L'impact de la hausse de la main-d'œuvre expatriée sur la croissance économique et l'industrie du tourisme au Portugal
La ministre portugaise du Travail, de la Solidarité et de la Sécurité sociale, Ana Mendes Godinho, a récemment révélé que le nombre d'expatriés dans le pays avait augmenté de 364 % ces cinq dernières années. Les données de SchengenVisaInfo confirment ses déclarations, montrant que le Portugal, qui comptait 150 000 travailleurs expatriés en 2015, en compte désormais 650 000.
La ministre Godinho estime que leur présence au Portugal constitue un sérieux avantage pour l'économie nationale. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision RTP3, elle a indiqué que ces expatriés représentent désormais 10 % de l'ensemble des participants actifs au système de Sécurité sociale, auquel ils contribuent à hauteur de 1,8 milliard d'euros. Cela a contribué à augmenter le salaire local moyen, qui a progressé d'environ 8 % au cours des quatre premiers mois de 2023.
La présence d'expatriés stimule également le tourisme, à la fois en augmentant le nombre de travailleurs dans l'industrie du tourisme et en attirant davantage d'étrangers à visiter le pays. Le Portugal a introduit une taxe de séjour en 2023, qui a déjà généré 2,14 millions d'euros rien que durant les quatre premiers mois de l'année. Cet argent est utilisé pour minimiser l'impact écologique du tourisme dans les villes et améliorer leur propreté et leur sécurité.
Le secrétaire d'État au Tourisme, au Commerce et aux Services a lancé une initiative visant à augmenter de 20 % le nombre de travailleurs dans l'industrie du tourisme. Cela inclut bien évidemment les professionnels étrangers du tourisme qui souhaitent travailler au Portugal.
La ministre du Travail s'est montrée enthousiaste en affirmant que son pays devait « avoir la capacité de faire travailler des travailleurs étrangers au Portugal » et de retenir ces talents expatriés dans leurs organisations.
Logements abordables dans les régions semi-rurales et coût de la vie relativement bas
L'un des principaux moteurs de l'expatriation au Portugal est le coût relativement abordable de la vie et de l'achat d'une maison par rapport à d'autres pays d'Europe. Même les grandes villes sont moins chères que d'autres métropoles mondiales. Dans l'étude « Cost of Living 2023 » du cabinet de conseil Mercer, Lisbonne, la capitale, se classe parmi les villes les moins chères pour les expatriés. Le coût de la vie y est inférieur de 40 % à celui de Londres ou d'Amsterdam.
Le pays n'impose aucune restriction aux expatriés souhaitant d'acheter une propriété, même dans les grandes villes. Toutefois, les meilleures offres immobilières se trouvent en dehors des grandes villes et des régions côtières populaires. Dans les stations balnéaires d'Algarve et d'Albufeira, l'achat d'une maison devrait coûter environ 500 000 euros. Toutefois, dans les régions intérieures et semi-rurales, vous pouvez obtenir une maison spacieuse pour seulement 100 000 à 200 000 euros. Le magazine Forbes rapporte que les expatriés américains se sont montrés très intéressés par ces maisons semi-rurales, d'autant plus que l'achat d'une maison aux États-Unis est souvent beaucoup plus cher.
Il existe même des offres de maisons à 1 euro dans les régions semi-rurales. Il s'agit de maisons situées dans des zones à faible densité démographique et qui ont besoin de l'impulsion économique que peuvent apporter les expatriés. Les maisons sont vendues à un prix symbolique parce qu'elles sont délabrées et que leurs propriétaires essaient simplement de les céder à des personnes qui pourraient les réparer et les rénover. Bien entendu, il s'agit souvent de vieilles maisons construites dans les années 1970 à 1990. Les expatriés doivent évaluer si les efforts et l'argent nécessaires à la réparation de ces maisons valent la peine et s'ils pourraient se contenter de vivre dans un quartier relativement calme. Heureusement, le Portugal est suffisamment petit pour qu'il soit possible de se rendre en quelques heures dans des régions plus animées.
