Est-ce la première fois que tu vis à l'étranger ?
Oui première expatriation. Je viens de Castres (Tarn), petite ville de 40 000 habitants. Ça a donc été un « léger » changement de vie lorsque je suis arrivé à Shanghai il y a un peu plus de 4 ans !
Pourquoi as-tu choisi de t'installer à Shanghai ?
Au cours de mes études aux Arts et Métiers ParisTech, j'ai eu l'opportunité de postuler pour un double diplôme entre mon école d'ingénieur et l'université de Shanghai Jiao Tong. A priori rien ne me prédestinait à aller en Chine, je voulais voyager et découvrir un pays très différent, j'ai été servi ! Mes professeurs m'ont également beaucoup encouragé, je les remercie aujourd'hui.
Comment s'est passée ton installation ?
Elle s'est très bien passée ! J'ai eu la chance d'arriver avec un groupe d'une dizaine d'étudiants, nous avons été accueillis tout d'abord à Kunming dans une école de langue dirigée par un ancien élève de notre école, le but était d'y suivre un stage intensif en mandarin. Ensuite, nous nous sommes installés à Shanghai, où là, la promotion précédente nous a accueillis et beaucoup aidé.
Comment as-tu procédé pour trouver un emploi à Shanghai ? Quels sont tes conseils à partager avec les autres membres ?
Mon diplôme en poche, je souhaitais rester à Shanghai pour débuter ma carrière professionnelle. Je vivais ici depuis plus d'un an et demi et c'est grâce à mon réseau personnel que j'ai pu postuler à une mission de VIE. Trouver un emploi à Shanghai, pour un jeune expatrié, est un peu différent des démarches en France ; les offres sont d'une part moins nombreuses et d'autre part elles ne sont pas facilement visibles (par exemple pas d'offre postée sur un site web, forum d'emploi, agence de recrutement spécialisée junior...). De mon expérience personnelle, je conseillerais donc un jeune diplômé français d'établir un contact avec les expatriés actifs de Shanghai, rencontrer, échanger et comprendre l'attente des entreprises ici. Il faut connaitre ses points forts pour se démarquer sur un marché de l'emploi très compétitif à Shanghai.
Qu'en est-il pour la recherche d'un logement ?
Aucun souci, c'est très facile à Shanghai. Cela peut se faire très rapidement, il y a beaucoup de logements disponibles. Cependant il faut être en mesure de payer 2 à 3 mois de loyer dès l'emménagement, et les prix des loyers ne cessent d'augmenter.
As-tu eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes) ?
Le chinois est une langue difficile. Cela m'a pris plusieurs mois avant de commencer à comprendre une discussion, et je ne parle pas de la lecture et de l'écriture... Mais on s'en sort !
Certaines coutumes peuvent surprendre et déstabiliser un peu, mais il faut se montrer ouvert d'esprit, curieux et s'adapter au mieux. C'est tout ce qui rend cette aventure passionnante !
Puis il est aussi possible, à Shanghai, de vivre dans une « bulle », c'est-à-dire qu'entre expatriés, sans apprendre le chinois et en conservant son mode de vie occidental. C'est un peu dommage. Mais ça peut se comprendre tant les différences entre la France et la Chine sont parfois grandes. Je trouve qu'il n'est pas facile pour un « laowai » de s'intégrer et se fondre dans la société chinoise. Même après 20 ans en Chine, en parlant un Mandarin parfait, pas sûr que je me sente chinois pour autant. En un mot, s'adapter est facile, s'intégrer est plus compliqué.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Shanghai ?
L'immensité ! Par les dimensions, la ville est tentaculaire, et la diversité présente ici. C'est presque une ville pays voire une ville monde. On trouve tout ici !
Peux-tu partager avec nous un trait caractéristique de Shanghai qui te plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif ?
Shanghai est une ville qui possède un dynamisme incroyable. Rapidement chacun est saisi par cette énergie et l'impression qu'ici tout est possible. La ville est en mutation permanente, à un rythme effréné, les opportunités sont nombreuses, l'ambiance est incroyablement motivante. La vie à Shanghai est donc excitante, dense et riche en expériences. L'inconvénient ; il est difficile de ne pas se disperser.
D'une manière générale, la vie ici me semble assez facile ; les coûts sont bas et la plupart des expatriés ont un train de vie supérieur à celui qu'ils avaient avant. Cependant la qualité de vie me parait moins bonne qu'en France ; l'environnement est excessivement pollué, il y a des problèmes de sécurité alimentaire, et enfin, se déplacer peut prendre beaucoup de temps...
