Pourquoi la Finlande veut à tout prix attirer les expatriés

Vie pratique
  • Helsinki, Finlande
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Écrit par Asaël Häzaq le 27 avril, 2022
La Finlande, prochaine destination star des expatriés ? Le pays met tout en œuvre pour se faire connaître sur la scène internationale. Dès la réouverture des frontières, courant 2021, le petit État entre dans l'arène et bataille avec les États-Unis, le Canada ou la Suisse. Pourquoi un tel attrait pour les talents internationaux ? Quels atouts la Finlande met-elle en avant pour se faire connaître ?

État vieillissant cherche main-d'œuvre qualifiée

Finlande. Pays du nord de l'Europe, membre de l'Union européenne (UE) aux 5,5 millions d'habitants heureux. Le 18 mars, la Finlande remporte, pour la 5e année consécutive, le précieux titre de « pays le plus heureux du monde ». Depuis 2012, le World Happiness Report classe 156 pays en fonction de leur PIB, du niveau de bonheur ressenti par les habitants, du niveau de scolarité, de l'état de la liberté d'expression, ou encore, du niveau de corruption. Si les pays nordiques arrivent généralement en tête de ce type de classement, la Finlande coiffe ses collègues suédois ou danois avec un excellent 7,82/10. De quoi attirer les expatriés ?

Oui, selon le gouvernement, qui communique massivement sur ces indices de bonheur. À l'heure où crises sanitaire, économique et géopolitique amènent l'inquiétude, aspirer au bonheur est une quête tout aussi importante qu'améliorer son niveau de vie. Le miracle finlandais promet d'offrir les deux : la hausse de son pouvoir d'achat et de sa qualité de vie. Mais il faut bien des habitants pour vivre ce bonheur. Or, la Finlande est en pleine crise démographique. Elle compte 4 séniors pour 10 actifs. Le taux de natalité n'était que de 1,35 % en 2019. Les prévisionnistes ne sont pas optimistes. La Finlande fait à peine mieux que le Japon. La Finlande vieillit. Il n'y a plus assez d'actifs pour supporter le coût des retraites, ni même pour prendre soin des personnes âgées. Tous les autres pans de la société sont touchés par cette pénurie de main-d'œuvre. D'où le choix du gouvernement de relancer la démographie par l'immigration. La ministre des Finances Annika Saarikko veut accueillir 20 000 à 30 000 immigrés qualifiés par an – soit le double des entrées actuelles.

Tapis rouge pour les expats

Pour rivaliser avec les destinations préférées des expatriés, la Finlande déroule le tapis rouge. En 2018, elle lance Talent Boost, programme pour aider les entreprises à recruter des talents internationaux et développer des partenariats dès l'université. L'organisme se félicite de compter, chaque année, plus de 3000 étudiants internationaux diplômés d'universités finlandaises. Côté emploi, la Finlande suit l'exemple québécois et va cibler ses talents localement : des professionnels espagnols dans le secteur de la santé, des experts slovaques pour la métallurgie, ou encore, des experts indiens, russes ou philippins dans les domaines informatiques et maritimes.

En parallèle, Helsinki joue les tour-opérateurs. Fin 2020, elle lance le « Helsinki Business Hub », destiné à accueillir les professionnels étrangers pour 3 mois. Plus de 5000 candidats ont répondu à l'offre. Le billet d'avion et les frais d'hébergements sont à la charge des postulants, mais tout le reste est gratuit, y compris pour la famille. 15 profils ont finalement été retenus, et ont voyagé en 2021. 7 ont décidé de rester. Johanna Huure, en charge du programme, s'en félicite. La campagne a eu un retentissement mondial. Les talents étrangers, même ceux qui ne sont pas restés, sont autant d'ambassadeurs pour la Finlande. Ils seront plus à même d'en vanter les atouts.

Finlande : les forces et les faiblesses

Là encore, la Finlande a de quoi devancer ses concurrents. C'est l'un des pays les plus avancés en matière sociale. Le gouvernement de Sanna Marin – la plus jeune Première ministre du monde – a fait un pas de plus en matière d'égalité parentale. Dès septembre, chaque parent aura 97 jours de congé, plus 63 jours supplémentaires transférables d'un parent à l'autre. Garde d'enfant, système scolaire, « baby box » d'une valeur de 170 euros pour accueillir chaque nouveau-né… Tout est fait pour faciliter la vie des parents et favoriser l'épanouissement des enfants. La parité femmes/hommes est aussi bien plus respectée qu'ailleurs. Les femmes leaders ne sont pas rares, à l'image du gouvernement Marin qui n'a que des dirigeantes aux postes clés. Rareté pour les autres pays, mais pas pour la Finlande, qui a nommé, avant Sanna Marin, 4 femmes Premières ministres. Une avancée qui pourrait séduire les jeunes talents étrangers.

Il reste cependant des zones d'ombre. Le climat rude est souvent cité comme un frein. Un frein qui, avec une bonne préparation, peut être levé. La difficulté de la langue pose aussi problème, d'autant plus que les entrepreneurs sont réputés porter attention à sa bonne maîtrise. La maîtrise de la langue favorise effectivement l'intégration. Il est aussi vrai que tout apprentissage demande du temps. Le gouvernement encourage un accompagnement plus important pour que les immigrés se familiarisent progressivement avec la langue. Mais l'extrême droite – 14,5 % aux élections locales de l'an dernier – pèse de tout son poids pour saper toute avancée en matière d'immigration. C'est l'un des plus grands freins soulevés par les talents étrangers. Vient ensuite l'image quelque peu fermée des Finlandais qui, conscients de leurs avantages, peineraient à les partager. Sur ce dernier point, les mentalités évoluent doucement.

Conclusion

Le changement sera-t-il encore plus perceptible avec les jeunes générations ? Les startupeurs et autres jeunes entreprises nouent de plus en plus de partenariats avec les groupes étrangers. Baigner dans une culture internationale favorise les échanges. Le gouvernement encourage ces pratiques. Fort de son succès, le Helsinki Business Club a créé une plateforme pour mettre en relation les candidats non retenus et les entreprises finlandaises. Face à l'urgence démographique, la Finlande accélère, bien déterminée à attirer les talents internationaux.

A propos de Asaël Häzaq

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.