D'où viens-tu, Claude, et que fais-tu actuellement ?
Je suis né à Lyon en 1944 et j'ai une formation d'électrotechnicien. Je me suis expatrié pour la première fois en 1975 en Allemagne. J'ai appris l'électrotechnique et la mécanique fine de précision en Allemagne. En 1983, je voulais retourner en France car j'avais d'énormes problèmes d'adaptation. Les étrangers sont très mal vus en Allemagne (voir les attaques journalières contre les demandeurs d'asile). Mais, j'ai rencontré ma femme et nous nous sommes marié en 1984. En 1985, nous avons eu une fille. Lorsque j'ai perdu mon emploi en 2000, je me suis lancé dans la restauration. J'ai gardé notre restaurant jusqu'à ma retraite, peu de temps avant notre départ pour les Philippines.
Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier aux Philippines ?
Là, c'est une histoire d'amour, et une question d'argent pas plus ( Ma femme est philippine). Retourner en France n'était pas une bonne idée, car après plus de trente ans en Allemagne, je n'avais plus de relation sauf avec ma famille. Ma femme devait réapprendre le français et se réadapter. Je ne pouvais pas lui faire ça. En plus, avec nos pensions de retraite, nous serions en France comme en Allemagne: condamnés à rester emprisonnés dans notre petit HLM.
Comment s'est passée ton installation aux Philippines ?
Assez simple en fait. Nous avion déjà acheté ce terrain en 1991. Ma femme était venue en éclaireur. Nous avions une petite porcherie d'environ 50 cochons. Ma femme et ma fille s'occupaient des cochons et moi je travaillais en Allemagne. Mais elles sont revenues en 95. Ce n'était pas idéal parce que ma femme devait s'occuper du travail et de notre fille toute seule. Entre-temps, nous avions la responsabilité des enfants de l'un de mes beau-frères qui venait de rendre l'âme. Je venais tous les ans, mais cela ne suffisait pas. En 2008, nous avons fait construire notre petite maison à la place de la porcherie.
Qu'est-ce qui t'a attiré vers Catmon ?
Comme nous avions un projet de porcherie, l'emplacement était idéal, même si ça a changé au fil des années. Nous ne voulions pas vivre dans un centre touristique et je ne me vois pas enfermé dans un appartement. La campagne est idéale pour ma femme et moi. Nous sommes à deux heures de la mer, à deux heures des montagnes, à environ 50 km de Manille. La région est très bien desservie par les autocars et jeepneys.
Depuis combien de temps t'y es-tu installé ?
Nous sommes arrivés en début janvier 2012. Nous avons une fille de 30 ans qui est resté en Allemagne et qui nous rend visite chaque année. On en profite pour faire un petit voyage pour mieux connaitre les Philippines, la région de Palawan par exemple.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyen français s'expatrie aux Philippines ?
Nous avions fait toutes les démarches d'Allemagne, mais je pense que la procédure est la même en France. Nous nous y sommes pris avec une année d'avance. Nous avons d'abord recherché tous les formulaires nécessaires sur Internet. Nous avons contacté le consulat des Philippines qui nous à envoyé les formulaires. Mais nous avons constaté que ce ne sont pas les mêmes. C'est pour cela que je conseille toujours de téléphoner aux consulat au préalable. Par la suite, nous avons étés soumis a une visite médicale, des examens de radiographie, de dépistage du HIV, entre autres.
En octobre 2011, nous avons envoyé tout ce qu'ils demandaient. Quelques jours plus tard, nous étions convoqués à Berlin. Le consul nous à reçu séparément. Il voulait connaitre l'objet de mon expatriation et ce que je pensais des Philippines. Ça n'a pas duré plus de 20 minutes. Après cet entretien, nous avons eu le temps d'aller au restaurant et faire une petite balade. A 16h, nous avions notre visa. C'est un visa provisoire qui n'est valable qu'une seule fois pour une durée d'un an. Nous sommes arrivés le 6 janvier 2012. Le 8 janvier, nous nous sommes rendus à manille pour notre immatriculation, contrôle de l'acte médical, photographie, signature, empreintes digitales. Arrivés à 10h, nous somme repartis à 16h avec notre carte de résident permanent.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Nous n'avons rencontré aucun problème. Dans chaque file d'attente, quelqu'un nous as pris par la main, et nous à guidé vers le « Senior Priority Line ». Cela m'a surpris au départ. Mais on trouve des « Senior Priority Lines » partout.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris le plus à ton arrivée à Catmon ?
D'abord, c'est la curiosité des gens. Ils n'arrivaient pas à comprendre le fait que je ne sois pas Américain. Les enfants qui me regardaient de haut en bas. Mais les Philippins sont gentils et toujours prêts à aider.
Est-il difficile d'y trouver un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?