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine ?
Il est difficile de sortir de la mégalopole ultra bétonnée et surpeuplée, ce qui manque le plus c'est la campagne française, la beauté des paysages, un ciel bleu, un air frais et du vert ! La cuisine française me manque beaucoup aussi !
Est-il facile de rencontrer du monde et de s'intégrer à Shanghai ?
Bien sûr, pour un Français, le plus facile est de rencontrer des expatriés et de s'intégrer à cette communauté. Les événements sont permanents et il est très facile de rencontrer des personnes en fonction de ses centres d'intérêts ; dans une ville de 20 millions d'habitant tout existe !
A quoi ressemble ton quotidien à Shanghai ?
Je me lève tôt et j'entame ma journée par un long trajet jusqu'à mon lieu de travail en banlieue de Shanghai ; 1h30 de trajet avec scooter, métro et bus au programme, une habitude à prendre.
Je travaille pour Suez Environnement dans le traitement de déchets industriels dangereux, je suis ingénieur projet. Mon quotidien est donc sur le terrain, dans l'usine, avec mes collègues qui sont tous chinois : j'apprends énormément !
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quelles sont les activités les plus populaires à Shanghai ?
Mon temps libre, je le consacre à des cours de chinois, au sport et à mon activité associative au sein de la JCEF, les semaines passent donc très vite ! Les activités populaires : aller boire un coup dans l'ancienne concession, se balader en scooter électrique, explorer de nouveaux quartiers, découvrir de nouveaux restaurants, et de temps en temps, un KTV pour rire un bon coup entre amis.
Tu es l'actuel Président de la JCEF : pourquoi as-tu choisi d'intégrer cette association et comment la JCEF peut-elle aider les jeunes français à Shanghai ?
J'ai intégré cette association quand j'étais étudiant à travers le club des étudiants de la JCEF, qui organisait des sorties dans la région de Shanghai. J'y ai rencontré pas mal d'amis et progressivement je me suis engagé sur des projets de la JCEF. Les sujets m'intéressaient et j'aimais l'énergie de cette équipe de bénévoles. J'ai organisé un concert pour la fête de la musique à Shanghai, des séances gratuites de cinéma en plein air avec la diffusion de films français sous-titrés chinois... et ce n'est pas une mince affaire en Chine, où il y a un fort contrôle de l'information ; j'ai aussi fait des dégustations de vins et cuisine françaises, une levée de fonds pour des sinistrés climatiques...
Je n'avais jamais fait partie d'une association en France, j'ai découvert ce monde-là en Chine. A la JCEF ce qui me plait le plus est l'esprit entrepreneurial ; le fait de pouvoir faire naitre un projet innovant en le développant de A à Z, avec des gens passionnés et venant d'horizons variés. Ça m'a permis d'apprendre plein de choses, d'apprendre en faisant, en me jetant à l'eau. Et je me rends compte aujourd'hui que les compétences acquises au sein de la JCEF me sont utiles au quotidien dans mon travail.
Aujourd'hui, mon rôle de Président est d'être le porte-parole de ce mouvement, celui des « jeunes citoyens entreprenants ». J'encourage tout le monde à venir découvrir notre asso et nos projets, voire à monter un projet. Le but est de tester son projet, le créer dans le milieu associatif, et, si le concept se révèle viable alors nous transmettons le projet à une autre entité, indépendante, qui continuera le développement. Pour qu'un projet réussisse, il faut comprendre l'environnement dans lequel il doit s'intégrer. Il ne faut pas négliger cette étape car elle permet de structurer un projet : pour qui et avec quels partenaires ? Quels sont les projets similaires ? Quel est le business model ? Quelle est sa rentabilité ? Nous travaillons sur tous ces aspects-là.
Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent s'installer à Shanghai ?
Une expatriation demande de se préparer avant le départ. Mais il ne faut pas trop appréhender non plus. Shanghai est une ville moderne, occidentalisée, où on trouve ses repères assez facilement. Ensuite, un autre conseil : oser et ne pas avoir froid aux yeux ! Une fois sur place, prendre contact avec la communauté française, consulat et associations, pour avoir des renseignements et rencontrer du monde.
Bienvenue à Shanghai : le New York du XXIème siècle !
