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Georges Gaspard : « L'Alliance Française d'Oslo vous reçoit comme en famille »

Publié le 11 Mai 2016
Originaire de Lorraine, Georges Gaspard est arrivé au Pays des Fjords dans les années 1960. Il y a fait sa carrière et fondé une famille. Aujourd'hui à la retraite, il préside l'Alliance Française d'Oslo, sur la base du bénévolat.

Monsieur Gaspard, vous êtes à la tête de l'Alliance Française d'Oslo. Pouvez-vous, dans un premier temps, nous expliquer votre parcours professionnel ?

Je suis arrivé en Norvège dans les années 1960. J'ai débuté ma carrière professionnelle en tant qu'enseignant en langue et civilisation française à l'Université d'Oslo. J'ai ensuite mis mes compétences au service des étudiants de l'Université de Bergen, et enfin de la Norwegian School of Management jusqu'à ma retraite.

J'ai rejoint le bureau de l'Alliance Française d'Oslo en 2008, et je suis à la tête de l'institution depuis 2012.

Lors de vos études en France, qu'est-ce qui vous a poussé à apprendre le Norvégien ? Jusqu'à présent, cette langue n'est pas très répandue dans les programmes.

Comme aujourd'hui, il existait des instituts scandinaves dans plusieurs universités en France. C'était pour moi une matière exotique, plus intéressante que l'Histoire de France. De plus, à cette époque (fin des années 1960), les films du Suédois Ingmar Bergmann étaient à la mode : j'ai eu envie d'apprendre le Suédois mais le cours était plein et il restait une place au cours de Norvégien.

Mes amis, ainsi que mes proches, m'ont ensuite encouragé à m'y rendre pour découvrir le pays. A l'université d'Oslo, j'ai alors effectué un Bachelor d'Histoire de l'Art, ce qui m'a permis de faire connaissance avec l'art scandinave. J'y étais venu pour six mois, puis je suis resté un an, deux ans, trois ans... Au final, je n'en suis jamais reparti !

Comment pourriez-vous décrire le mode de vie Norvégien ?

La première impression que donnait la Norvège à cette époque, c'est d'être un pays un peu fermé. Le pays n'avait pas encore trouvé de pétrole ni de gaz en Mer du Nord. C'était encore un pays de confession protestante stricte, vivant avec le souvenir des années d'occupation 1940-1945. Il fallait tout faire avec modération.

Aujourd'hui, le pays a beaucoup évolué. C'est un pays riche avec un niveau de vie élevé. Le train de vie est nettement moins stressant qu'en France ! Beaucoup d'étrangers viennent s'y installer, notamment des jeunes venant étudier dans les instituts de recherche ou travailler dans les compagnies pétrolières, entre autres.

Est-il facile pour un expatrié de s'intégrer en Norvège ?

Il est très facile de s'intégrer si vous venez d'un pays européen ou des Etats Unis. Sinon, l'intégration est plus difficile et plus lente. L'immigration jusque l'an dernier était relativement faible.

A quelle fréquence retournez-vous en France ?

Lorsque je travaillais à l'université, j'avais l'occasion de voyager avec mes étudiants. Je rentrais quatre à cinq fois par an en moyenne et j'en profitais pour rendre visite à mes amis et à ma famille. Aujourd'hui, j'y retourne tous les ans pour les grandes vacances, la Norvège étant à une heure et demie de Paris en avion.

Comment êtes-vous arrivé au sommet de l'Alliance Française d'Oslo ?

Mon épouse, de nationalité norvégienne, avait l'habitude de participer aux manifestations et réunions de l'Alliance Française d'Oslo. Je l'ai accompagnée un jour, et j'ai fait connaissance avec l'équipe. Aujourd'hui, nous sommes neuf personnes à faire partie du comité de l'Alliance Française d'Oslo, toutes bénévoles. J'ai commencé en tant que conférencier, et il m'a été proposé de présider le service en 2012. Proposition que j'ai acceptée volontiers.

En tant que président de l'Alliance Française d'Oslo, quelle est votre mission ?

Mon rôle est de coordonner le travail des membres du bureau. Nous avons deux priorités : trouver des conférenciers et des animateurs pour nos manifestations, et trouver de nouveaux adhérents. Oslo est la capitale norvégienne, il s'y tient de nombreuses activités (opéra, théâtre, cinéma, etc.). La nightlife est en effet très importante dans la vie du Norvégien.

