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Alexandre Guillochon : « La chaleur humaine des Égyptiens rend ce pays très attachant »

Alexandre en Egypte
Publié le 30 Août 2016

Arrivé sur la terre des Pharaons en 2013, Alexandre Guillochon a été séduit par le mode de vie des Egyptiens et la richesse culturelle du pays.

Monsieur Guillochon, quel a été votre parcours avant d'arriver en Egypte ? Depuis combien de temps y êtes-vous installé ?

J'ai débuté mon parcours à l'Alliance française de Carthagène des Indes et de Medellin en Colombie, en tant que stagiaire dans le cadre de mes études en relations internationales et développement culturel. Puis, j'ai rejoint Madagascar en 2009, où j'ai travaillé comme directeur adjoint de la deuxième Alliance française du pays. Après une reprise d'études en France, j'ai posé pied il y a 3 ans sur les bords du canal de Suez, à Port-Saïd.

Quelles sont vos impressions sur l'Egypte ? Pouvez-vous comparer vos expériences à l'étranger ?

L'Égypte est un pays où il fait bon vivre, et ce, malgré la crise politique, sécuritaire et économique que traverse le plus grand pays arabe. Ce sentiment trouve son origine dans la naturelle gentillesse, l'humour et la bienveillance des Égyptiens. Je n'ai pas pour habitude de comparer les pays où j'ai pu travailler, car ils sont tous différents, mais j'aime à penser que mon expérience égyptienne est l'une des plus riches et authentiques que j'ai pu vivre sur le plan humain.

Vous avez une belle expérience en tant qu'expatrié et au sein de l'Alliance Française. Peut-on dire que vous avez pris goût à la vie à l'étranger ?

Mon penchant pour l'expatriation remonte à mon enfance, époque où je rêvais d'aventures et de contrées lointaines. En grandissant, cela a évolué vers une attirance pour l'altérité et les autres cultures. Cette aspiration est donc à l'origine de mon choix de carrière à l'étranger. A l'Alliance française, je suis en immersion totale dans la culture égyptienne. Je travaille avec un comité et des collaborateurs égyptiens et évolue au contact d'étudiants et de partenaires égyptiens. La dimension humaine et l'ancrage dans le tissu socio-culturel sont les aspects les plus exaltants de ce travail.

Comment s'est déroulée votre adaptation ?

Port-Saïd est une ville très agréable, certainement la plus belle ville d'Egypte au regard de son positionnement géographique, entre la mer et le canal de Suez, et de son patrimoine architectural unique, témoignage des multiples influences culturelles qui ont façonné la physionomie de la ville. Mon adaptation s'est bien passée grâce à la bienveillance des salariés et des membres du conseil d'administration, tous francophones et francophiles convaincus. Au fur et à mesure de mes expériences à l'étranger, je prends de plus en plus vite mes marques dans un nouveau contexte. La difficulté principale fut naturellement la communication, car l'anglais est très peu répandu à Port-Saïd à la différence du Caire ou d'Alexandrie. Pouvoir bien s'exprimer en arabe nécessite patience et opiniâtreté. Mon adaptation est donc passée par l'apprentissage d'un arabe de "survie" pour être indépendant dans mes tâches quotidiennes et mes déplacements.

Vous êtes aujourd'hui directeur de l'Alliance Française de Port Saïd. Etait-ce dans vos projets en arrivant ?

Tout à fait, c'est d'ailleurs la première fois que je découvre ce pays tout comme le monde arabe. Opérateur de la francophonie, et instrument de la diplomatie culturelle française, l'Alliance française poursuit ses missions de promotion des cultures francophones et de la langue française dans un esprit de dialogue et d'échanges culturels. Nous proposons une expérience globale, une immersion dans la culture française et européenne à la faveur d'activités culturelles diversifiées dans un contexte où l'offre culturelle et artistique est limitée. Une large frange de la jeunesse port-saïdienne est en demande d'évasion et d'ouverture sur d'autres référentiels culturels.
 

Nous offrons une gamme de cours de français adaptée aux objectifs et contraintes de chacun. Nous proposons également un centre de ressources en langue française comptant pas moins de 5 000 ouvrages, une bibliothèque pédagogique pour les étudiants et un espace numérique pour accéder à la médiathèque virtuelle « Culturethèque ».
 

Mon travail consiste à animer cette belle structure ou travaillent 17 salariés, dans les domaines culturel et pédagogique, de pérenniser son modèle économique et d'asseoir son ancrage territorial au moyen de partenariats avec les acteurs associatifs, culturels et éducatifs locaux.

Quelles sont les plus grosses différences culturelles entre la France et l'Egypte ? Quel est le mode de vie en Egypte ?

De prime abord tout différencie nos deux pays, mais le contact avec la culture arabo-musulmane nous renvoie à nos racines latines. La chaleur humaine et la sociabilité des Égyptiens rendent ce pays très attachant. De passage en France, j'ai toujours hâte de revenir à Port-Saïd pour ressentir l'effervescence des rues, l'atmosphère bruyante et enfumée des cafés traditionnels où les hommes s'adonnent à de filandreuses conversations, la chicha en bouche et le verre de thé en main. En Egypte, l'essentiel de la vie sociale se passe à l'extérieur, la maison est un espace intime. En journée, les hommes et les femmes vaguent à leurs occupations respectives pour se retrouver le soir à la maison. Il se passe toujours quelque chose en Egypte, densité de population aidant, vous ne trouverez aucune rue vide à toute heure. Les commerces ferment tard dans la journée, si bien qu'il est possible de faire son marché à minuit, et de trouver au coin de chaque rue un kiosque en permanence à votre disposition.

Quelle est la place de la culture francophone et de la langue française en Egypte ?

Nos deux pays jouissent d'une longue histoire commune, des relations qui furent parfois tumultueuses mais le plus souvent heureuses. La France est admirée et respectée en Egypte. Le français était une langue refuge pendant le protectorat anglais, et généreusement utilisé par les élites intellectuelles, dans les milieux bourgeois et aristocrates. On estime le nombre de locuteurs français à 3 millions. C'est la deuxième langue enseignée après l'anglais. La France compte 13 établissements à programme français rassemblant chaque année près de 6 300 élèves, 50 établissements bilingues francophones avec 41 000 élèves, 2 000 étudiants dans 10 filières francophones universitaires, une université française, un Institut français accueillant plus de 11 000 étudiants différents par an.

Quelle est la plus belle leçon que vous avez apprise en Egypte ?

Certainement, la primauté de l'humain et du vivre ensemble sur un individualisme relayé au premier plan par nos sociétés occidentalisées.

Egypte
Le Caire

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