D'où viens-tu, Kelly, et que fais-tu dans la vie ?
Je suis originaire d'Albertville, en Savoie. Avant d'arriver en Argentine, je terminais mon apprentissage de technicienne de pianos (accord/réglage/réparation) en France. Ce métier universel me donne l'opportunité de travailler dans n'importe quel pays. Donc, j'en ai profité et me voilà en Argentine, où je travaille en tant qu'accordeuse.
Comment s'est passée ton installation en Argentine ?
Mon installation s'est passée parfaitement bien ! J'ai été hébergée dans un premiers temps chez la famille de mon patron, le temps de trouver une colocation. Tout le monde m'a accueilli les bras ouverts. Ils m'ont donné un coup de pouce pour m'intégrer, pour m'apprendre à me débrouiller et comprendre le fonctionnement du pays.
Qu'est-ce qui t'a attirée vers La Plata ?
Seulement le travail. Je n'avais jamais entendu parler de cette ville et je ne connaissais rien de la culture argentine. Cela a été le but de mon expatriation : découvrir un pays, une culture dont je ne connaissais rien. C'est en me mettant en contact avec l'accordeur de piano de La Plata, qui m'a dit qu'il pouvait me faire travailler, que j'ai acheté mon billet et foncé tête baissée !
Depuis combien de temps t'y es-tu installée ?
Cela fait plus de deux ans que je suis installée à La Plata. L'idée était de ne rester qu'un an, mais trois semaines après être arrivée en Argentine, j'ai été frappée par un coup de foudre transatlantique ! Je me suis mariée à mon argentin préféré en mars dernier.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française s'expatrie en Argentine ?
Je suis venue en tant que touriste, donc avec un visa valable pour 90 jours, en devant sortir du pays et y retourner tous les 3 mois. Avant de partir, je n'étais pas au courant du visa vacances-travail qui existe pour l'Argentine. Donc depuis 2 ans, je rentre et sors du pays, mais par chance, l'Uruguay n'est vraiment pas loin ! Jusque là, je n'ai jamais eu de problèmes au niveau de la douane. L'Argentine n'est pas très regardante sur l'immigration, comparé à l'Europe.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Par conséquent, non. Mais sans avoir le visa vacances-travail, il est difficile d'obtenir une résidence en Argentine quand on ne vient pas pour étudier. Le travail au noir est tellement présent qu'il est difficile d'obtenir un visa de travail. Je n'aurai plus ce problème désormais.
Qu'est-ce qui t'as surpris le plus à ton arrivée à La Plata ?
La première chose qui m'a surprise, c'est l'accent argentin, le « castechano ». Je ne savais pas que l'accent était si différent de l'accent espagnol. Il m'a fallu quelque temps pour m'y habituer. Mais maintenant j'adore.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
Je pensais que l'ambiance de la ville allait être beaucoup plus « latina ». Mais il s'est avéré que la culture européenne est énormément présente ici, comparé à d'autres provinces d'Argentine. La majorité des « platenses » sont des descendants d'européens et adorent la culture européenne.
Comment s'est passée ta recherche d'emploi ?
Ma recherche d'emploi s'est faite via internet. Vu que mon domaine de travail est assez particulier, je me suis mise en contact directement avec les entreprises de piano qui existent en Amérique latine, en leur expliquant ma situation et mon souhait de travailler dans un autre pays.
As-tu eu à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles ?
J'ai trouvé assez facilement une colocation. Il y avait énormément de propositions de locations de chambres en « pension », mais les règles de cohabitations y étaient assez strictes. J'ai donc choisi la colocation, et je suis arrivée à partager une maison avec une Argentine, un Brésilien, et un Italien. Très belle expérience, avant de vivre avec mon chéri.
Que penses-tu du mode de vie des Argentins, particulièrement à La Plata ?
