D'où viens-tu, Dominique, et comment t'es-tu retrouvée en Suisse ?
Je suis d'origine franco-suisse. Depuis toute petite, je navigue entre la France et la Suisse, surtout entre Genève et Annecy, et quelques années en Ardèche. Et puis j'ai rencontré celui qui allait être mon mari, un suisse-romand. Après ses études d'ingénieur, il a trouvé son premier emploi en Suisse allemande, à Winterthur précisément.
Comment s'est passée ton installation à Zurich ?
Assez difficilement. J'attendais mon premier enfant et je ne parlais pas du tout l'allemand, et encore moins le suisse-allemand. Donc, très peu de contact avec les voisins. Il m'a fallu 18 mois pour être bien installée.
Qu'est-ce qui t'a attirée vers Winterthour ?
Bien qu'elle ait changé un peu depuis 20 ans, ce que j'aime c'est sa verdure. Elle est entourée de collines et de forêts. En automne, les biches venaient manger dans le jardin. Il n'y a presque pas d'immeuble de plus de 6 étages, donc des allures de village malgré tous les avantages d'une grande ville (étant la 6ème ville de Suisse). Nous avons aussi beaucoup de musées pour tous les goûts.
Depuis combien de temps t'es-tu installée à Winterthour ?
Cela fait 22 ans. J'ai maintenant trois enfants âgés de 23, 20 et 15 ans respectivement.
Quelles procédures as-tu suivi pour t'expatrier à Zurich ?
Pour nous, cela n'était pas un problème du fait que nous ayons la double nationalité. Nous nous sommes inscrits à la ville (contrôle des habitants et au consulat de France à Zurich).
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
La plus grosse difficulté, au départ, c'est que je ne comprenais pas la langue. Donc, beaucoup de temps et d'énergie pour se comprendre. Ensuite, se faire de nouveaux amis et trouver ses marques (produits, magasins...).
Dans quel domaine travailles-tu ?
Je dois avouer que je n'ai pas vraiment cherché du travail. J'avais une petite famille et on était là pour le travail de mon mari. C'est à la naissance de mon deuxième enfant que j'ai remarqué qu'il y avait très peu de structures pour les petits enfants ici. Du coup, avec une amie, nous avons ouvert un groupe de jeu en français. Ensuite, j'ai été appelée à donner des cours aux enfants francophones qui vont à l'école au sein du système scolaire suisse-allemand dans le cadre du LCO (Cours de langue et culture d'origine). Mon mari, lui, est ingénieur en mécanique.
As-tu eu à rechercher un logement? As-tu rencontré des difficultés ?
A Winterthour, ce n'est pas bouché comme à Zurich. Nous avons trouvé assez facilement à chaque fois que nous voulions déménager. Les lettres de motivation pour avoir l'appartement convoité nous ont toujours aidées. J'ai remarqué que les 51/2 (4 chambres à coucher) étaient plus difficiles à trouver. Les loyers sont moins chers qu'à Zurich (souvent une pièce en plus).
Que penses-tu du mode de vie des Suisses, particulièrement dans le canton de Zurich ?
La qualité de vie ici est nettement meilleure qu'ailleurs et je ne suis pas la seule à le dire. A Winterthour, où que l'on soit, nous sommes à moins de 10 minutes de la forêt. Nous avons des fermes qui vendent leurs produits (lait, pommes, œufs, presque au centre-ville ou juste aux périphéries).
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Pour moi, ce qui a été le plus dur c'était la langue. Malgré les cours, cela a été très long. Il y a aussi le caractère des Suisse-Allemands. Ils peuvent être très gentils, mais entrent vite en conflit et prennent un air supérieur lorsque cela ne va pas. Ce qui est aussi surprenant, c'est qu'ils sont super sympas lorsqu'on les rencontre, mais l'on est rarement invité chez eux. Les amis suisses-allemands qu'on a ont tous « épousé » une personne qui vient de l'étranger.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Winthethour, et en Suisse en général ?
Certes la vie y est très chère. Ici on paye tout ! Pour tout ! Après, les salaires sont aussi plus élevés.
Quelles sont les différences entre la vie en Suisse et celle dans ton pays natal ?
Ce sont des petits détails au quotidien, mais je ne sais plus trop.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier à Zurich ?
De prendre des cours d'allemand dès qu'elles savent qu'elles vont venir s'installer ici. De ne pas systématiquement dire que c'est mieux là où on était avant et que chez nous on fait comme ça. Se renseigner un maximum sur la ville qui va les accueillir et ne pas arriver en terrain conquis (mais ça je crois que c'est pour tous les pays, villes du monde entier).
Quels sont tes projets d'avenir ?
Je pense qu'on va rester encore un petit bout de temps ici. Du moins, le temps que les enfants finissent leurs études. Mais c'est sur qu'on ne restera pas ici pour nos vieux jours.