C'est en automne 2021 qu'Elisabeth, en compagnie de son conjoint et de leurs deux chats, a posé ses valises au Québec, Canada. Cette jeune Française nous parle de ce qui l'a motivé à tout plaquer pour tenter une nouvelle aventure à l'étranger, mais prévient que tout risque de ne pas être aussi rose qu'on l'aurait cru une fois installé. Retrouvez ses conseils pour une installation et une adaptation sereine dans cette belle province canadienne.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je m'appelle Elisabeth, j'ai 32 ans et je vis à Montréal, au Québec depuis l'automne 2021 avec mon conjoint et nos deux chats. J'ai beaucoup déménagé depuis mes études, j'ai notamment passé du temps en Irlande et en Normandie avant de m'installer en région parisienne (dont je suis originaire). J'y ai passé plusieurs années durant lesquelles j'ai travaillé dans le tourisme, pour des tour-opérateurs basés à Paris. Depuis la pandémie, j'ai changé de cap et encore une fois de pays !
Qu'est-ce qui vous a amenée au Canada ? Depuis combien de temps y vivez-vous ?
Plusieurs facteurs m'ont poussé à tenter l'expérience québécoise :
Premièrement, je ne me plaisais plus autant qu'avant en région parisienne. Ma qualité de vie diminuait d'année en année et je ne me retrouvais plus dans mon quotidien (ennui, manque d'espace, insécurité, climat anxiogène…). La pandémie en 2020 m'a propulsé dans une longue période de chômage partiel qui m'a conforté dans l'idée que je ne souhaitais pas rester à Paris, ni en France de manière globale.
Deuxièmement, j'avais (et j'ai toujours) de la famille sur Montréal. J'y ai voyagé plusieurs fois par le passé pour leur rendre visite et j'ai eu le coup de cœur pour la ville et le Québec plus généralement. Cela plus l'envie de passer plus de temps avec ma famille de ce côté-ci de l'océan a vraiment joué un rôle.
Aujourd'hui, j'y suis depuis plus d'un an et demi et je ne regrette pas du tout mon choix !
Qu'en est-il de votre vie sociale ? Avez-vous eu du mal à vous intégrer et à vous faire de nouveaux amis ?
Le fait d'avoir de la famille sur place nous a permis à mon conjoint et moi de nous sentir moins seuls et ça fait toute une différence ! Nous avons rencontré beaucoup de monde (dont une majorité d'expatriés comme nous), notamment via les réseaux sociaux, pour tenter de nouer de nouvelles amitiés mais nous avons accroché avec seulement une poignée de personnes.
L'intégration au quotidien et au travail demande du temps et de la flexibilité. Nous partions enthousiastes et heureux de découvrir une nouvelle culture. Un mot d'ordre : s'adapter.
Aujourd'hui, notre vie sociale est tout de même relativement calme. Nous avons quelques amis et connaissances mais cela a été long à construire. Il faut aussi prendre en compte que parmi la communauté d'expatriés à Montréal, certains repartiront peut-être en France (ou ailleurs) au bout d'un moment donc trouver des personnes qui souhaitent rester sur le long terme peut s'avérer être un vrai enjeu.
Je pense que globalement, il est un peu tôt pour moi de faire un bilan. Il faudra encore un peu de temps avant d'établir un cercle amical bien solide.
Comment s'est passée la recherche d'emploi ? Avez-vous eu des difficultés à en trouver ?
La recherche d'emploi s'est faite plutôt facilement. Le Québec et le Canada en général connaissent une importante pénurie de travailleurs. Dans quasiment tous les secteurs, il est donc plutôt aisé de trouver du travail ; j'ai donc eu le marché en ma faveur en arrivant. Si votre profil colle et que vous refaites votre CV correctement, alors vous devriez pouvoir aussi trouver facilement !
Mon conjoint avait déjà un emploi quand nous sommes arrivés à Montréal. Personnellement, j'ai trouvé un emploi dans les 10 jours qui ont suivi notre arrivée et j'ai commencé à travailler un mois, jour pour jour, après notre atterrissage. Le fait d'avoir des contacts sur place m'a évidemment aidé à accélérer la recherche d'emploi. Mais même sans cela, j'ai pu obtenir des entretiens aisément.
Quelles sont les différences et les points communs entre la vie en France et celle au Canada ?
Vaste question ! Pour commencer par les points communs, comme la France et le Canada sont deux pays occidentaux, certaines caractéristiques seront similaires, notamment en termes de confort du quotidien. Le dépaysement n'est donc pas total, surtout si on habite en ville.
Après, les différences sont vraiment nombreuses : les deux pays, même s'ils sont proches culturellement parlant, n'ont pas grand-chose à voir l'un avec l'autre.
