Originaire de Picardie, en France, Camille est une aventurière dans l'âme. Attirée par les voyages depuis toute petite, elle a eu l'occasion de visiter plusieurs pays d'Europe dans le cadre du programme Erasmus, et d'Asie, avant de se poser à Amsterdam où elle a aujourd'hui une vie épanouie, tant sur le plan personnel que professionnel. Mais une chose est sure : elle n'en est pas à sa dernière aventure ! Camille nous parle de son parcours, de ses galères mais aussi de ses réussites, avec des rêves et des projets plein la tête.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je m'appelle Camille, j'ai 31 ans, je viens de Picardie en France. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis toute petite j'ai toujours été attirée par les voyages, les langues étrangères, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles cultures.
Dès le lycée, j'ai commencé à étudier les langues, j'ai fait un bac littéraire et j'ai choisi une option 3e langue. Donc j'apprenais déjà anglais, espagnol et italien. Ensuite j'ai décidé d'aller à l'université pendant 5 ans pour entreprendre le cursus LEA (Langues Étrangères Appliquées). Ce sont des études linguistiques poussées ; j'ai choisi anglais, espagnol et italien. Ce qui est bien avec ce parcours, c'est que c'est vraiment accentué sur la traduction du français vers d'autres langues, et vice-versa, mais ce sont aussi des études de la culture et de l'économie de chaque pays qu'on étudie. Durant ces 5 années d'études j'ai fait plusieurs stages à l'étranger, et j'ai également fait un séjour Erasmus.
J'ai tellement pris le goût de vivre à l'étranger que j'ai décidé d'y rester après mes études. Ça fait maintenant un peu plus de 9 ans que j'habite à l'étranger. J'ai vécu 2 ans et demi à Rome, 4 ans et demi à Barcelone et maintenant ça va faire 2 ans et demi que je suis à Amsterdam.
Qu'est-ce qui vous a amenée dans ces différents pays ? Y en a-t-il un en particulier qui vous a marqué plus qu'un autre ?
D'abord pour l'Italie : comme j'ai étudié italien renforcé pendant mon parcours universitaire, pour moi c'était évident que j'allais vivre à l'étranger car, à mon avis, il faut vivre dans le pays pour améliorer son niveau linguistique, pour en découvrir plus. Donc j'ai été 6 mois en Erasmus à Rome, et ça s'est tellement bien passé que pendant mon séjour, j'ai appelé ma famille et ma Fac pour leur demander si je pouvais rester 6 mois de plus, donc au final j'ai fait 1 an d'Erasmus en tout. Je suis vraiment tombée amoureuse de cette ville, de cette façon de vivre, je me voyais vraiment y vivre, je ne voulais pas partir mais je devais terminer mes études. J'ai dû donc rentrer, mais dès que j'ai terminé et eu mon diplôme (après environ un an et demi), je suis retournée en Italie pour commencer ma vie professionnelle et ma vie tout court. J'avais vraiment envie d'y rester, j'étais tellement amoureuse de ce pays, j'adore tout, et j'y suis restée un an et demi de plus.
Concernant Barcelone, pendant la période où je suis rentrée en France pour terminer mes études, j'avais déjà la fièvre du voyage, il fallait que je bouge, que je fasse quelque chose entre-temps avant de retourner en Italie. Du coup, j'ai décidé de passer un été à Barcelone. J'ai pris un job d'été là-bas, je me suis dit : « Je n'y suis jamais allée avant, c'est une bonne destination, c'est la fête, il fait beau, on va s'amuser, pas de prise de tête, on y va ! ». Et pendant cet été-là à Barcelone, j'ai demandé à ma Fac de faire un stage Erasmus Plus à mi-temps dans une entreprise touristique, juste le matin, et le soir je travaillais dans un bar-crawl touristique, je vendais des soirées, j'invitais les touristes à faire la fête, je travaillais sur La Rambla et sur la plage. C'était un été très fun, j'ai vraiment adoré cette ville. Et donc même si je voulais absolument retourner en Italie, il y avait déjà une petite graine dans ma tête qui germait qui me disait « Ah ! Barcelone pourquoi pas aussi ? ». Et après avoir fait mon temps en Italie, j'avais toujours cette ville dans ma tête, alors j'ai décidé de quitter Rome pour Barcelone. J'y ai travaillé comme agente de voyages là-bas.
Pour finir, ce qui m'a amené à Amsterdam c'est tout d'abord mon partenaire de l'époque qui était néerlandais, et j'avais aussi beaucoup d'amis de cette nationalité à Barcelone, donc j'étais un peu déjà dans une petite bulle néerlandaise. Ce pays m'a vraiment attiré, je me suis dit « Les gens sont super sympas, je comprends un peu la langue ». Il y a aussi eu entre-temps la période du Covid, où j'ai travaillé seulement à mi-temps, les restrictions en Espagne étaient très strictes et j'ai eu besoin de changement, d'une nouvelle aventure, d'un nouveau chapitre et c'était le moment idéal. Ça fait maintenant 2 ans et demi que j'y suis et pour le moment je suis bien.
