Lorsque l'on est expatrié en Argentine, la capitale, Buenos Aires ravit tous les amateurs de culture, de danse, de fiesta, mais aussi de street-art ! En effet, la ville du "Bon-Vent" est reconnue comme étant une des capitales du monde du graffiti.
Dans chaque quartier de la capitale, on peut trouver des murs jonchés de fresques dessinées des heures durant par des artistes comme Franco Fasoli alias Jaz. Le graffeur est notamment l'auteur de fresques à Villa Crespo, le quartier juif de la ville, où l'on voit deux fauves face à face, leurs deux têtes ne formant qu'un seul grand cou reliant leurs deux corps.
L'histoire du street art argentin est intimement liée à son histoire politique. Cet art est né dans les années 50-60, à une époque où il se définissait comme une forme d'expression politique. Des groupes politisés étaient payés pour peindre des slogans afin de revendiquer les messages des différents partis. Simultanément, de plus en plus d'artistes se sont mis à créer ce qu'allait être le street art tel qu'on le connaît aujourd'hui. En incorportant des images, politiques ou juste esthétiques, aux messages déjà inscrits, ceux-ci se sont mis à voir les murs blancs de la ville comme un nouveau terrain d'expression de leur art. Mais c'est réellement au début des années 70 que ce phénomène explose dans la ville. A l'époque, le pays est marqué par une forte mobilisation politique et syndicale, le graffiti devient alors un outil pour le message de la résistance, qui souhaite le retour de Péron, l'ancien président. Après la junte militaire qui fit taire ces artistes, entre 1976 et 1983, la deuxième grande vague a lieu après 2001. Les oeuvres murales deviennent colorées, enjouées et humoristiques, style qui continue de dominer l'art urbain de Buenos Aires, ce qui en fait son unicité à travers le monde.
Aujourd'hui, la capitale argentine fait office de haut lieu de la culture street-art. Les expatriés y travaillant peuvent se rendre dans les quartiers du centre pour admirer ces fresques qui n'ont rien à envier aux chefs-d'oeuvres "classiques".
En tant qu'expatrié, si l'on désire flâner en quête de ces murs devenus une toile au service de l'artiste, il faut savoir où aller, où lever la tête et que voir dans chaque dessin. Zélie est Française et s'était expatriée à Buenos Aires pour une courte période, ce qui lui avait permis de découvrir la culture street art de la ville, habitant, de plus, un quartier très prisé par les graffeurs. " Je me suis installée à Buenos Aires dans le cadre d'un échange universitaire avec l'Universidad de San Andres, pendant 4 mois, de septembre à décembre 2015. Je vivais à la jonction des quartiers de Vila Crespo et Palermo Hollywood. Les quartiers les plus marqués par le street-art sont les quartiers de Palermo et de San Telmo ". Se baladant régulièrement dans ces quartiers et étant avec les jeunes argentins, elle a pu s'intéresser à cette culture représentative de l'occupation de l'espace urbain. "Ce qui me plaisait par dessus tout c'était la diversité des styles et des sujets, l'omniprésence de l'art et l'intégration intelligente et ludique de l'architecture et de l'environnement". Le street art est devenu un sujet de conversation à part entière tout comme "le football, la politique et la musique, en fait c'est rentré dans la culture du pays et des jeunes surtout".
Un conseil de street art à voir et qui t'a marqué Zélie ? "Si je ne devais citer qu'une oeuvre, il s'agirait d'une série de reproduction d'affiches de films argentins, comme "El secreto de sus ojos" de Juan jose Campanella, sur les murs de maisons condamnées tout autour de chez moi, à Palermo".