Bonaventure à Nouméa : « Ici, c'est vraiment le paradis »

D'où viens-tu, Bonaventure, et que fais-tu actuellement ?

Je viens du Sud de la France : Marseille (de mon enfance jusqu'à la fin de mes études) et Perpignan (7 ans avant la Nouvelle Calédonie). Je suis ingénieur eau et assainissement. C'était mon boulot en métropole et c'est également mon boulot ici. Par contre, je suis aujourd'hui fonctionnaire de la Ville de Nouméa, où j'ai été recruté sur titre.

Comment s'est passée ton installation en Nouvelle Calédonie ?

Plutôt bien. Nous sommes arrivés ici avec sac à dos et de bonnes économies. J'ai très rapidement trouvé du travail (en moins de 4 jours) dans un bureau d'études privé. Je me suis installé dans une super colocation avec laquelle j'ai pu recréer des liens sociaux. Mon ex-compagne, quant à elle, a eu plus de difficultés. Elle a mis sept mois à trouver un boulot.

Qu'est-ce qui t'a attiré vers Nouméa ?

On cherchait à tenter l'aventure de l'expatriation, mais sans la difficulté de la langue, et plutôt dans les « îles ». On hésitait entre la Nouvelle Calédonie, la Réunion et Tahiti. Honnêtement, l'argument était de se dire que l'île avait l'air plus grande et plus diversifiée, mais j'avoue que ce choix a surtout été instinctif. On ne s'est finalement vraiment pas posé beaucoup de questions.

Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?

Voilà, donc, plus de 5 ans que je suis ici. Je suis arrivé en Nouvelle Calédonie en 2009. J'étais en couple depuis 7 ans, mais nous nous sommes séparés un peu plus d'un an après notre arrivée. Ah Calédonie, « briseuse de couple » qu'il disait. Pas évident l'expatriation, encore plus si le couple n'est pas très solide ! Aujourd'hui, je suis marié à une métropolitaine, et je vais très bientôt être papa.

Quelles étaient les procédures à suivre pour que tu puisses t'installer en Nouvelle Calédonie ?

La Calédonie est la France donc pas de procédures particulières, si ce n'est de manière assez classique les impôts (il faut déplacer son foyer fiscal).

As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?

Aucune. Oui, bon, ayant gardé un appartement en location en France, les communications avec l'agence immobilière de gestion, la banque, et les impôts sont un peu plus longues et complexes. Mais une fois qu'on gère bien ses contacts, ça roule relativement bien.

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée à Nouméa ?

Au début, le contraste entre la nature et la pollution, la beauté des fonds sous-marins de l'îlot Canard et l'usine polluante et très moche de la SLN, alors que les deux sont relativement proches. Aussi, la différence entre le centre-ville (populaire, assez rustique et rues orthogonales) et les quartiers Sud (embourgeoisé, Porsche Cayenne et compagnie). Surpris également du manque de métissage et des magasins fermés le samedi après-midi.
De manière plus large en Nouvelle Calédonie, la végétation de la côte ouest, qui fait parfois très savane africaine, alors que je m'attendais à plus humide. Le lagon m'a également surpris. Je ne sais pas pourquoi mais je m'imaginais un truc bleu turquoise tout calme tout autour de la Grande Terre. Ça m'a fait bizarre de me retrouver, deux jours après mon arrivée, sur un bateau à me faire remuer par une petite houle d'un mètre sur un lagon bien bleu foncé !

As-tu eu des difficultés à trouver un logement ?

De notre côté, pas du tout. En 10 jours d'auberge de jeunesse, nous n'avions répondu qu'à une seule annonce de colocation, deux repas de présentation, et c'était bon. Clairement, c'est quand même plutôt chanceux.

Que penses-tu du mode de vie des Nouméens ?

Ça dépend lesquels ! Disons que pas mal de Calédoniens ont un bateau et que c'est très souvent le coup de pêche ou de plongée (chasse sous-marine) et d'îlot le week-end. J'avoue que ça me fait rêver, moi : avoir une maison en brousse, un peu de terrain, un pick-up double cabine, un stabicraft de 5.90 (bateau)...

Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?

En Nouvelle Calédonie, il fait chaud tout le temps... Awaaaa, mais que nenni ! En saison fraîche, je vous promets, il fait frais ! Bon, d'accord, ce n'est que le matin ou le soir, et ce n'est pas l'hiver métropolitain, mais clairement je pensais qu'il ferait vraiment chaud toute l'année ! Dans la chaîne, en saison fraîche, j'ai déjà porté un bonnet, une écharpe et une bonne polaire. Et puis oui, on l'avoue, on a tous ici une couette pour la saison fraîche. En fait, les saisons sont bien marquées finalement. Mais soyons honnêtes, sur Nouméa, hormis tôt le matin ou le soir, c'est tee-shirt toute l'année quand le soleil est là.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Moi, pas tant que ça. J'ai retrouvé rapidement mon équilibre, entre le boulot, les amis, les loisirs qui gravitent tous autour de la mer, la musique et le sport. Pour mon ex-compagne, ça a été plus compliqué, n'ayant pas retrouvé du boulot rapidement. Ma femme, cela fait un peu plus d'un an qu'elle est arrivée, et ça commence à se stabiliser tranquillement.

