Vivre en Guyane

Publié le 31 Janvier 2011

Bonjour, je me surnomme Kayenne, j'ai 36 ans, je suis scientifique de formation et journaliste de profession, j'ai deux enfants et je suis Bretonne. Et comme chacun sait, les Bretons sont souvent, dans l'âme, des aventuriers et des globe-trotters...

Comment t'es venue l'idée de t'installer en Guyane ?

Je connaissais déjà l'Amérique du Sud, à travers plusieurs séjours professionnels intinérants, au Chili et au Brésil notamment. J'ai adoré le Brésil, ses couleurs, sa luxuriance, sa population, ses paysages et j'envisageais d'aller y vivre un jour. De là à s'installer en Guyane, frontalière, il n'y a qu'un pas. La Guyane, c'est l'Amazonie française, l'évasion équatoriale dans sa langue maternelle, l'expatriation tout en restant administrativement en France : c'est un bon compromis, teinté d'aventure, idéal pour les amoureux de la nature, et nettement plus cool que la Métropole.

Depuis combien de temps es-tu partie? Est-ce la première fois que tu vis à l'étranger ?

Je suis partie en Guyane avec les enfants (9 ans et 15 mois) et les animaux (deux chiens et un chat) peu après Noël, pour rejoindre mon compagnon qui y travaillait depuis fin octobre. Cela fait 1 mois et demi, bientôt deux, que nous vivons tous ensemble à Cayenne. Une grande nouveauté pour les enfants, qui auront la chance de vivre une longue expérience sur un autre continent, de s'enrichir des différences culturelles et de découvrir une nature exceptionnelle. Pour moi aussi, bien sûr, mais ce n'est pas une première : j'ai déjà vécu quelques temps à Vancouver, au Canada, il y a quelques années.

Comment s'est passée l'installation ?

Mon compagnon est parti en éclaireur, deux mois avant nous, avec un contrat de travail en poche. En partant seul, il pouvait plus facilement s'organiser et nous évitions l'écueil de conditions précaires et/ou aléatoires les premières semaines : avec des enfants (dont un bébé) et des animaux, on ne pouvait pas de permettre de "bricoler" ou d'improviser. Il a bien déblayé le terrain sur place, en trouvant un logement, du mobilier de base (beaucoup d'opportunités en occasion), une voiture. Il a aussi effectué les démarches administratives de base : téléphone, EDF, eau, internet. Nous avons opté pour un déménagement minimaliste : uniquement des vêtements d'été et des effets personnels indispensables, une sélection de jouets pour les enfants, c'est tout. Nous avons laissé le reste, tous nos meubles et la voiture en Métropole : il est important de conserver un pied-à-terre, une base de repli quand on part s'installer quelques années au loin. C'est une sécurité et une facilité appréciables.

As-tu visité les pays aux environs de la Guyane depuis que tu y vis ?

Deux pays partagent une frontière avec la Guyane : le Brésil, au Sud, et le Surinam, au Nord. Je connais, nous connaissons tous les deux le Brésil, pays que nous aimons beaucoup. Nous irons donc y faire un tour dès que possible, avec les enfants. Le Surinam, l'autre pays frontalier, est paraît-il superbe. Nous irons également, mais plus tard. Pour nous laisser toutes les options possibles, nous avons fait établir des passeports pour tout le monde avant de partir (alors qu'une simple carte d'identité suffit pour se rendre en Guyane). Nous avons également prévu d'aller passer, à l'occasion, des vacances aux Antilles, car c'est à peine à une heure de vol...Et pourquoi pas un petit tour en Floride, aussi, car il y a des vols réguliers pour Miami.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris, en Guyane ?

"L'effet container" dans les magasins ! Je m'explique : l'approvisionnement, en diversité comme en quantité, dépend des livraisons qui arrivent par bateau. Entre deux arrivages, les rayons se vident - au point de ressembler à du gruyère plein de trous - et de nombreuses marchandises de base manquent à l'appel : ça m'évoque irrésistiblement les pénuries dans l'ancien bloc soviétique...

Quel est ton meilleur souvenir ?

C'est difficile à dire, car j'ai encore plein de choses à découvrir ! Et le meilleur est sans doute devant moi : passer une nuit sur le marais de Kaw à la recherche des caïmans noirs, par exemple, assister à la ponte des tortues marines sur les plages, voir décoller Ariane depuis le PC Jupiter, remonter les fleuves en pirogue, passer une nuit en forêt dans un carbet... Je dirais que pour le moment, ce qui m'a le plus dépaysée, c'est la forêt primaire : les bruits de la jungle, la magnifiscence des arbres géants, l'exubérance de la végétation, la faune qu'on espère rencontrer au détour d'un layon...

Les Guyanais sont-ils accueillants ?

Oui, les Guyanais sont ouverts et assez cool, y compris au volant et au travail. Il n'y a pas de racisme malgré une très grande diversité ethnique : Créoles, Noirs marron, Amérindiens, Asiatiques (Hmong et Chinois), Brésiliens, "Métro", etc... Dans l'ensemble, toutes les communautés co-habitent paisiblement, mais il n'y a pas de mélanges non plus : chacun à tendance à rester chez soi.

As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog ?

J'ai de nombreux contacts par e-mail et beaucoup d'encouragements. Généralement des gens qui s'apprêtent à venir s'installer en Guyane et qui recherchent des informations sur la vie ici. Ils veulent se représenter ce qui les attend, car leur arrivée est souvent le fruit d'une mutation professionnelle et non un choix délibéré de leur part. J'espère bien rencontrer certains d'entre eux à leur arrivée ici !

Quand t'es-tu enregistrée sur Expat.com ? Qu'est-ce qui t'a donné envie d'ouvrir ce blog ?

Créer un blog était une évidence : j'ai toujours aimé l'écriture et la photographie, et partager mes découvertes avec mes proches me semblait incontournable. Ce blog s'adresse donc d'abord à ma famille et à mes amis, afin qu'ils découvrent notre nouvelle vie et de leur donner envie de venir nous voir en Guyane. Il s'adresse aussi aux futurs expatriés qui, comme nous, voudrons en apprendre un peu plus au moment de boucler leurs valises. Avant de partir, j'ai longtemps cherché des informations fiables sur la vie quotidienne en Guyane et j'écris aujourd'hui ce que j'aurais aimé trouvé à l'époque. S'agissant "d'expatriation" et de partage d'expérience, il m'a semblé naturel de figurer sur Expat-blog...