
Célébrant son 10e anniversaire, le festival MAMA JAZ est devenu un incontournable de la scène culturelle à Maurice. Fondé par Gavin Poonoosamy, ce rendez-vous annuel transcende le jazz pour explorer la richesse de la création musicale. Dans cette interview, Gavin partage les origines, les défis et les succès de MAMA JAZ, révélant comment ce festival a façonné le paysage artistique de l'île.
Qui est l'homme derrière MAMA JAZ ?
Je m'appelle Gavin Poonoosamy, ai 42 ans et vis à Port Louis, en République de Maurice.
Je voyage autant que je peux et je me présente comme un adorateur de l'art spécialisé en musique. Hormis Maurice, j'ai travaillé, à ce jour, en différentes capacités sur des projets en Corée du Sud, à Taiwan, en Chine, en Inde, en Afrique du Sud, à La Réunion, au Zanzibar, au Pays de Galles, en Espagne, au Danemark, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Slovaquie et en Tchéquie.
Je suis le fondateur et le moteur principal de MAMA JAZ.
Je remercie sincèrement Expat.com de soutenir le festival depuis ses balbutiements et, là encore, de recueillir mes propos pour les partager au plus grand nombre.
En avril 2025, Mama Jaz fête ses 10 ans, sous le thème Enn Mond Meyer. D'où vient cette initiative et quel en est le bilan ?
Se présentant fièrement comme une manifestation pour la création, l'improvisation et la performance en musique, unique sur la planète, épousant vivement les 30 jours d'avril, MAMA JAZ célèbre sa 10ᵉ édition en 2025.
Le slogan est SO! ; du morisien qui, en contexte, se traduit par « brûlant » ; ça donne le ton !
D'une initiative modeste débutée en 2016, sur une semaine avec cinq lieux et une quarantaine d'artistes, le festival s'est transformé à ce jour, en avril 2025, en une fête substantielle d'un mois touchant des centaines de milliers de personnes à Maurice et au-delà, programmant 60 artistes sur 3 lieux et en dématérialisé (radios, télé, réseaux sociaux) pour 22 évènements sous quatre chapitres avec 70 performances.
Presque de la science-fiction de penser que nous sommes passés d'un public initial de 5 000 personnes à des audiences de plus de 900 000 sur ce joli territoire à travers diverses plateformes (lieux, radios, télé nationale, réseaux sociaux) ces dernières années, touchant en sus des publics de plus de 70 pays hors Maurice ; à savoir qu'une moyenne de 10 000 personnes fréquentent chaque année les sites physiques du festival pour assister aux performances en avril : Youpi !
La croissance de MAMA JAZ a été remarquable, humblement : premier festival labellisé Made In Moris, premier prix pour Innovation Culturel du Ministère du Tourisme, double bénéficiaire du National Arts Fund du Ministère des Arts et de La Culture depuis sa création, bénéficiaire cette année du premier fond pour le développement des Industries Culturelles et Créatives de la Commission de l'Océan Indien avec le soutien de l'Agence Française de Développement, partenaire du Marché des Musiques de l'Océan Indien (IOMMA) organisé par Scène Australe sous l'impulsion du mythique Sakifo, et, finalement, partenaire organisationnel officiel de La Journée Internationale du Jazz sous l'égide du Herbie Hancock Institute for Jazz et de l'Unesco.
Je tiens à remercier les collaborateurs de tout bord, les médias qui font de leur mieux pour nous accompagner et les partenaires sincères au fil des années, dont en 2025 : Terra, Attitude, Kolos, Ciel, IBL, Phoenix Bev, Currimjee et Klik Moris. Je pense aux lieux qui nous accueillent aussi : le Café du Vieux Conseil, le Caudan Arts Centre et le Creative Park de Beau Plan.
… et une reconnaissance éternelle aux artistes et aux audiences, pour en conclure avec les lauriers.
Il est juste de penser que MAMA JAZ s'est installé comme un rendez-vous majeur du calendrier culturel mauricien et joue un beau rôle sur le front professionnel du secteur des arts.
À qui s'adresse Mama Jazz et quel engouement avez-vous constaté au fil des 10 ans ?
Là, maintenant, MAMA JAZ veut parler à toutes et à tous, toutes générations confondues.