Les exemples qui reviennent souvent sont la santé, la mentalité et le rythme de vie. On critique souvent le système de santé français mais il est vraiment très bon (notamment grâce à la sécurité sociale). Ici au Québec, nous avons aussi un système de remboursement des soins mais l'accès à certains services spécialisés est plutôt difficile (et il faut souvent être patient), même si on habite dans une grande ville.
D'un point de vue plus personnel, certains aspects ont radicalement changé dans mon quotidien : au travail, je ne ressens quasiment aucun stress comparé à mon précédent emploi en France et je termine mes journées plus tôt. La conciliation vie professionnelle et vie privée est très importante ici. La vie est certes plus chère et les impôts élevés mais les salaires sont plus compétitifs donc tout s'équilibre plutôt facilement.
Aussi, j'habite dans un plus grand logement (vraiment plus grand) pour un prix équivalent à celui que je payais près de Paris. Donc rien qu'en termes de confort et d'espace, Montréal est vraiment différente de Paris.
Vous avez créé un blog qui traite notamment de voyages et votre vie d'expatriée. Racontez-nous sa naissance et le but de ce blog.
Mon blog « Un loukoum à l'érable » existe depuis le printemps 2021. A l'époque, j'étais encore en période de chômage partiel, mon entreprise ayant cessé toute activité durant le plus gros de la pandémie. J'avais donc du temps. Beaucoup de temps. L'idée de créer un blog me trottait dans la tête depuis quelques années alors je me suis lancée !
Cela m'a pris quelques semaines pour écrire un contenu suffisant pour alimenter le blog au tout début.
J'adore voyager, la culture et les visites - c'était d'ailleurs mon métier à l'époque - et écrire ! Alors c'était le bon moment pour raconter mes voyages et visites et pour garder une trace de ce que je faisais. Au printemps 2021, j'apprenais également que nous allions pouvoir nous installer au Québec avec mon compagnon donc tout s'est alors très bien aligné.
À quelle fréquence écrivez-vous et avez-vous un calendrier précis pour vos publications ?
Je n'ai pas de calendrier précis en tête même si j'aime l'idée de poster au moins un article par mois. Le blog existe depuis deux ans maintenant et même si j'ai un emploi à temps plein aujourd'hui, je n'ai pas du tout envie de le négliger.
J'écris quand je visite de nouveaux endroits qui m'intéressent et pour lesquels j'ai assez de matière pour faire un article complet. Parfois, certaines périodes seront donc plus prolifiques que d'autres mais l'important est que je poste du contenu de temps en temps, sur mes voyages ou mes expériences d'immigrée à Montréal.
Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient s'installer au Canada ?
Plein ! Mais j'en aurais deux en poche que je qualifierais d'essentiels.
Le premier serait de se montrer patient et de se renseigner. Immigrer au Québec et au Canada en général peut prendre du temps et il faut bien se renseigner avant de se lancer dans les démarches. Les sites des gouvernements canadien et québécois (si vous choisissez le Québec comme province d'accueil) sont très complets en termes d'informations. Il faut donc éplucher la documentation existante, les forums, etc., pour bien comprendre les processus. Je recommande également d'avoir une petite épargne de côté pour ce projet d'immigration car cela peut coûter cher d'immigrer.
En deuxième, je dirais de bien se renseigner sur les réalités sur place, quelle que soit la province que vous choisirez (la vie n'est pas la même au Québec, en Ontario ou bien dans le Yukon pour ne citer que celles-ci). Il faut également se mettre en tête que le Canada, même s'il fait rêver, n'est pas parfait ; ce n'est pas le paradis sur terre. Beaucoup de personnes arrivent avec un certain idéal en tête et repartent quelques mois après, déçus. Le Canada est un pays avec ses avantages et ses défauts et il faut bien être conscient que même si la vie est globalement douce, tout ne sera pas parfait. Il ne faut donc pas idéaliser une vie toute préconçue sur place car il est fort probable que la réalité soit tout autre.
Quels sont vos projets d'avenir ?
Dans un avenir plus ou moins proche, je dirais que ce sera de continuer de profiter de Montréal. Dans quelques mois, nous serons en mesure de poser notre demande de résidence permanente au Québec (nous sommes résidents temporaires à l'heure actuelle) donc de la paperasse nous attend. Croisons les doigts pour que nous ayons une réponse positive rapidement ensuite !
En dehors de cette démarche, pourquoi pas fonder une famille et acheter un appartement dans quelques années.
Un retour en France est-il envisageable ?
Non ! Ou du moins pas pour le moment. Je suis très bien à Montréal et je souhaiterais en profiter encore de longues années. Avec mon conjoint, nous sommes en plein renouvellement de nos permis de travail en attendant de pouvoir faire notre demande de résidence permanente donc cela nous donnera encore des années supplémentaires pour se poser - ou non - la question d'un retour au pays.