Pourquoi avez-vous choisi de vous installer à Mamoudzou ?
Nous voulions changer d'air, changer de vie, et rencontrer une autre culture. Notre profession d'infirmiers permettant le voyage, nous n'avions plus qu'à choisir la destination. Mayotte s'est imposée car elle permet un réel dépaysement tout en facilitant la démarche car c'est un département français. La ville de Mamoudzou a ensuite été choisie car c'est là que l'hôpital de Mayotte est installé.
Comment s'est passée votre installation ?
On ne peut mieux. Nous avons tout d'abord été accueillis chez une sage-femme nous permettant d'atterrir en douceur et de trouver un logement à nous. Puis quinze jours plus tard nous étions installés dans notre petit nid. Pour les meubles, cela se fait petit à petit au gré des envies.
Est-il facile de trouver un logement à Mayotte ?
Tout dépend de la saison, beaucoup d'expatriés s'en vont en juin et arrivent en septembre. Pour notre part, en novembre il n'y en avait pas beaucoup mais il en suffit d'un... ;)
Comment avez-vous procédé pour trouver du travail à Mamoudzou ? Avez-vous des conseils à partager avec les autres membres ?
Nous sommes passés par la Direction des Ressources Humaines de l'Hôpital. Notre métier d'infirmier a cet avantage de permettre des recherches assez rapides. Et dans certains endroits comme Mayotte, ce ne sont pas les places qui manquent...
Avez-vous eu des difficultés d'adaptation ?
Le climat tout d'abord. Nous sommes arrivés en début de saison des pluies. Mais ce n'est pas la pluie qui nous a gênés (nous sommes bretons) mais bien le fait que ce soit la saison la plus chaude. La chaleur nous a un peu « endormis » les quinze premiers jours... Les moustiques, profitant de tant d'humidité, nous ont bien dévorés au début.
Maintenant nous ne nous faisons presque plus piquer (c'est un truc de touriste ça...) et ne souffrons plus de la chaleur. Nous avons même un peu peur de la saison sèche qui d'après certains peut être froide (24°): heureusement on a un pull chacun.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris à Mamoudzou ?
Les premiers jours ont été ceux de la découverte. Tout d'abord la verdure. Dès l'aéroport on constate qu'elle est omniprésente, diverse et très verte. Ensuite, les animaux. C'est autant la profusion de la faune et de la flore que la diversité qui nous a surpris. Des animaux petits et grands partout et de toutes sortes. En Bretagne lorsque l'on tombe sur un lézard, on l'observe et le suit partout car c'est rare. Ici dans chaque maison, sur chaque mur il y en a au minimum un. Et c'est sans parler de la vie sous-marine. La première fois que l'on a mis un masque, on a été subjugués. Des poissons, des crustacés, des coraux de toutes les couleurs, de toutes les formes et partout autour de nous.
Les Mahorais sont-ils accueillants ? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances ?
Mayotte est comme toutes les régions du monde. Si l'on va vers les gens, ceux-ci n'hésitent pas à nous accueillir. Il faut néanmoins garder en tête qu'ici les « blancs » (appelés Mzoungou) sont pour la quasi-totalité de passage de courte durée (1 à 4 ans) et ne cherchent pas tous à s'intégrer. Il faut donc aller de nous-même vers les Mahorais et alors, ils sont très accueillants une fois qu'ils ont compris que nous souhaitons créer un lien. Les connaissances se font ensuite automatiquement.
La seule difficulté pourrait être dans la différence d'habitudes de vie et de culture. Lorsque l'on arrive, nous sommes tentés de conserver un train de vie métropolitain (restaurant, plage, plongée...). Or les Mahorais pour la plupart ne vont pas au restaurant tel qu'on l'entend mais au Brochetti ou font des voulé (barbecue) sur la plage. Ils ne se baignent pas en palmes, masque, tuba et ne font pas de plongée. Il faut donc être ouvert d'esprit et se mettre au rythme local. N'est-ce pas là le but de cette aventure ?
Pouvez-vous partager avec nous un trait caractéristique de Mayotte qui vous plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif ?
L'attitude des Mahorais, le sourire aux lèvres quoi qu'il advienne et prenant le temps de faire les choses sans se presser pour un oui ou pour un non. C'est un tempérament que l'on aurait aimé avoir en métropole mais qui malheureusement se perd du fait des horaires de travail, des contraintes des supérieurs etc. Ici lorsque les gens travaillent, s'ils n'ont rien à faire, ils papotent, s'allongent, se reposent. Ils n'essaieront pas de faire semblant d'avoir quelque chose à faire. Pour notre travail c'est agréable d'avoir des patients qui sont souriants, patients, qui apprécient les soins qu'on leur fait. Ça change réellement notre approche de notre métier.
Un aspect négatif ? L'état des routes et la circulation. C'est le point noir de l'île. Et nous n'en voyons qu'un. Les routes secondaires mais aussi certaines routes primaires sont réparées à la va-vite avant la saison des pluies et sont donc de nouveau détruites à la pluie suivante. C'est un roulement continuel entre réparation par le conseil général et dégradation par les pluies. Le conseil général ne prend pas la décision de les refaire entièrement et perd donc beaucoup de temps et d'énergie à combler des trous. En découle le second problème, la circulation. Mayotte est une île et elle a une route principale qui en fait le tour et passe par Mamoudzou. Cette route est un véritable périphérique aux heures de pointe en approchant de Mamoudzou. Le moindre rond-point crée un blocage sur plusieurs kilomètres du fait du grand nombre de personnes travaillant aux mêmes heures mais aussi du fait de l'état des routes ne facilitant pas le passage. C'est un point à prendre en compte et un deux-roues est très vite apprécié.
