D'où viens-tu, Franck, et que fais-tu actuellement ?
Originaire de la région lyonnaise, j'ai habité dans une bonne douzaine de villes françaises, tout en essayant le plus possible de ne pas dépasser la ligne A-A (Avignon-Arcachon). Se réveiller avec le soleil et les cigales est une chose que j'ai toujours privilégié. Éducateur sportif depuis toujours, j'exerce aussi cette fonction en Afrique du Sud avec une spécialisation plus poussée sur le handicap physique.
Pourquoi as-tu choisi de t'expatrier en Afrique du Sud ?
De part mon travail d'instructeur à l'international, j'ai la chance de beaucoup voyager. J'ai enfin « rencontré » l'Afrique en 2010 et j'ai tout de suite su que c'était le continent où je me devais de vivre. L'Afrique du Sud a toujours eu une place à part dans mon imaginaire. Mandela, l'Aparthéid, les mines d'or et l'extraordinaire faune qui la caractérise... Le choix s'est fait naturellement.
Comment s'est passée ton installation ?
Très facile, car j'ai été totalement pris en charge par mon employeur. Tout le monde m'a aidé à m'installer et je n'ai jamais été seul.
Depuis combien de temps y vis-tu ?
L'Afrique du Sud est devenue ma zone arrière après avoir reçu un contrat de travail en 2012. Cela fait donc maintenant quatre belles années.
Qu'est-ce qui t'as attiré vers Johannesbourg ?
Rien en particulier. C'est juste là où je me devais d'habiter pour mon travail. Si j'avais pu choisir, Port Elizabeth ou Hermanus auraient définitivement eu ma préférence, voire au milieu du Kruger National Park si je pouvais.
Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyen français s'expatrie en Afrique du Sud ?
Classique. Il faut des copies de tous les papiers officiels, y compris les diplômes et un casier judiciaire (Le préposé qui m'a reçu aux Home Affairs m'a dit qu'ils avaient déjà assez de criminels en Afrique du Sud, sans avoir à en importer !). J‘ai ensuite fait traduire le tout par un traducteur agrée, puis les ai fait certifiés conformes par le tribunal.
As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?
Aucune. J'ai eu la chance d'être bien aidé dans les démarches par des professionnels. De plus, je fais partie de ce qu'ils appellent les « critical skills », donc l'obtention du visa a été très rapide (moins de 2 mois). Toute la paperasse est passé par mon employeur qui sponsorisait ma venue dans le pays.
As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?
Pas du tout. Les sud africains sont très accueillants et m'ont permis de m'adapter très vite.
La conduite à gauche fut rapide, à part les ronds points que j'ai eu plaisir à prendre par la droite un peu trop souvent au début ! Il a tout de même fallu prendre en compte que les taxis règnent en seigneurs sur la route et que nous devons nous adapter à leur interprétation, plutôt libre, du code de la route !
Je rajouterai la gestion toute particulière de l'électricité et l'impression de vivre dans le début des années 2000 au niveau d'Internet.
Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée en Afrique du Sud ?
La gentillesse des gens et le communautarisme.
Le racisme encore très présent, mais sous-jacent.
L'absence de transports publics corrects à part le Gautrain qui est vraiment moderne et l'abondance de vols internes.
La sécurité qui est un aspect important de notre quotidien. Il faut totalement changer ses habitudes.
Quelles sont les particularités du marché de l'emploi ? Est-il facile pour un expatrié d'y être embauché ?
Avec les nouvelles règles pour les visas depuis mai-juin 2015, il semble que cela soit plus difficile et de plus en plus ciblé. J'ai eu de la chance de ne pas avoir ce problème car j'ai une spécificité dont ils avaient grandement besoin.
As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ? Quels sont les types de logements qui y sont disponibles et accessibles aux expatriés ?
Non pas du tout. Nous avons déjà déménagé quatre fois en 4 ans, et ce, par choix. Nous avons vécu dans un hara, dans deux maisons individuelles et désormais dans un complex (sorte de résidence entourée de murs d'enceinte, avec une sécurité importante).