A quoi ressemble ton quotidien à Nouméa ?

Boulot la semaine : je commence à 6h45 et je finis à 16h à la mairie. C'est bien et ça laisse le temps en fin d'après-midi pour plein de choses ! Sinon, j'ai mes entraînements d'apnée en club et je répète avec mon groupe de musique.

Que fais-tu pendant ton temps libre ?

Je suis également fan de cuisine. Donc, j'aime passer du temps à cuisiner des petits plats pour ma femme. Le week-end, c'est plutôt accès mer, souvent des trips sur des îlots et chasse sous-marine. Je plonge également dès que je peux (je suis au niveau 2). C'est marrant ! Comme quoi, ici on est prêt à se taper deux heures de route minimum presque tous les week-ends, chose que je ne faisais absolument pas en métropole ! Et puis, on barre dès que possible en brousse, quand je n'ai pas de concert prévu.

Qu'est-ce qui te plait le plus à Nouméa ?

Je transpose à la Nouvelle Calédonie. La mer d'abord ! Sous l'eau, ici c'est vraiment le paradis. En chasse sous-marine, en apnée, en plongée, c'est juste parfait ici. Le climat ensuite, avec le soleil, la chaleur agréable presque toute l'année, et la fraîcheur des saisons fraîches. Puis, la diversité des paysages, ceux de la côte Ouest, de la côte Est, et des Loyautés, et le plus important : la dépose de cerveau. Je m'explique : en métropole, c'était une fois par an, pendant le voyage annuel qu'on s'accordait. Ici, c'est tous les week-ends ! Le vendredi soir, tu poses le cerveau et tu t'évades. Ça n'a pas de prix.

Tes spécialités culinaires préférées ?

Pas vraiment de recettes, mais ici les crevettes sont exceptionnellement bonnes, craquantes et sucrées. C'est un délice. Le cerf également : un filet bien préparé, cuit en aller-retour bleu. C'est juste succulent et ça vaut largement le bœuf ! Et puis les poissons : vivaneau et mahi-mahi pour mes préférés, et le thon jaune en sashimi.

Un évènement particulier que tu voudrais partager ?

L'avenir institutionnel de ce bout de terre. Je ne peux en être acteur, n'étant pas inscrit sur les listes électorales spéciales, mais je suis un spectateur assidu. Je trouve ça vraiment passionnant. Les politiques locales ne sont vraiment pas les meilleures, très loin de là même, alors que les enjeux sont importants pour toute la population hétéroclite de ce bout de terre. Comment vivre ensemble ici ? C'est toute la question et j'invite tous les expatriés et futurs expatriés à s'intéresser un minimum à tout ça, au passé récent de ce bout de terre, et à son avenir.

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Nouméa et en Nouvelle Calédonie en général ?

Si vous comparez les prix avec la métropole, les coûts sont bien plus chers pour quasiment la totalité des produits, biens immobiliers et services. La Nouvelle Calédonie est une île et son bassin de population représente 270 000 habitants. C'est donc très peu et ce contexte favorise des coûts importants. Les salaires des techniciens supérieurs et ingénieurs sont suffisants pour vivre correctement ici. Pour ma part, ingénieur fonctionnaire, je gagne environ 3 460 €. Cela me permet de vivre ici très correctement et confortablement, et de rentrer en métropole chaque année.
En France, je ne pense pas que mon salaire pourrait dépasser les 2 000 €, et encore dans le privé. Par contre, j'avoue que face au coût de la vie, le salaire minimum ici me semble vraiment faible. Il y a donc une grosse disparité entre main d'œuvre qualifiée et plutôt bien payée, et main d'œuvre moins ou peu qualifiée, face aux coûts, qui je pense, sont peut-être alignés avec les salaires élevés.

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?

La cueillette des champignons ! Plus sérieusement, la famille un peu (mais pas tant que ça). Oui bien sûr, il y a des plaisirs que j'avais en métropole et que je ne peux avoir ici : une petite session de snowboard, une balade automnale à ramasser châtaignes, cèpes et girolles... Mais bon, ici c'est la Nouvelle Calédonie. Donc, il faut prendre ce que ce pays veut bien offrir.

Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Nouvelle Calédonie ?

Lisez Expat blog ! C'est un forum formidable fait par des gens formidables et pour des gens formidables qui souhaitent s'expatrier. Sinon, un truc tout bête : une fois arrivé ici, concentrez-vous sur le bon que cette île peut offrir, et arrêtez de vous focaliser sur ce qu'elle n'a pas.

Tes projets d'avenir ?

Accueillir mon bébé qui arrive très bientôt et lancer peut-être le deuxième dans la foulée. L'inconnu, c'est de savoir si je vais rester ici avec ces petits « pitchounes ». Je n'en ai aucune idée ! Quand j'étais célibataire, la question ne se posait même pas. Autant à 2, 3 voir 4, nous verrons bien ce que nous dira notre cœur. On suivra notre « feeling », et puis c'est tout.