Je pense qu'au début, c'est mon souhait subjectif et forcément exaucé d'avoir un programme avec des compositeurs exigeants et des musiciens appliqués qui produisent de belles performances de formes rares autant qu'originales ; un peu nombriliste, pour être honnête ; je me suis fait grand plaisir.
Mais, à un moment donné, il me semble que le collège de producteurs et de partenaires qui me soutient, les artistes qui y ont trouvé une occasion sensible de présenter leurs créations, les publics et la voix même de MAMA JAZ commencent à me parler en chœur de ce qui a de la valeur, des substances qui leur sont chères. Et tout doucement, la forme actuelle s'est sculptée dans le temps et j'estime qu'elle restera protéiforme, évoluant toujours au plus fort de ses possibles, ancrée sereinement dans la valorisation, la stimulation et l'encadrement professionnel du génie créatif mauricien, autant que dans l'humilité de l'amélioration infinie ou, encore, du besoin de contribuer à l'harmonie entre les humains.
Pour répondre à la question, MAMA JAZ s'adresse à ceux qui sont attentifs au silence ou qui en ont besoin ; que ces personnes le sachent ou pas. Je vois ainsi une diversité joyeuse dans l'âge autant que dans le caractère de nos publics ; c'est beau et ça fait sourire.
Qu'en est-il des artistes locaux et internationaux ? Comment les sélectionnez-vous ?
À chaque édition, un contexte de travail. Très subjectivement, je construis un programme idéal, puis je le confronte à la réalité des ressources qui me dictera le cadre général de production.
Pour les locaux, je suis en écoute permanente de tous les projets musicaux, sans limite de genre, et recherche avec minutie des perles énergétiques pouvant se manifester en live devant mon public. Une perle énergétique, à mon sens, est un artiste ou un corps d'artistes ayant une intention et une application dans l'exécution de cette intention sur une heure et trente minutes de musique. Je me dois aussi, maintenant, de prendre en compte la capacité des artistes à gérer le nombre et la qualité des sollicitations médiatiques autant que leurs charismes et discours sur scène. La nature des chapitres affecte aussi le caractère de ceux qui y sont programmés ; il y a la part de l'adaptation à l'exercice en contexte, mais aussi, ou surtout, le tempérament musical des artistes que je prends en grande considération.
Pour les internationaux, c'est généralement des coups de cœur ou des occasions rares, mais je ne suis plus attaché à ces folies autant, maintenant ; Steve Coleman & Five Elements sera probablement la dernière fois, comme la plus belle note d'une première grande révolution ; j'avance dès 2026 avec une approche différente de la programmation d'internationaux.
Quels sont vos coups de cœur de cette année ?
Tout sera magique, comme un gâteau avec plusieurs couches de bonheur ; chaque couche sera grandiose, mais ensemble feront vivre une expérience unique.
Que réserve donc l'édition de 2025 aux amoureux du jazz à Maurice ? Quelque chose d'unique pour marquer les 10 ans ?
Cette 10ᵉ édition propose de la découverte, de l'intensité, de la légèreté, de la passion, du légendaire, de l'urbain, du plein air, de l'original, du singulier, du familial, du convivial, de la rareté, de la poésie, et, entre les notes, de la stimulation de nos imaginaires.
Une nouveauté, c'est la série de jams collectifs ouverts à toutes et tous. Les forums pour discuter de sujets d'intérêts généraux restent notables aussi, même s'ils sont récurrents.
Un mois riche en concerts dans différents endroits. Comment faire pour assister aux concerts ?
En avril 2025, il y a 4 chapitres : Enn Mond Meyer au Café du Vieux Conseil à Port-Louis, les vendredis, Block Party, les samedis, Lizour & Sanngat!, et les dimanches, Douser ; Gran Konser au Caudan Arts Centre le mercredi 30 avril ; MA MA PIK NIK au Creative Park de Beau Plan les dimanches après-midi ; et MINIT MAZIK tous les jours sur les réseaux sociaux.
Pour plus d'informations : mamajaz.org
Comment voyez-vous l'avenir de Mama Jaz ?
En paix, un pas décidé à la fois avec une préparation de chaque édition deux ans en amont.
Un message pour les amoureux du jazz, mais aussi pour ceux qui ne connaissent pas encore ?
Nous avons dépassé le jazz ! Vive la création artistique ! Vive l'expression humaine dans toutes ses formes ! Vive la vie !