D'où viens-tu, Pom, et que fais-tu actuellement ?
Française expatriée toute mon enfance grâce à mes parents, j'ai passé quinze ans à me morfondre poliment en France, dont 5 ans d'études, puis dix dans la publicité, à Paris. Je pige pour certains sites. Je suis également très active dans une association d'accueil des français à Cape Town. Je m'occupe le plus possible de mes enfants et nous organise plusieurs fois dans le mois des escapades pour découvrir le merveilleux pays où nous avons la chance de vivre, entre autres. Autant vous dire que je ne chôme pas et récuse donc ardemment le statut de « femme au foyer » dans lequel je suis encore souvent catégorisée.
En 2013, j'ai repris le chemin de l'étranger, au Mexique, accompagnée cette fois d'un mari et d'une paire d'insupportables jumeaux de bientôt quatre ans. Après deux années passées à Mexico, nous sommes maintenant installés depuis six mois à Cape Town en Afrique du Sud. Je profite de ces nouvelles expatriations, initiées par mon mari muté dans ces pays par son employeur, pour faire ce qui me tient le plus à cœur : écrire.
Comment s'est passée ton installation en Afrique du Sud ?
Très bien. Au bout d'un certain nombre de fois, on est rodé ! C'est toujours la même organisation finalement. L'important est d'inscrire les enfants à l'école - quand on en a ! - et de trouver le logement. Puis d'effectuer les procédures administratives nécessaires (domicile, banque, téléphones, voiture, assurances, etc.) et de recevoir le déménagement... Le reste suit !
Quelles étaient les formalités à remplir pour qu'une citoyenne française s'expatrie en Afrique du Sud ?
Mon mari a d'abord dû obtenir un visa de travail. Les procédures sont très complexes ici. C'est donc un avocat spécialisé et conseillé par la société de mon mari qui s'en est occupé. Après cela, mes enfants et moi, nous avons demandé un visa familial. Les procédures ont duré deux mois, durant lesquels nous avons dû attendre à Paris.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Nous avons eu la chance de bénéficier de conditions privilégiées. Lorsqu'il faut s'en charger seul, c'est une autre paire de manches...
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée à Cape Town ?
La question de la sécurité m'a littéralement agressée. Les grilles, les barbelés, les radars, les affiches de mise en garde, les caméras... Même à Mexico, dont l'indice de dangerosité-ville est pourtant plus élevé, je n'avais jamais vu cela. Je me suis sentie prise à la gorge et j'avoue, moi qui suis pourtant d'un naturel aventurier, m'être un peu inquiétée.
En réalité, comme dans beaucoup de pays de ce type, ce sont surtout certain(e)s quartiers /zones/régions qui souffrent des problèmes de criminalité. Il s'agit de respecter quelques règles de sécurité de bases, auxquelles ne jamais déroger : ne pas faire envie (bijoux, voiture, etc), s'enfermer (en auto, à la maison, etc.), toujours signaler où l'on se rend, éviter de voyager de nuit et respecter tous les gens que vous croisez.
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?
Oui. A la différence de Mexico, par exemple, trouver un logement à Cape Town a véritablement relevé du parcours du combattant : la ville connait un boom immobilier impressionnant. Si l'on souhaite rester dans les quartiers centraux, il y a environ une offre pour trente demandes de location. Les agences immobilières ne vous rappellent jamais, les prix sont assez exorbitants, surtout entre novembre et février : c'est l'été ici, et la saison haute durant laquelle les maisons se louent très cher sur du court terme. Il ne reste presque rien pour les locations de long-terme, surtout non-meublées.
Mais nous avons eu beaucoup de chance. Nous sommes tombés, un mois après notre arrivée, sur une offre (il ne s'en est pas représenté de similaire depuis) sur laquelle nous nous sommes littéralement jetés. Mais beaucoup de mes connaissances ont trimé pendant bien plus longtemps.
Que penses-tu du mode de vie des Sud-africains ?
Je ne parle que de Cape Town et non du reste du pays où je ne vis pas. Ce que je vois ici est vraiment formidable. Les gens sont attachés à leur temps libre pour aller surfer, faire du sport, allumer leur braai à 18h00 (le barbecue local). Ils aiment leur qualité de vie : celle des produits alimentaires, des restaurants, des services... La politesse et le respect (notamment au volant ou dans les règles de voisinage) sont des valeurs importantes et assez suivies. En fait, venant de France ou même du Mexique, ça fait vraiment du bien !
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Cape Town et en Afrique du Sud en général ?
En Afrique du Sud, je ne sais pas, mais sur Cape Town je peux vous dire que l'immobilier est hors de prix. Les coût médicaux ne sont pas donnés non plus. Le coût de la vie « courante » est plutôt plus bas qu'en France, je dirais de l'ordre de 20%. Les restaurants, en particulier, sont vraiment d'un rapport qualité-prix inégalable. Les services également sont nettement moins chers. Au global, il ne faut pas s'attendre à une explosion drastique du pouvoir d'achat, sauf à ce que votre logement soit réglé par votre employeur, par exemple.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
Je n'avais aucune idée reçue, donc pas de surprise. Peut-être imaginais-je juste la ville comme un peu « provinciale » ou « petite ». En fait, l'activité culturelle et artistique est assez intense, la population est cosmopolite. Il y a un nombre incalculable de lieux à visiter et d'activités à pratiquer.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Non, car je suis d'un naturel très ouvert et énergique. Je recrée donc très rapidement un cercle de connaissances et d'amis autour de nous. Je creuse énormément la culture du pays et m'y intéresse beaucoup. Du coup, nous nous sommes vite immergés dans le bain local et nous tissons facilement la toile de notre nouvelle vie ! En plus, cette fois, je parlais déjà la langue, donc vraiment aucune difficulté en dehors, naturellement, des taches administratives et pratiques inhérentes à tout déménagement.