Aujourd'hui, l'Alliance Française d'Oslo vit grâce à une centaine de membres, dont la moitié est composée de Français ou de francophones, et l'autre de Norvégiens. Il n'y a pas beaucoup de jeunes : nos événements attirent certaines générations d'adhérents. Ces derniers en parlent entre eux et on retrouve le même type de public à chaque manifestation.Nous organisons des conférences culturelles une fois par mois. Elles ont pour objet la littérature, le cinéma, la chanson francophone. Les thèmes varient beaucoup en fonction des conférenciers. Par ailleurs, du fait que le soutien financier de Paris à l'Alliance Française a été supprimé depuis un certain temps, nous faisons face à des contraintes budgétaires. Ce sont donc les cotisations des adhérents qui permettent à l'Alliance Française d'Oslo d'organiser et d'accueillir des activités. A ce titre, nous faisons au mieux pour coopérer avec d'autres associations culturelles franco-norvégiennes, l'Institut Français d'Oslo et la communauté expatriée.

Vous parlez de nightlife : quelle est son importance dans la vie du Norvégien ?

Les Norvégiens aiment beaucoup sortir. Les bars, cafés et les clubs restent ouverts jusqu'à 3 heures du matin à Oslo et il y a plus de monde dans les rues à la fermeture que dans la journée. Avant un concert ou un anniversaire, les gens se rassemblent dans un café pour chauffer l'ambiance puis après le concert, on ne rentre pas chez soi, on continue la soirée ou la nuit dans un appartement privé ou dans un club. Les expatriés doivent également s'habituer à boire beaucoup et vite, comme le font tous les Norvégiens.

Comment trouvez-vous les Norvégiens ? Quel est leur mode de vie et de pensée ?

Le mode de vie et de pensée ressemble de plus en plus à celui des autres pays. Ils sont très fiers de leur pays, qu'ils considèrent comme le meilleur endroit sur la terre. Dans chaque jardin le drapeau flotte en haut d'un mât.

Quel est le rôle de l'Alliance Française envers les Norvégiens ?

Le but de l'Alliance Française d'Oslo est, avant tout, de faire connaître la culture française au-delà des idées reçues des Norvégiens. En effet, ici, la musique française se résume à Edith Piaf, et la littérature à Albert Camus, Gustave Flaubert ou encore Chateaubriand. C'est un peu archaïque et traditionnel. Ainsi, nous essayons de faire connaître la culture d'aujourd'hui, avec des auteurs plus jeunes et des thèmes plus actuels, entre autres. En revanche, l'Alliance Française d'Oslo ne dispense pas de cours de langue française. C'est l'Institut Français d'Oslo qui se charge de ce volet.

Et envers la communauté francophone ?

Nous nous adressons aux associations françaises et francophones en leur annonçant tout notre programme. Nous faisons en sorte que tout le monde en prenne connaissance. Cependant, la communauté française et francophone est assez petite. Les événements de l'Alliance Française d'Oslo s'adressent donc surtout à la communauté norvégienne, chez qui nous souhaitons susciter et cultiver un certain intérêt pour la francophonie et pour la France.

L'Alliance Française d'Oslo accueille de nombreuses manifestations francophones. Quelle place est accordée à la culture française en tant que telle ?

L'activité de l'Institut Français d'Oslo est beaucoup plus importante que celle des autres associations francophones. De ce fait, l'Alliance Française d'Oslo aborde, elle aussi, des thèmes culturels majoritairement français au-delà du fait qu'ils soient francophones. Cela dit, il nous arrive de recevoir des conférenciers belges, québécois voire nord-africains. Cela dépend aussi de leurs disponibilités.

Quels sont les services et les avantages offerts aux adhérents de l'Alliance Française d'Oslo ?

Il n'y a pas d'avantages concrets, si ce n'est que les adhérents font partie de l'association à part entière et peuvent participer, se retrouver en petit comité pour discuter et renouer avec leur culture. Après chaque conférence, nous partageons vin, fromage et autres biscuits apéritifs. L'idée est de créer un petit milieu et de passer un moment convivial.Les non-adhérents peuvent, quant à eux, se tenir informés des activités de l'Alliance Française d'Oslo via la page Facebook ou le site. Nous disposons également d'une mailing list, pour faciliter la promotion du programme des activités du semestre ou de l'année. Enfin, le journal local d'Oslo nous réserve un petit encart dans ses colonnes quelques jours avant les événements que nous organisons. Pour ce qui est de la participation aux conférences, par exemple, elle est de cinq euros pour les adhérents, et de six euros pour les non-adhérents. Dans les deux cas, il s'agit d'une somme symbolique.

Jusqu'à présent, que retenez-vous de votre expatriation et votre carrière en Norvège ?

En 50 ans, j'ai appris à connaître la Norvège et j'ai eu l'occasion de faire de nombreuses rencontres : des collègues, des connaissances, des amis de nationalités diverses. Ce sont des opportunités que je n'aurais sans doute pas eues en France. Par ailleurs, vivre aussi longtemps en Norvège, c'est, en quelque sorte, apprendre à vivre comme un Norvégien. En épousant une citoyenne Norvégienne et en fondant une famille dans ce pays, oui, je suis presque devenu un Norvégien.

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