En quelques mots, c'est difficile de parler d'une culture d'un peuple, d'une habitude de vie. Mais ce qui, pour moi, ressort le plus c'est la chaleur humaine. La vie en Argentine n'est pas des plus faciles. Ils ont subi, il y a peu, une dictature, plusieurs crises économiques, et à ce jour, le pays est loin d'être économiquement stable. Mais la vie ici se définirait comme : « Il faut faire avec ce qu'il y a ». Donc, dans la vie de tous les jours, l'Argentin se débrouille comme il peut, mais profite de chaque bon moment. Il se réunit le plus souvent possible avec la famille, les amis, autour d'une bière et d'un bon « asado ».
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Oui et non. Les gens m'ont tout de suite adoptée. Je ne me suis jamais sentie comme une « étrangère indésirable ». Par chance pour moi, ils adorent la France et sa culture, et cela aide énormément à s'adapter. Mais malheureusement, cela ne fait pas tout. Ce qui me coûte encore énormément à m'adapter, c'est la situation économique du pays et la violence qui y règne. Mais il faut faire avec ce qu'il y a.
A quoi ressemble ton quotidien à La Plata ?
C'est un quotidien fait tout ce qu'il y a de plus banal. La routine existe dans tous les pays. Donc en semaine, je travaille. Le week-end, cela dépend du temps, mais c'est se retrouver avec les amis, sortir boire un verre, se faire un « asado », glandouiller... « Lo normal ».
Que fais-tu pendant ton temps libre ?
Je n'ai pour l'instant pas encore d'activité, que ce soit sportive ou artistique. Je voulais faire du badminton, un des seuls sport que j'apprécie beaucoup, mais ils ne connaissent pas ici ! Mais il y a beaucoup de loisirs accessibles ici, vu que La Plata est une très grande ville universitaire, et la vie culturelle est très développée.
Un évènement particulier que tu voudrais partager ?
Il faut dire ce qu'il en est. La vie argentine n'est pas des plus faciles. Mais j'ai pu découvrir l'année dernière le nord de l'Argentine (Salta et Jujuy), les chutes d'Iguazu, la province de Cordoba... Ce pays est magnifique et possède des endroits incroyables. Il faut certes beaucoup de temps pour le découvrir, vu l'immensité de son territoire, mais je suis sûre que cela en vaut la peine.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à La Plata et en Argentine en général ?
Le coût de la vie ici est, malheureusement, très élevé. En deux ans, j'ai vu les prix augmenter de façon démesurée. Avec un salaire moyen argentin, on vit juste. Et si l'on veut voyager, l'on a intérêt d'avoir de l'argent de côté, sinon cela devient impossible.
Quelles sont les différences entre la vie en Argentine et celle en France ?
L'Argentin est une personne très ouverte et très accueillante. Bien sûr, il y a des imbéciles partout, mais je parle bien évidemment de manière générale. Ils donnent la pêche les Argentins ! Ils vivent dans un pays jeune, où il reste encore beaucoup à faire. Ils ont vécu beaucoup d'atrocités (la dictature a été incroyablement violente et sanglante), une crise économique apparaît à peu près une fois tous les 10 ans. Mais ils sont là, avec le sourire, la "buena onda" !
Ton pays natal ne te manque-t-il pas ?
Énormément ! Mais je suis très contente de vivre cette expérience, qui je pense me servira toute ma vie. Cela m'ouvre l'esprit d'une façon incroyable, et me fait prendre conscience de beaucoup de choses dont je n'avais pas la moindre idée en France. Cette expérience m'a fait ressortir mon nationalisme (dans le bon sens du terme). C'est depuis que je suis ici que je suis fière de la culture de mon pays, et d'être française !
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Argentine ?
La situation économique est plus ou moins la même dans tout le pays, mais vous pouvez trouver dans ce pays un cadre de vie unique et tellement agréable que beaucoup de Français sont venus pour ne plus repartir !
Tes projets d'avenir ?
Peut-être changer de ville, ou retourner en France. On verra ce que l'avenir nous réserve. Mais ce qui est sûr, toujours avec « buena onda » !