Qu'en est-il pour tes enfants ?
Concernant les enfants, c'est même encore plus rapide : tant qu'ils ont leurs parents, leur maison, leurs jouets et qu'ils sont bien accueillis dans leur école, à cet âge, c'est facile. Je pense que ça doit être beaucoup plus compliqué avec des (pré)adolescents.
A quoi ressemble ton quotidien à Cape Town ?
Il est plus chronométré que lorsque j'étais employée à plein-temps à Paris ! Cela dépend des jours mais globalement, mes journées sont divisées en quatre quarts que j'essaye de respecter : un pour la maison (cuisine, courses, gestion, paperasserie, organisation de nos voyages et visites, etc.), un pour l'écriture, un pour mes enfants et un dernier quart qui varie selon les jours : sport, implication dans l'association dont je parlais plus haut ou pour d'autres activités.
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?
Il y a des milliers de choses à faire et à découvrir à cape Town ! Pour les fans de sport et de nature, il y a le surf, le jogging, les randonnées, l'équitation, la plongée, la natation à portée de main. La richesse des musées et des lieux culturels, des expositions, des cinémas, des théâtres et autres concerts est également importante. La présence d'une faune et d'une flore exceptionnelles élargissent encore le champs des possibles : faire des safaris, nager avec les pingouin ou les otaries, plonger avec les requins blancs...
En dehors de la ville, le pays est immense et superbe : les week-ends et les vacances ne suffisent pas ! Enfin, pour ceux qui restent longtemps et qui en ont les moyens, il y a ensuite les pays limitrophes (Namibie, Botswana...) où vivre des expériences nature et safari hors du commun. A seulement quelques heures de vol, il y a Madagascar et toutes les îles paradisiaques de l'océan Indien. Bref : c'est infini et tout est possible !
Qu'est-ce qui te plait le plus à Cape Town ?
La qualité de vie exceptionnelle et la météo chaude et parfaitement ensoleillée, plus de 7 mois dans l'année (octobre à avril).
Tes spécialités culinaires locales préférées ?
L'Afrique du Sud n'est pas un pays de gastronomie, je veux dire par rapport au Mexique, à l'Italie, la France ou le Liban par exemple. On y trouve des poissons excellents et des viandes exceptionnelles pour le fameux braai, mais peu de vrais « plats nationaux » typiques. Je dirais donc qu'une très bonne viande grillée serait ici mon pêché mignon !
Une expérience particulière à Cape Town que tu voudrais partager ?
Par où commencer ? Le voyage à bord du dernier train à vapeur d'Afrique du Sud qui traverse toute la péninsule du Cap, chaque dimanche, et qui permet de découvrir les paysages exceptionnels de la région, tout en se laissant bercer par le cliquetis des pistons : idéal pour les enfants !
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France et au Mexique ?
Par rapport au Mexique : pas grand chose car malgré la richesse fabuleuse du pays. Nous souffrions trop de la pollution et des problèmes de santé qui sont liés à la ville de Mexico. Concernant la France, je dirais la baguette et le fromage, bien sûr !
Qu'est-ce qui t'a motivée à écrire ton blog "Les Jumeaux à Cape Town" ? En quoi ça aide ?
J'avais commencé en arrivant au Mexique avec les « Jumeaux à Mexico ». L'objectif était alors de créer un « carnet de bord » de l'enfance de mes petits et de le leur offrir à leurs dix-huit ans. Je voulais aussi que nos familles puissent suivre leur évolution et nos aventures, ce qui est difficile à des milliers de kilomètres de distance. Mais avec le temps et le nombre de visiteurs qui a augmenté, c'est aussi devenu une véritable vitrine de mon « revirement professionnel » vers l'écriture et me sert maintenant de « CV », probablement plus que l'officiel !
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Afrique du Sud ?
C'est probablement l'un des meilleurs pays au monde pour cette expérience. Maintenant, tout quitter pour venir s'y installer sans projet précis et conditions négociées en amont (avec un employeur) est assez dangereux. Il est plus difficile de percer ici qu'on peut le croire, et beaucoup de Français sont repartis bredouilles après avoir tenté l'aventure.
Dans tous les cas, évitez la saison d'été où il sera compliqué de trouver un logement. Privilégiez, si possible, avril, mai et juin, lorsqu'il ne fait pas encore trop froid. Faites un tour approfondi de la ville avant de décider où vous installer car le bord de mer ou l'intérieur des terres proposent des modes de vie très différentes !
Tes projets d'avenir ?
J'ai aussi écrit un livre que j'essaye activement de faire publier. Je vais probablement en écrire d'autres, qui sait !, et commencer à vivre de ma plume. Je vais aussi continuer à découvrir ce splendide pays et voir mes enfants grandir !
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