourriture et aux loisirs. Il est essentiel de bien évaluer le coût réel de la vie dans la ville ou la région où se trouve votre université. Voici les questions et éléments importants à prendre en compte :
- Quel style de vie étudiant souhaitez-vous adopter ? Seriez-vous prêt à manger principalement à la cantine universitaire, à cuisiner vous-même, commander des plats à emporter ? Souhaitez-vous profiter d'activités comme sortir en boîte, aller au cinéma ou au théâtre ou voyager avec des amis pendant les vacances de printemps ou d'été ? Le coût de la vie dans la ville, le mode de vie que vous désirez et votre budget sont-ils compatibles ?
- D'où provient le financement de vos études ? Pouvez-vous obtenir une bourse d'aide financière de votre université ? Votre visa étudiant vous permet-il de travailler à temps partiel, et si oui, ce travail sera-t-il limité aux emplois sur le campus ?
- Pesez le pour et le contre l'idée d'aller étudier dans des métropoles comme Londres, Perth ou New York. Ces grandes villes offrent une vie étudiante dynamique, avec leurs musées, bars, clubs, librairies, conférences publiques d'artistes et intellectuels renommés, parcs et sites historiques.
En fait, pour la septième année consécutive, Londres a été désignée meilleure ville étudiante au monde par le QS Best Student Cities 2025. Cette reconnaissance s'explique par son caractère cosmopolite, son incroyable offre culturelle et de loisirs, ses nombreux espaces verts et la présence de sièges d'entreprises recrutant activement de jeunes diplômés. Mais il y a un revers de la médaille : un indice d'accessibilité de seulement 21,3 sur 100. Alors que dans le reste du Royaume-Uni, les étudiants internationaux peuvent vivre avec environ 1 000 £ (1 200 USD) par mois, à Londres, il faut compter environ 1 500 £ (1 800 USD).
L'exemple de Londres montre bien le dilemme auquel un étudiant international peut être confronté : choisir entre une métropole dynamique mais coûteuse et une petite ville ou localité plus calme et abordable. Dans une petite ville, il est généralement possible de louer une chambre plus spacieuse, voire un appartement et d'éviter de devoir travailler à temps partiel. Toutefois, cela peut se faire au prix d'une expérience d'études à l'étranger moins intense sur les plans social et culturel.
Vivre et travailler dans le pays après l'obtention du diplôme
Pour de nombreux étudiants internationaux, les études à l'étranger sont souvent la première étape d'un projet ambitieux : s'installer et travailler dans ce pays en tant qu'expatrié. D'autres, encore incertains sur leur futur, préfèrent néanmoins garder ouverte la possibilité d'intégrer le marché du travail de leur pays d'accueil après l'obtention de leur diplôme.
C'est pourquoi il ne faut surtout pas se contenter d'évaluer la qualité des universités. Il faut également se pencher sur les visas de travail disponibles et les compétences actuellement recherchées sur le marché du travail local. Voici quelques questions essentielles à se poser :
- Est-ce que votre domaine d'études est recherché dans le pays où vous partez ? Par exemple, la demande est forte en ingénieurs logiciels en Australie. Un étudiant étranger qui y étudie l'informatique a donc de bonnes chances de trouver un emploi après son diplôme. En revanche, si vous vous lancez dans un secteur saturé, prévoyez un plan B, par exemple, rentrer dans votre pays après vos études.
- Le pays propose-t-il un visa de travail dédié aux diplômés internationaux, comme le Post-Completion Optional Practical Training (OPT) aux États-Unis ? Si oui, quelles sont les conditions pour y accéder : domaine d'études, limite d'âge, revenu minimum pour un premier emploi sur place ? Et enfin, combien cela vous coûtera-t-il ?
- Pouvez-vous renouveler votre premier visa de travail après l'obtention de votre diplôme ? Ce renouvellement pourrait-il ensuite conduire à une résidence permanente, voire à la citoyenneté ?