Tous les pays m'ont marqué pour des raisons différentes, mais c'est vrai que Barcelone et Amsterdam m'ont fait quelque chose en plus. À Barcelone, même si je travaillais beaucoup, j'avais toujours l'impression d'être en vacances, et ce pendant 4 ans et demi, même en faisant mon travail sérieusement et en allant au bureau tous les jours. Cette sensation de vacances, il fait beau, les gens sont relax, il y a vraiment une vie après la journée de travail : les gens ne rentrent pas chez eux, non, ils vivent dehors, la vie continue, on mange tard, on se couche tard tous les jours de la semaine et pas seulement le week-end. C'est à Barcelone que j'ai vraiment pu grandir et m'ouvrir réellement. Concernant Amsterdam c'est un peu pareil, il y a une super mentalité. On a des préjugés sur les pays du nord comme quoi les gens sont froids, mais pas du tous ! Les gens ici sont très chaleureux, gentils, serviables. Sans vouloir jeter la pierre à l'Italie et l'Espagne que j'adore, ici tout fonctionne très très bien, c'est transparent, niveau administration, logement, travail. Si vous avez un problème, les gens sont là pour vous assister et vous aider dans vos démarches. On ne se sent pas délaissé. C'est un pays aussi très sûr, je me sens en sécurité, je peux rentrer à n'importe quelle heure, il n'y a pas de harcèlement de rue, je me sens vraiment en paix et à l'aise.
Parlez-nous de votre expérience en Erasmus. Qu'est-ce que cela vous a-t-il apporté ?
Mon année Erasmus a clairement été l'une des plus belles années de ma vie. C'était vraiment une période intense, j'ai l'impression d'avoir vécu 1000 choses en un an.
On ne va pas se mentir, on parle d'Erasmus, donc oui on étudie mais on fait aussi beaucoup la fête. On passe beaucoup plus de temps dehors qu'à la Fac mais cette expérience a changé ma vie.
J'en ai même fait un tatouage car c'est là où j'ai vraiment appris à vivre. Pour moi c'est comme une deuxième naissance, je me suis ouverte, j'ai grandi, alors j'ai tatoué sur mon bras « Vivere » (vivre en Italien). Je viens d'une petite ville de Picardie où il ne se passe pas grand-chose, la mentalité est assez fermée. Avant cette expérience-là, je ne voyageais pas beaucoup, donc Erasmus a été une claque, ça m'a ouvert l'esprit. Avec du recul, je me rends compte que j'étais moi aussi fermée d'esprit, je n'avais rien connu jusque-là. J'ai aussi pris en indépendance, à vivre par moi-même et prendre mes propres décisions, car c'était la première fois que je quittais le cocon familial. J'ai appris à vivre et à profiter des petits plaisirs de la vie car en Italie, comme dans beaucoup de pays du sud, les gens sont détendus, ils prennent le temps de vivre et relativisent beaucoup plus.
Vous vivez actuellement à Amsterdam, aux Pays-Bas. Comment s'est passée la recherche d'emploi ? Avez-vous eu des difficultés à en trouver ?
Je dirais que c'est très facile de trouver du travail aux Pays-Bas ; l'offre dépasse même la demande. Le chômage est quasiment inexistant ici, tout le monde a du travail. Les gens ont le luxe de pouvoir changer de travail s'ils le souhaitent. Ce sont les entreprises qui ont du mal à trouver des employés. Il y a beaucoup, beaucoup d'offres, même pour les étrangers. C'est d'ailleurs plus difficile de trouver un logement qu'un emploi !
Bien sûr, quand on arrive dans un nouveau pays, c'est toujours un peu stressant, ça peut prendre un peu de temps, mais j'ai trouvé ça très simple par rapport à mes expériences passées. Quand je suis arrivée ici, j'avais encore mon job de Barcelone que j'ai pu continuer encore quelque temps à distance et j'ai trouvé mon premier emploi à Amsterdam en moins d'un mois. Et puis, après un an, j'ai trouvé un autre job très facilement également, 2-3 semaines et c'était réglé. Et pendant ce laps de temps, j'ai eu 8 entretiens, donc 8 possibilités ! C'est vraiment dynamique, il se passe des choses, peu importe le secteur ou même la ville choisie.
Qu'en est-il de votre vie sociale à Amsterdam ? Avez-vous eu des difficultés à vous intégrer et à vous faire de nouveaux amis ?
La vie sociale à Amsterdam, c'est particulier. Ça aussi, ça a été un choc culturel. J'avoue qu'au début ça n'a pas été facile et étant en période de Covid, ça n'a pas aidé les choses. Je suis arrivée en février 2021 et tout était encore fermé aux Pays-Bas, les gens pouvaient sortir et se balader mais les bars, restos et boîtes de nuit étaient fermés donc pour rencontrer des gens c'était très dur. Au début je ne suis quasiment pas sortie, je n'avais personne à voir à part mon partenaire, moi qui adore sortir, faire la fête, qui a toujours des plans le week-end, c'était dur au début de se dire : « On est vendredi, je suis sur mon canapé, qu'est-ce que je fais ? Il ne se passe rien, personne ne me contacte et je n'ai personne à contacter ». Mais une fois que les restrictions ont été levées, les choses ont changé et se sont débloquées.
