Les objectifs 2023-2025 du Canada en matière d'immigration

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Écrit par Ameerah Arjanee le 18 octobre, 2022
Le 1er novembre, le Canada annoncera ses nouveaux objectifs 2023-2025 en matière d'immigration. Chaque année, cette stratégie remet à niveau les objectifs d'immigration permanente pour les années à venir. Il donne une idée du nombre de nouveaux arrivants de chaque classe migratoire que le pays souhaite accueillir. Le gouvernement fédéral souhaite également une hausse de l'immigration au Québec, malgré l'opposition du gouvernement québécois à cet égard.

Objectifs 2023-2025 : à quoi faut-il s'attendre ?

Depuis qu'il a pris les rênes du gouvernement en 2015, le Parti libéral du Canada, sous la direction de Justin Trudeau, a augmenté progressivement les objectifs du pays en matière d'immigration. En 2016 et 2017, l'objectif était de 300 000 nouveaux immigrants permanents par an. Cet objectif est passé à 310 000 en 2018, 330 000 en 2019 et 340 000 en 2020.

En 2021, pour compenser l'impact négatif de la pandémie sur l'immigration et les inscriptions d'étudiants étrangers en particulier, le gouvernement canadien a décidé d'augmenter exponentiellement l'objectif à 401 000. Le dernier Plan des niveaux d'immigration de février 2022 (annoncé avec quelques mois de retard) avait fixé des objectifs de 431 645, 447 055 et 451 000 pour 2022, 2023 et 2024 respectivement.

Le plan, qui devrait être annoncé le 1er novembre, pourrait modifier considérablement les objectifs pour 2023 et 2024. Compte tenu de la grave pénurie de main-d'œuvre au Canada et de la position favorable aux immigrants adoptée par le gouvernement jusqu'à présent, il est probable que les objectifs soient augmentés s'ils sont sujets à modification. En effet, le ministre de l'Immigration, Sean Fraser, a déclaré que l'objectif pourrait atteindre 500 000 à un moment donné au cours des prochaines années, sans toutefois préciser jusqu'à quand il compte arriver à ce nombre.

Environ 60 % des objectifs d'immigration sont réservés aux migrants économiques. Il s'agit d'immigrants en âge de travailler, dotés de compétences spécialisées et d'une expérience professionnelle, dont la principale motivation est de faire évoluer leur carrière à l'étranger. Le Canada est actuellement le premier pays au monde à faire face à une pénurie de main-d'œuvre. Au milieu de l'année 2022, il y avait 70 % de perspectives de plus qu'en 2019, alors même que les niveaux de chômage étaient à un niveau historiquement bas, selon les observations de RBC Thought Leadership. Il n'y a tout simplement pas suffisamment de travailleurs, c'est pourquoi une immigration économique continuellement élevée est importante pour faire fonctionner le pays.

Il existe au Canada de multiples visas canadiens pour les immigrants économiques, comme le Programme des candidats des provinces (PCP), le Programme des candidats des municipalités (PCM), le Programme d'immigration du Canada Atlantique (PIA) et le Visa pilote agroalimentaire. Le visa Entrée Express, qui fonctionne selon un système de points, cible principalement les migrants économiques.

Les 40 % restants de l'objectif national concernent le regroupement familial et l'immigration pour des raisons humanitaires (c'est-à-dire les demandeurs d'asile et les réfugiés). Il y a plus d'immigrants rejoignant les membres de leur famille qui sont des résidents permanents/citoyens que de réfugiés. De janvier à septembre 2022, il y a eu 105 000 nouveaux immigrants familiaux, comparativement à seulement 8 250 nouveaux réfugiés.

Outre une augmentation globale des objectifs annuels, un autre changement probable dans le Plan de niveau d'immigration 2023-2025 serait l'attribution de plus de places au Programme des candidats des provinces (PCP). Le ministre de l'Immigration, Sean Fraser, a discuté avec les dirigeants provinciaux de leurs besoins en main-d'œuvre et de leurs objectifs de développement économique. Les antécédents universitaires et professionnels des immigrants du PCP seront mis en correspondance avec les provinces qui souffrent d'une pénurie de compétences dans des domaines spécifiques. ScotiaBank, l'une des principales banques du pays, a exhorté le gouvernement à veiller à ce que les migrants économiques soient envoyés dans des régions où ils ne souffriront pas d'un déséquilibre entre l'emploi et l'éducation.

Le Québec s'oppose aux objectifs du gouvernement fédéral en matière d'immigration

En tant que région historiquement francophone et culturellement distincte, le Québec est la province canadienne qui jouit de la plus grande liberté quant à sa propre gouvernance. En vertu de l'Accord Canada-Québec de 1991, la province a le plein contrôle de ses objectifs en matière d'immigration. De plus, elle peut sélectionner ses immigrants économiques, exerce un contrôle partiel sur le regroupement familial et les visas humanitaires, et a le contrôle total du fonds d'établissement qu'Ottawa lui accorde pour soutenir les nouveaux arrivants avec des programmes tels que la formation en français.

La langue française se trouve au cœur de l'identité du Québec. Le parti conservateur et nationaliste qui dirige le gouvernement provincial, la Coalition Avenir Québec, veut s'assurer que l'immigration n'affecte pas la prédominance du français dans la région. Le Programme des travailleurs qualifiés du Québec (PTQS) pour l'immigration économique accorde plus de points à la compétence linguistique en français qu'en anglais. En mai 2022, le gouvernement provincial a adopté une nouvelle loi obligeant les petites entreprises à utiliser le français au travail.

Le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a été reconduit dans les dernières élections provinciales le 3 octobre avec une campagne qui promettait de maintenir inchangé l'objectif d'immigration du Québec. Autrement dit, il souhaite maintenir un quota annuel de 50 000 nouveaux immigrants permanents au Québec. Cependant, Justin Trudeau et Pablo Rodríguez, le ministre québécois du Patrimoine canadien, estiment que la province a la capacité d'accueillir au moins 100 000 nouveaux immigrants par an. Actuellement, le Québec ne représente que 13 % de l'objectif national d'immigration, alors que, compte tenu de sa taille et de son poids démographique, il pourrait contribuer à atteindre 23 à 28 % de cet objectif.

Au Parlement, le Premier ministre canadien a déclaré que les dirigeants d'entreprises québécoises qu'il a rencontrés se plaignent de la difficulté de trouver des employés. Il s'agit d'une pénurie qui, selon Justin Trudeau, peut être résolue par une augmentation du seuil d'immigration. Il estime également que le Québec pourra toujours, de manière réaliste, choisir des francophones de manière sélective même s'il augmente ses objectifs d'immigration. Il y a en effet 300 millions de francophones dans le monde, la plupart des locuteurs natifs étant concentrés dans les pays africains à fort taux d'émigration.

Les nationalistes québécois ont exprimé leur colère contre la tentative du gouvernement fédéral de s'immiscer dans les affaires de leur province. François Legault exige désormais d'Ottawa une plus grande autonomie provinciale en matière d'immigration. Le chef d'un autre parti nationaliste québécois, Yves-François Blanchet du Bloc Québécois, a déclaré que les propos de Trudeau témoignent d'un « mépris pitoyable » envers la province. Les discussions entre Ottawa et Québec étant toujours en cours, aucun compromis n'a encore été annoncé concernant ce désaccord.

A propos de Ameerah Arjanee

Ameerah est chargée de cours et tutrice privée enseignant l'espagnol et le mandarin à l'île Maurice. Elle a aussi été traductrice indépendante, éditrice et rédactrice de contenu pendant une décennie. Elle a vécu à Madrid et à Pékin.