Une idée reçue sur Mayotte qui s'est avérée totalement fausse :
Nous lisons ou entendons facilement et fréquemment des avis très négatifs sur la vie à Mayotte. En premier lieu souvent axé sur les cambriolages, les vols, les violences. A les croire, il faudrait vite partir d'ici. Cela peut donner des sueurs froides et en démotiver plus d'un.
Nous n'allons pas mentir, la différence de niveau de vie entre les populations expatriées mzoungous et les autres expatriés comoriens est frappante. Cela entraîne évidemment de la délinquance (vols et cambriolage). Mais il ne faut pas généraliser et surtout arrêter d'être alarmiste. Au quotidien, certaines précautions très simples et logiques suffisent amplement à se prémunir des vols. Ne pas fermer sa voiture (ils ne voleront pas la voiture, on est sur une île, par contre ils l'ouvrent pour voir s'il n'y a pas d'argent à l'intérieur...), cela évite les bris de glace. Ne pas laisser traîner son sac ou son appareil photo. Après, il n'est pas nécessaire de tenir son sac comme dans le métro parisien et l'on peut très bien aller se promener le soir comme dans la plupart des villes dites « normales » de métropole.
Qu'est-ce qui vous manque le plus par rapport à la Bretagne, votre région d'origine ?
La famille, les amis... C'est ce qui manque le plus. Les galettes et le cidre, on peut en trouver ici ;). Après, il manque un peu de vent et de vagues ici pour nos sports aquatiques.
A quoi ressemble votre quotidien à Mamoudzou ?
Au vu de nos valises le jour du départ, cela ressemble à de très longues vacances. Nos horaires en décalé et en 12h nous permettent d'avoir beaucoup de jours de repos. Nous profitons le plus souvent possible du lagon. Il suffit d'enfiler un masque et des palmes pour s'en mettre plein la vue...
Nos horaires de vie quotidienne ont changé aussi. Ici le soleil se lève à 5h. Les magasins ouvrent à 7h et les enfants jouent dans la rue entre 6 et 7h. Par contre le soir vers 17h, c'est déjà la fin de journée...
Que faites-vous pendant votre temps libre ? Quelles sont les activités les plus populaires à Mamoudzou ?
Tout dépend des gens et de leurs habitudes. Nous en bon Bretons, nous adorons l'eau. Et on ne peut pas dire qu'on en manque ici. Dès que l'on a un moment on est dans l'eau. En plongée sous-marine quelques fois mais le plus souvent en palmes, masque et tuba à baver devant tant de décors surhumains... A côté de ça, les aquariums en métropole sont fades.
Les Mahorais quant à eux sont toujours dehors. Le dimanche, ils font d'énormes barbecues (voulé) sur le bord des plages en famille ou entre amis, c'est l'occasion de se rencontrer.
Il y a aussi de très belles randonnées à faire mais la saison des pluies ne le permet pas tous les jours donc on attend la saison sèche pour découvrir ça.
Quel est votre plat mahorais préféré ?
Le MATABA. Un plat préparé avec des brèdes (feuilles) de manioc, du lait de coco, du poisson frais etc. Je veux apprendre à en faire mais c'est super long à préparer.
En plus simple, on est tombé amoureux du fruit à pain (ici appelé le Maframpé), sorte de pomme de terre de la taille d'une petite pastèque. Utilisé en friture, à l'eau, en purée, en gratin, en boulette, etc. comme la pomme de terre de chez nous mais en meilleur... On peut même en faire des gâteaux type flan lorsqu'ils sont trop mûrs.
Ensuite, un « restaurant » typique de Mayotte, est le Brochetti. C'est un réel lieu de sortie mahoraise. On en raffole tous les deux. Dans un banga (cabane construite en bois ou tôle) ou sur un bout de trottoir, des Mama Brochetti (femmes) font cuire des brochettes de viande, de poulet (Mabawas) ou de poisson sur de grands barbecues. Le tout est servi avec du fruit à pain, du manioc et des bananes plantain, directement cuits en friture. Un régal...
Pourquoi avez-vous créé votre blog, Crocs et sac à dos ?
Au départ, ça devait être un moyen de communication avec nos amis (genre partage facile de photos). Et puis très vite on y a pris goût. Cela permet de tenir au courant nos amis et famille des dernières nouvelles mais aussi de garder une trace de cette aventure. On constate aussi que cela permet de rencontrer des gens, de nous découvrir. Par exemple, on accueille les nouveaux arrivants comme on a été accueilli chez la sage-femme à notre arrivée. Et sur notre annonce on a mis un lien vers le blog, il parle mieux de nous que ce que l'on pourrait faire nous-même.
Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui veulent s'installer à Mayotte ?
N'oubliez pas la crème solaire... Les expatriés rouge écrevisse sur les plages il faut que ça cesse ;). Bien préparer son départ (bagages, papiers) et penser à avoir de l'argent de côté s'il n'est pas prévu de faire venir un container. L'installation dans une île est relativement coûteuse au vu des taxes d'importation élevées et du coût du transport pour ce qui est lourd (meubles, électronique, véhicules).
Deuxième point, évitez d'écouter ce que disent les gens de négatif sur Mayotte (je pense que c'est valable pour tous les endroits du monde). Certains vivent ici sans en avoir réellement l'envie et leur vision de l'île en est malheureusement atteinte. Un nouveau venu doit attendre de se faire sa propre opinion, d'autant qu'il est souvent plus facile de « poster un commentaire » négatif plutôt que des louanges.
Nous, on y est très heureux et nous avons rencontré beaucoup de gens qui y sont bien aussi. La grande majorité en fait. Gardez ça en tête, faites vos valises et karibu (bienvenue) j'ai envie de dire !