Afin de redorer son blason aux yeux des expatriés, y compris les professionnels et les investisseurs, les Émirats arabes unis viennent d'annoncer une série d'amendements de leurs lois. Ces changements interviennent à l'approche de l’événement Dubaï Expo dont la tenue a été repoussée pour l’année prochaine en raison de la crise sanitaire mondiale. Quels sont ces changements et comment affecteront-ils la vie des expatriés ?
Autorisation aux couples non mariés de cohabiter
Dorénavant, il est possible pour un couple de vivre sous le même toit en n'étant pas mariés. Il s'agit de l'un des amendements apportés par le gouvernement émirati afin d'améliorer le niveau de vie dont profitent les ressortissants étrangers qui ont choisi de poser leurs valises dans le pays. Ces amendements s'appliquent également aux colocataires de sexe opposé. Auparavant, selon la loi de la Charia, ou la loi islamique, il était illégal de partager la même chambre ou même la voiture qu'une personne du sexe opposé sans avoir des liens de parenté ou être mariés. Il était également interdit de s'embrasser et de se tenir la main en public. Des gestes qui ont coûté la prison ainsi que la déportation à de nombreux couples d'expatriés dans le passé. D'autant que la police était autorisée à effectuer des inspections à domicile des couples non mariés soupçonnés de cohabiter de manière illégale. Il faut d'ailleurs reconnaître que les procédures relatives au mariage sont compliquées aux EAU. Ce qui s'avère assez décourageant pour les couples d'origine étrangère.
Autre fait intéressant : l'Arabie saoudite a choisi d'emboîter le pas aux EAU. Les couples non mariés qui partent en vacances en Arabie saoudite sont à présent autorisés à partager la même chambre d'hôtel. Les ressortissants étrangers n'ont plus à présenter un certificat de mariage pour y être admis. Aussi, il est désormais possible pour les femmes de voyager seules en Arabie saoudite et de réserver une chambre d'hôtel.
Plus de protection pour les femmes
Au cours des dernières années, les EAU ont fait énormément d'efforts pour assurer davantage de protection aux femmes victimes d'abus sexuels. Ces nouveaux amendements s'étendent à présent à différents types d'abus, y compris le harcèlement répétitif, verbal et physique, quel que soit l'endroit où il a été commis, et le « stalking ». Ils font également la distinction entre les abus contre les femmes et les « crimes d'honneur » généralement commis par les hommes en vue de préserver leur honneur. En effet, les crimes d'honneur sont une punition infligée aux filles et aux femmes qui osent fuguer, se lier avec des hommes ou transgresser les valeurs conservatrices du pays. Ces cas seront dorénavant traités comme des agressions ou des homicides. Les sanctions infligées aux hommes reconnus coupables seront ainsi plus sévères, avec des amendes allant jusqu'à 100 000 dirhams, soit l'équivalent d'environ 27 000 $.
Divorcer selon les lois de votre pays
Si vous vivez en couple aux Émirats arabes unis et que votre mariage a mal tourné, vous n'aurez aucun souci à vous faire. Auparavant les divorces se déroulaient selon les lois du pays d'origine de l'époux, mais ce ne sera plus le cas désormais. En effet, les divorces auront lieu selon les lois du pays dans lequel vous vous êtes mariés. Aussi, en cas du décès de l'un des deux conjoints pour les couples mariés, la question de l'héritage du patrimoine dépendra de la loi du pays d'origine du défunt. Auparavant, les héritiers avaient la possibilité de solliciter l'application de la loi de leur pays d'origine.
Dépénalisation de l'usage de l'alcool
Auparavant, la vente et la consommation de l'alcool étaient interdites dans de nombreux émirats, comme Sharjah. A Dubaï, en revanche, les touristes et les expatriés étaient tenus d'obtenir un permis temporaire auprès de l'un des deux distributeurs de boissons alcoolisées pour pouvoir en consommer. Aussi, ils étaient seulement autorisés à consommer de l'alcool dans des endroits désignés, à savoir, les clubs, bars et restaurants. Être ivre dans un lieu public était d'ailleurs un acte puni par la loi. Ce qui ne sera plus le cas à présent. Il n'empêche qu'il faut avoir plus de 21 ans pour pouvoir acheter et consommer de l'alcool aux EAU.
Avec ces réformes, les Émirats arabes unis visent ainsi à afficher leur tolérance envers les ressortissants étrangers issus des quatre coins du monde et témoigner de leur ouverture à l'international sur le plan social et économique. C'est d'ailleurs ce que nous confie Jérôme, un expatrié français à Abou Dabi. « C'est une excellente nouvelle, très appréciée par les expats français. L'un des objectifs de ces mesures est d'attirer encore plus d'expatriés en limitant les contraintes légales ». Mais Jamila, qui vit en France, n'est pas du même avis. Pour elle, « Les expatriés doivent respecter les lois du pays, comme partout ailleurs ».
XTang, un expatrié pakistanais en Arabie Saoudite, voit ces amendements d'une façon différente. « Dans la pratique, tout ce qu'on fait c'est éliminer les risques et la peur. En réalité, toutes ces choses qui sont aujourd'hui autorisées ont toujours été faites dans le pays, et la plupart des gens n'ont pas été condamnés dans le passé. Par exemple, les gens se font livrer de l'alcool à domicile via des commandes en ligne ou en achètent dans les boutiques hors taxe. Il est possible de consommer de l'alcool dans un bar mais pour en acheter légalement dans le pays, il faut détenir un permis d'alcool). Aussi, les couples non mariés vivaient déjà ensemble ».
En ce qui concerne le divorce, selon lui, les non-musulmans ont toujours eu le choix, c'est-à-dire les lois de leur pays d'origine. « Le seul changement est que c'est désormais la loi du pays où le mariage a été célébré qui sera appliquée, par rapport à la nationalité. Dans le passé, si les deux parties étaient de deux nationalités différentes et ne s'entendaient pas sur le pays, c'est la charia qui était appliquée ».
XTang souligne également que la plupart des gens sont passés à côté du plus grand changement : celui d'un testament pour les musulmans. « Dans le passé, même si un musulman avait un testament et mourait, la charia était appliquée. Désormais, il est possible de rédiger un testament et de préciser la loi du pays que vous souhaitez appliquer en cas de décès ».