Heureusement, je n'ai pas eu ce problème. Pour un Européen, trouver un appartement dans une ville non touristique comme Santa Maria peut être assez difficile. Néanmoins, l'on peut trouver des maisons a louer, par exemple des quatre pièces avec une cuisine, une grande terrasse et deux sales d'eau pour 4 000 ou 5 000 pesos. Les prix des appartements, pour leur part, vont de 1 000 à 3 000 pesos pour des surfaces d'entre 20 et 40m². Il y en a beaucoup, mais avec beaucoup de problèmes aussi.
Que penses-tu du mode de vie des Philippins ?
C'est très difficile de répondre. Ils on un mode de vie forcé et non forcé à la fois. Je m'explique. Le chômage est une chose courante qui force ces pauvre gens à vivre au jour le jour, comme ils peuvent. Ce sont ceux qui ont un emploi stable qui savent qu'ils pourront encore manger à leur faim le lendemain. Autrement, ils ont une vie assez chaotique, sans discipline. Je n'aimerai pas être obligé de vivre avec ce sentiment d'insécurité. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas restés en 1995.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Je n'ai pas eu de difficultés car je savais comment m'adapter ici. C'est différent lorsque l'on a déjà été obligé de s'adapter dans le passé. On sait comment si prendre.
A quoi ressemble ton quotidien à Catmon ?
Pour moi, c'est une vie merveilleuse. Je ne peux même pas penser à autre chose. Notre terrain de 1 000 m² nous donne déjà beaucoup de travail. Nous avons trois chiennes et un chat. Ça nous occupe déjà pas mal, sans compter ma petite famille avec les cinq petits de mon neveu et de ma nièce. Je bricole l'électronique, je joue un peu d'accordéon ou de clarinette, je m'occupe avec des modèles de trains électriques. J'aime aussi aller me promener en ville où je suis maintenant connu.
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?
Je n'ai presque jamais de temps libre. Quand il pleut, je joue l'accordéon ou je monte un circuit de trains miniature en H0. S'il ne pleut pas, on essaye de rendre le plus agréable possible notre temps. On fait des petits voyages de 2 à 7 jours pour découvrir les Philippines. On trouve aussi de grandes piscines à Santa Maria. L'une d'elles se trouve à Catmon. Sinon les expatriés peuvent profiter du tennis, de la natation, la pêche, le cyclisme, la promenade. Ils peuvent même faire des petits tours comme Iloco qui nous a coûté environ 4 000 pesos (ce qui fait 80 €).
Qu'est-ce qui te plait le plus à Catmon ?
Naturellement notre terrain, nos voisins (même si la communication n'est pas toujours à 100%). Les alentours, c'est la campagne, le riz bien sur, mais aussi des légumes, des chèvres, les carabaus, des coqs dans tous les coins...
Tes spécialités culinaires locales préférées ?
J'aime bien le lechon, le pensit et l'adobo.
Un évènement particulier que tu voudrais partager ?
Le Barangy de Catmon avait un surplus d'argent. Ils ont fait cimenter 90 % des routes qui menaient vers les habitations. Une fois, une femme très riche a offert à la municipalité quelques hectares de terrain pour la construction d'un lycée. Ça m'a un peu surpris.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Catmon et aux Philippines en général ?
Catmon est une subdivision de Santa Maria. Le coût de la vie est d'environ 20% plus cher à Catmon qu'à Santa Maria. Les commerçants achètent leurs marchandises à Santa Maria pour les revendre à Catmon. Nous allons en ville deux fois par semaine pour faire nos achats. Le riz traditionnel (30 à 35 Php), le poisson (60 à 150 Php), les légumes aussi (entre 30 et 50 Php) sont plutôt chers en ce moment. Santa Maria est une petite ville commerçante, riche et moins chère que Manille, mais l'on n'y trouve pas de tout.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?
La langue française et l'entretien. J'aurais bien aimé avoir la télé française. Hélas ! Même par internet, il faut payer pour l'avoir, mais avec les débits trop lent, ce n'est pas intéressant.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier aux Philippines ?
Bien réfléchir avant de prendre une décision. Les quelques mois de vacances, même répétés, ne suffisent pas pour connaitre le pays. Il faut bien préparer son départ (au moins un an pour tout préparer), bien se renseigner sur la façon de vivre, et bien se mettre dans la tête que l'on doit dire adieu aux fromages, lait frais, apéros, vins (à des prix élevés). Il faut aussi connaître les lois et avoir quelqu'un à ses côtés pour faciliter la communication. Il vaut mieux avoir une bonne maitrise de l'anglais. Ici, on ne parle pas anglais, mais américain ou encore « English Carabau ».
Tes projets d'avenir ?
Je souhaite pouvoir vivre encore longtemps dans ces conditions.
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