Le Portugal offre de nombreuses possibilités de visa pour les expatriés
La diversité des voies d'accès au Portugal en tant qu'expatrié est également très attrayante. Les candidats à l'expatriation peuvent choisir le type de visa qui correspond le mieux à leur profil et à leurs besoins. Fin 2022, le pays a lancé un tout nouveau visa de nomade numérique pour exploiter la tendance post-Covid au travail à distance. Il existe également un « Golden Visa » et un « Green Visa » pour les investisseurs, ainsi qu'un visa D7 pour ceux qui vivent de revenus passifs.
Pour obtenir le visa de nomade numérique, il faut gagner au moins 2 800 euros par mois, soit quatre fois le salaire minimum local. Les demandeurs peuvent faire venir leur conjoint et leurs enfants, et ils peuvent également étudier dans des établissements d'enseignement portugais avec ce visa. Quant au visa D7, il est parfait pour les retraités qui vivent d'une pension ou d'autres formes de revenus passifs comme les loyers. Ils doivent gagner au moins 760 euros par mois, ce qui est assez peu.
Le « Golden Visa » et le « Green Visa » sont deux types de visas destinés aux investisseurs. Sous la pression de l'Union européenne, le Portugal a dû rendre les critères pour l'obtention du « Golden Visa » plus stricts. Cependant, le visa n'a pas été totalement supprimé. Les demandeurs doivent s'engager à réaliser un investissement significatif qui profite à l'économie portugaise. L'investissement peut prendre différentes formes. Ils peuvent créer au moins 10 emplois pour des citoyens portugais, acheter au moins 1 million d'euros d'actions d'une société portugaise, contribuer à hauteur d'au moins 250 000 euros au secteur des arts ou du patrimoine, investir 350 000 euros dans la recherche scientifique ou acheter pour 400 000 euros de biens immobiliers dans une zone à faible densité, entre autres options.
Le « Green Visa » est une alternative plus écologique au « Golden Visa ». Les candidats à l'expatriation doivent investir 500 000 euros dans des projets environnementaux. Il peut s'agir, par exemple, de fermes biologiques, de centrales d'énergie renouvelable, d'entreprises d'écotourisme ou de projets visant à atteindre la neutralité carbone.
Le Programme des résidents non habituels (RNH) permet aux expatriés d'économiser de l'argent sur les impôts.
Le programme NHR est un régime fiscal attractif pour les nouveaux expatriés au Portugal. Il leur permet de bénéficier d'exonérations fiscales importantes pendant les dix premières années de leur séjour dans le pays. Pendant cette période, la plupart des revenus qu'ils tirent de l'étranger sont exonérés d'impôts. Une exception est faite pour les revenus de pension provenant de l'étranger, qui sont imposés à un taux de 10 %.
Les travailleurs indépendants et les personnes exerçant des professions à haute valeur ajoutée bénéficient d'un taux d'imposition forfaitaire de 20 % sur leurs revenus locaux, quel que soit le montant de leurs revenus. Normalement, le taux d'imposition standard sur le revenu peut atteindre 40 % pour les hauts revenus. La liste des professions à haute valeur ajoutée comprend les médecins, les cadres, les professionnels de l'enseignement supérieur, les ouvriers qualifiés du bâtiment et de l'artisanat, les linguistes, les journalistes, les scientifiques et les techniciens.
Pendant ces 10 ans, les expatriés sont également exonérés de l'impôt sur la fortune prélevé sur des actifs tels que les biens immobiliers et les trusts personnels, ainsi que de l'impôt sur les successions. Ils ne doivent pas non plus payer de taxes lorsqu'ils envoient des cadeaux à leurs proches, ni de frais lorsqu'ils transfèrent leur argent au Portugal. Pour bénéficier du programme NHR, les expatriés doivent disposer d'un permis de séjour valide et d'une maison au Portugal, mais ils ne doivent pas avoir été résidents pendant une longue période, c'est-à-dire au cours des cinq dernières années. Ce programme s'adresse aux nouveaux expatriés qui viennent d'acquérir une résidence fiscale dans le pays après y avoir vécu pendant au moins 183 jours.
Toutes ces politiques avantageuses en matière de visas et de fiscalité, combinées au faible coût de la vie et au climat chaud, expliquent pourquoi le Portugal a connu une augmentation considérable du nombre de travailleurs expatriés s'installant dans le pays au cours des dernières années.