De très bons sites Internet sont à disposition et les logements ne sont pas très chers en comparaison avec la France. En ce qui concerne le fait d'être expatrié ou non, cela n'est pas rentré en compte car nous avons décidé de rester loin de la communauté expatriée afin de vivre pleinement l'aventure sud-africaine. Nous vivons comme des Sud africains, loin de Morningside (la « réserve naturelle française » comme aiment à dire nos amis Sud africains). Mon seul contact avec la communauté française est le consulat.
Que penses-tu du mode de vie des Sud Africains ?
Je le trouve très agréable à partir du moment où l'on fait partie de ceux qui ont les moyens de vivre correctement. Il ne faut pas oublier que la société sud-africaine est à plusieurs vitesses...
Levés très tôt, actifs avec le soleil, beaucoup de politesse, de respect de l'autre. Et puis, avoir le soleil tous les jours, c'est un luxe inestimable.
Une idée reçue qui s'est avérée fausse ?
Je ne pensais pas qu'un pays aussi riche et doté d'infrastructures similaires aux nôtres, ait une telle différence de niveau de vie entre les différentes couches de la société. J'espère que les gouvernants de ce si beau pays prendront le problème au sérieux un jour prochain.
A quoi ressemble ton quotidien à Johannesbourg ?
Je me lève tôt et travaille jusqu'en début d'après-midi. J'entraine et travaille sur des projets de développement ici ou ailleurs en Afrique.
Que fais-tu pendant ton temps libre ? Quels sont les loisirs accessibles aux expatriés ?
J'essaye de sortir le plus possible dans la nature. Dès que j'ai trois jours, je m'échappe pour faire de la photo. Les réserves naturelles sont mon endroit préféré et j'essaye d'y passer le plus de temps possible. Pour le reste, nous allons voir des amis, organisons ou participons à des Braai (barbecue version sud-africaine, mais c'est un véritable art de vivre ici). Les gens aiment beaucoup se retrouver entre amis. Le fait d'être expatrié ou non, ne change en rien à l'accessibilité des loisirs.
Tes spécialités culinaires locales préférées ?
La viande est très bonne ici. J'ai même mangé des choses que je n'imaginais pas possible, comme du crocodile ! Le reste est basique. Il n'y a pas de la grande cuisine mais nous trouvons quasiment de tout. Le curry de Durban est extra ! Cape Town est plus varié, plus touristique...
Qu'est-ce qui te plait le plus en Afrique du Sud ?
Les Sud africains : leur approche de la vie et du temps qui passe. « Les européens ont la montre et eux ont le temps », aiment-ils me répéter. Le climat aussi bien entendu. La faune et le plaisir de me perdre au milieu du bush. L'Afrique en général me manquera si je dois la quitter un jour. Cela sera un véritable crève coeur.
Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France ?
Mis à part la famille et le fait de pouvoir marcher en sécurité où bon me semble, rien de bien important. Allez pour la forme : une connection Internet décente et un bon pain de campagne avec bout de fromage digne de ce nom !
Un évènement particulier que tu as vécu en Afrique du Sud et que tu voudrais partager ?
Au cours de mon travail avec les populations locales désavantagées, j'ai eu le plaisir de rencontrer un nombre de personnes qui resteront à jamais dans mon coeur. Néanmoins, j'ai pu prendre la mesure du chemin qu'il leur restent à parcourir en ce qui concerne la reconciliation et le vivre ensemble. Lors de réunions individuelles et collectives, il est encore fréquent que l'on me dise que je ne suis pas « blanc » mais Français. C'est assez déstabilisant les premières fois.
Quel est ton avis sur le coût de la vie à Johannesbourg et en Afrique du Sud en général ?
En tant qu'expatrié, le coût de la vie est très bas. Toutes les choses de base sont très abordables. Seuls les produits importés sont hors de prix.
Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier en Afrique du Sud ?
Ne pas trop se focaliser sur la dangerosité du pays. C'est un pays extraordinaire qui mérite le détour. Il faut juste accepter de modifier son mode de vie et de respecter un certain nombre de mesures de sécurité. Pour le reste, tentez l'aventure, même si j'ai conscience que le marché de l'emploi est de plus en plus difficile si vous n'avez pas de compétences spéciales.
Tes projets d'avenir ?
Monter une académie pour enfants handicapés physiques en Afrique du Sud et dans d'autres pays africains.
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