D'où viens-tu, Stéphanie, et que fais-tu actuellement ?
Je suis une pure Parisienne, née en plein centre de la ville, y ayant fait mes études. Mais d'origine, je viens de la campagne. Je suis une mixte. J'étais en cours de thèse quand mon laboratoire a déménagé en Suisse. Donc, j'ai du suivre. Cela fait maintenant 13 ans. Je suis chercheur en recherche biomédicale.
Qu'est-ce qui t'a attirée vers la Suisse ?
Sincèrement, je n'ai pas eu le choix. Mais les conditions de travail proposées y étaient extraordinaires avec des locaux, du matériel, des possibilités de collaboration et d'interaction impressionnantes par rapport au monde cloisonné et un peu nombriliste de la France. Pour être honnête, j'ai aussi un bon salaire, même si je suis dans le public. Ça fait plaisir d'avoir un salaire décent pour 10 ans d'études.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'une citoyenne française puisse s'y expatrier ?
J'ai eu beaucoup de chance. L'EPFL s'occupait de tout. Le permis de séjour était fourni avec le poste. Pour le reste, il a fallu faire le déménagement avec le colisage pour pouvoir passer la douane, faire les démarches pour avoir le téléphone (il fallait 500 CHF de caution à cette époque), le natel (pas d'appels à l'étranger possibles pendant 3 mois), courir au contrôle des habitants. Mais l'administration suisse est efficace.
Comment s'est passée ton installation ?
Le plus difficile a été de trouver un logement. J'ai vécu chez les bonnes sœurs pendant trois mois avant d'obtenir un 2 pièces 1/2 en suppliant la gérance. J'ai eu un peu de mal avec l'atmosphère ambiante alors que je faisais tout pour m'intégrer : vocabulaire, histoire... J'avais tout appris.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée au pays ?
Les gens étaient super polis, mais ils restent quand même assez distant. Je trouve toujours difficile de s'intégrer avec les Suisses. Mes collègues (Suisses) reconnaissent volontiers qu'ils sont froids.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
Ma patronne est Suissesse. Donc, j'étais déjà au contact et je n'ai eu aucun préjugé.
Quelles sont les particularités du marché du travail de Lausanne ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Je ne suis pas très au fait du marché du travail à Lausanne vu qu'on est venu nous chercher à Paris. Mais il est évident qu'il faut préciser à tous les gens rêvant de vivre ici que le marché du travail n'est pas aussi libre que ce que l'on croit. Il y a une sérieuse préférence nationale et personne ne nous attend, particulièrement lorsque l'on est français. Donc, il vaut mieux avoir des compétences particulières, une niche.
Est-il difficile d'y trouver un logement, en général ? Quels sont les types de logements disponibles à Lausanne ?
Oh oui ! Une gérance m'a même dit qu'étant étrangère, célibataire (mon conjoint était resté en France car travaillant pour l'Éducation Nationale), sans enfant, je n'avais aucune chance de trouver un logement. Mais le fait d'être fonctionnaire (EPFL), avoir fait une jolie lettre de motivation expliquant ma situation, cela a décidé un propriétaire. Les petits logements (pas trop chers) sont surbookés. Quand j'ai voulu déménager, j'ai remis mon 2 pièces 1/2 avec 75 dossiers de candidature. J'ai visité des appartements de 3 pièces 1/2 en compagnie de 60 autres personnes. Les gros appartements sont très chers et souvent pris pour des colocations... Il est difficile de se loger à Lausanne.
Que penses-tu du mode de vie des Suisses ?
C'est un peu calme pour moi. Mais sinon, j'aime beaucoup le lien avec la nature.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Je partagerai deux anecdotes avec vous. Mon ancienne concierge fouillait mes poubelles pour vérifier que je recyclais correctement car en tant que Française, je devais être mal-éduquée. Elle s'est faite remettre en place vertement. Puis, lorsque je me garais, les gens regardaient si je ne le faisais pas à la touchette, en faisant des commentaires. Malheureusement pour eux, je n'ai donnée aucune eau à leur moulin.
A quoi ressemble ton quotidien à Lausanne ?
En jours de semaine : boulot et dodo. Le samedi : courses et ménage. Le dimanche : repos ou sorties.
Que fais-tu pendant ton temps libre ?
Lorsque mon conjoint est là, on fait du sport en extérieur (vélo, promenade via ferrent, ski, paddle...). Quand il n'est pas là, je fais du tango, je sors avec des connaissances ou OVS.
Qu'est-ce qui te plait le plus à Lausanne ?
Le lac et le Lavaux.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?
La liste est longue : la nourriture, ma famille, mes amis, certains de mes magasins et de l'animation le dimanche. Je trouve le dimanche affreux ici. Quand je rentre, je pars toujours à vide pour revenir complètement chargée. Le rugby aussi car ce n'est pas très développé ici.
Quel est ton avis sur le coût de la vie en Suisse ? Est-il difficile pour un expatrié d'y vivre ?
Tout est très cher. Le prix de la viande est exorbitante, les laitages sont étrangement chers (ils ont des vaches pourtant), les médicaments, la culture (livres, musique...). C'est terrible de voir qu'on paie facilement 50% de plus sur beaucoup de produits. Ça s'applique aussi aux Suisses.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Suisse ?
Avant de venir, surtout ne pas considérer le pays comme la terre promise. Rien n'est donné. Le pays n'est pas social et on n'est pas attendu. Quand je vois certains sujets de discussions qui traitent de déménagement parce qu'on en « a marre » de la France, ça me fait rire. On ne déménage pas en Suisse par frustration mais parce qu'on y a un vrai projet. Après l'installation, il faut se fondre dans la masse, ne jamais ramener sa fraise, s'adapter le plus vite possible aux traditions locales.
Tes projets d'avenir ?
A priori pour le moment, je reste dans mon poste. Si mon conjoint obtient une belle opportunité dans un pays qui est convenable pour moi, on y va.