J'ai fait quelque chose que je n'avais jamais expérimenté avant : je me suis inscrite sur une app de dating (elle s'appelle Hey! Vina) pour rencontrer des amis. Cette app n'est que pour les filles, c'est purement platonique, c'est vraiment pour se faire de nouvelles copines et j'ai rencontré quelques personnes comme ça qui sont maintenant de très bonnes amies avec qui je partage plein de choses. Et puis j'ai aussi commencé à sortir de plus en plus avec mes collègues comme moi étrangers, jeunes, qui voulaient sortir. Bref, tout s'est enchaîné !
Aussi, je me suis convaincue de faire une activité histoire de rencontrer encore plus de gens, du coup, j'ai commencé à faire du volontariat une fois par semaine et grâce à ça j'ai rencontré des personnes superbes qui sont devenues également de très bonnes copines.
L'une des choses assez particulière et qui freine beaucoup dans la vie sociale c'est que les gens ici fonctionnent avec un agenda. Maintenant je fonctionne aussi comme ça mais au début c'était compliqué, car avoir des plans spontanés ça existe, mais c'est rare. Les gens sont très « occupés », ils ont besoin de planifier des semaines à l'avance, voire des mois. Donc si je veux boire un verre avec quelqu'un, la personne va me dire : « Laisse-moi regarder mon agenda ! », « Ah, je suis disponible dans 5 semaines ! On bloque cette date ? ». Ça marche comme ça ici ; c'est impossible de proposer à quelqu'un de se voir ce soir ou demain soir. Pour moi, c'est une sorte de frein, ce manque de spontanéité.
Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient s'installer à Amsterdam ?
Je ne sais pas si j'ai vraiment de bons conseils, mais je vais essayer.
Sur le point professionnel : c'est toujours mieux de postuler quand on est sur place. Ça rend les entretiens plus faciles, les employeurs sont rassurés car ils savent que vous êtes déjà là.
Pour le logement : s'accrocher et ne pas lâcher prise, recherchez au plus vite et ayez de la patience car c'est très dur de trouver (plus qu'un emploi !). Le marché de l'immobilier c'est de la folie car beaucoup veulent y vivre et c'est très cher. Malheureusement, il faut parfois y passer des journées entières pour arriver à ses fins.
Autre conseil : préparez-vous mentalement au niveau météo ! Ce n'est pas facile ici, il pleut beaucoup pendant longtemps, les hivers sont très longs et les étés très courts. Il faut s'attendre à tout et aller au travail en vélo le matin en imperméable.
Vous aimez voyager et découvrir de nouveaux endroits. Quel a été votre meilleur voyage ?
J'adore marcher, la nature, et surtout sortir de ma zone de confort. Et justement j'ai fait le chemin de Saint Jacques de Compostelle pendant un mois. Une de mes grandes fiertés !
En 2018, j'ai fait un voyage en sac à dos de 4 mois en mode baroudeuse à petit budget en Asie. J'ai visité 8 pays en Asie du Sud Est (Népal, Inde, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Malaisie et Singapour). Ça a été une sacré expérience qui m'a beaucoup ouvert l'esprit car on est vraiment au bout du monde, les choses sont vraiment différentes, les gens ont beaucoup moins que nous mais ils sont tout aussi heureux, voir plus heureux. Et sans parler des paysages magnifiques !
Quels sont vos projets d'avenir ?
Que des projets de voyages ! C'est encore un peu flou car pour l'instant je me plaît bien où je suis actuellement, mais j'ai encore l'ambition de changer de pays et de voyager encore plus.
J'essaye de profiter du moment présent, bien sûr, car j'aime ma vie ici à Amsterdam, mais j'ai quelques petites idées derrière la tête. J'aimerais bien vivre dans d'autres pays, comme le Portugal car j'aime vraiment le sud de l'Europe et j'aimerais apprendre le portugais. Et puis, j'ai toujours été attirée par Londres depuis que je suis ado donc j'ai cette ville dans ma liste de lieux où j'aimerais vivre. J'ai énormément aimé l'Asie aussi (que j'ai visité il y a quelques années), je ne sais pas encore où mais peut-être en Thaïlande. Je ne sais pas si un jour je pourrais vivre dans ces 3 pays-là, mais ils sont dans ma tête. Pour le moment, rien n'est sûr, je n'ai aucun projet à court terme, on verra !
Donc voilà, j'ai encore envie de barouder par ci et par là, je ne suis pas prête à me poser ! Mais j'espère quand même trouver un équilibre et un chez moi plus tard.
Un retour en France est-il envisageable ?
Il ne faut jamais dire jamais, tout est possible ! Mais pour moi actuellement, un retour en France c'est inenvisageable. Au début de mon expérience à l'étranger je me disais que je ferais quelques années et que je serais revenue me poser en France. Mais plus les années passent et moins j'ai envie de revenir. Je me sens tellement bien à l'étranger, j'ai cette sensation de vivre une aventure au quotidien donc j'y suis vraiment bien. En fait, je me sens toujours française , mais je me sens plus européenne.