Manuel, 34 ans, professeur de Technologie (en fait Construction mécanique dans la vraie vie), issu de la campagne profonde du Beaujolais (Lyon) mais qui aime découvrir le monde. Malheureusement, après une première expérience d'expatriation comme CSN en 2000 au Niger, je me suis aperçu que je n'étais plus capable de découvrir les merveilles du monde qui nous entourent en simple voyageur. Ce que j'aime, c'est m'installer dans un pays, découvrir les clés pour comprendre (un peu) la vie sur place et voyager, toujours dans l'objectif de mieux découvrir le pays qui m'accueille.
Comment t'est venue l'idée de t'installer à Yaoundé?
En bossant dans les lycées français du monde on ne choisit pas vraiment. D'abord je ne suis pas « expatrié » dans le sens de mon contrat de travail : il y a 3 catégories, les expatriés, très bien rémunérés mais pouvant rester au maximum 6 ans dans le pays, les résidents comme moi, qui touchent leur salaire en France et une légère prime appelée ISVL, mais qui peuvent rester indéfiniment et les contrats locaux, employés selon le droit du travail du pays d'accueil. Donc quand paraissent les postes libres pour la rentrée suivante, nous postulons et attendons patiemment de savoir qui nous choisit et où. Pour ma part, à la rentrée 2010, on m'a proposé Libreville ou Yaoundé (en technologie, seul 8 postes étaient libres dans le monde entier). Et comme je suis fan de foot, j'ai dit banco pour le Cameroun.
Depuis combien de temps es-tu parti? Est-ce la première fois que tu vis aussi loin de chez toi?
Oh non !! La liste qui va suivre pourrait me faire passer pour un expatrié à la poursuite du graal financier, mais comme j'ai toujours eu des contrats type résident (en résumé, le même salaire pour le même travail qu'en France), mais en fait je préfère me frotter à des cultures diverses et variées. J'ai donc fait mon service militaire (enfin la coopération) 2 ans à Niamey au Niger, puis j'ai passé 4 ans en Haïti à Port-Au-Prince, puis 3 ans à Oslo en Norvège et me voici maintenant au Cameroun !
Comment s'est passée l'installation?
Nous sommes envoyés par la France, mais en réalité nous ne sommes pas du tout pris en charge : c'est une expatriation totale, de la demande de visa (de tourisme au départ) à l'installation en passant par le billet d'avion et les démarches administratives. Je dirais donc que les principales difficultés se rencontrent lors de ces dernières: il faut du temps, de la patience, de bons contacts… et de la chance! Pour le reste l'expérience fait le reste : je ne suis ni matérialiste, ni consommateur, donc je me suis installé petit à petit dans un confort sommaire. Et je connais maintenant quel genre de vie je suis capable de mener dans un nouveau pays : je ne peux pas vivre comme un local, ma culture de base ne me le permet pas, mais j'ai aussi compris qu'il était vain et inutile de reproduire sa vie d'occidental dans un pays différent.
Les Camerounais sont-ils accueillants?
C'est une question difficile: pour moi beaucoup moins que bien d'autres peuples. Mais je n'ai pas encore toutes les clés pour comprendre le pourquoi du comment. Je trouve juste qu'il y a beaucoup de tension dans la rue, dans les regards et sur les visages. Mais évidemment, on rencontre toujours des gens sympas, intéressants, drôles, curieux...
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Yaoundé/au Cameroun?
La richesse du pays: par rapport à mes expériences précédentes en pays en développement (Niger et Haïti), le Cameroun est pour moi un pays riche, même si la misère reste bien présente...
Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine?
Tout ! Les gens, les habitudes, la conduite, l'organisation, le rapport aux gens, au temps, à l'argent ! Oui tout !
Quel est ton meilleur souvenir?
Mon temps au Cameroun est réduit pour l'instant, je n'ai pas vraiment d'anecdotes de ce genre! Disons que les meilleurs souvenirs sont souvent liés au temps de vacances (et un prof en a pas mal) et donc à l'exploration de ce magnifique pays. Car sortir de Yaoundé et de son train-train quotidien permettent de découvrir d'autres aspects !
Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installé à Yaoundé?
En ce moment : de l'eau quand j'ouvre mon robinet ! Et Internet quand j'allume mon ordinateur !
Le quotidien d'un expat à Yaoundé, ça ressemble à quoi?
Le choix ici est tout à la fois varié et très réduit ! Mais pour moi, outre le boulot, c'est sport, concerts, restos et les amis de toutes origines! Après d'autres fonctionnent différemment surtout s'ils ont des enfants !
Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog?
Pour ceux qui l'ont parcouru, c'est basé sur le Cameroun, mais on sent bien qu'en premier lieu, il sert à donner des nouvelles et un aperçu de ma nouvelle vie au Cameroun à ma famille et aux amis dispersés un peu partout dans le monde. Maintenant je sais pour avoir vécu la phase « recherche d'infos avant installation » qu'il peut aussi servir aux voyageurs ou expatriés susceptibles de se rendre ici au Cameroun.....
As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog?
Oui et non : rencontré virtuellement des gens demandant des infos, de futurs collègues arrivant pour travailler dans le même lycée que moi, et puis des gens de passage qui me proposaient de boire un verre. Malheureusement, la vie quotidienne étant très prenante, je n'ai jamais pu répondre à ces invitations....
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaiteraient aller vivre à Yaoundé/au Cameroun?
De foncer évidemment ! Mais d'un autre côté, de bien se préparer à y affronter quelques difficultés. Voyager en Afrique est une chose, s'y installer une autre, totalement différente ! Plus particulièrement, si installation il y a, trouver un boulot AVANT de venir : le marché du travail ici est peu lisible, et la carte de séjour ne se donne pas si facilement si on vient les mains dans les poches !
