Visa de visiteur adapté pour contrer la pénurie de main-d'œuvre
Les voyageurs détenteurs d'un visa de visiteur et ayant une offre d'emploi valide peuvent toujours recevoir leur permis de travail sans avoir besoin de quitter le territoire. La mesure a été prolongée en février 2023 pour 2 ans. Elle durera jusqu'au 28 février 2025. Décidé pour répondre à la pénurie chronique de main-d'œuvre, cet aménagement permet aux employeurs de recruter les nombreux expatriés munis d'un simple visa de visiteur. Pour rappel, le visa de visiteur (ou visa de résident temporaire) peut être exigé pour visiter le Canada en tant que touriste, pour visiter la famille, ou encore, pour participer à des activités professionnelles (réunions d'affaires).
Visa étudiant plafonné pour mieux accueillir les étrangers
« Accueillir temporairement moins, pour accueillir mieux ». Telle pourrait être la nouvelle ligne du ministère canadien de l'Immigration.
Plafonnement des permis d'études
Dans un communiqué publié le 22 janvier 2024, le ministère de l'Immigration indique limiter la délivrance de permis d'études à 360 000 cette année. C'est 35 % de moins qu'en 2023. Principales raisons invoquées : la protection des étudiants étrangers contre l'exploitation, et le manque de logement. D'après le ministère, des établissements ont profité de la manne financière que représentent les étudiants étrangers pour augmenter considérablement leurs bénéfices. Des étudiants exploités et livrés à eux-mêmes, et sans solutions de logement adéquates. Le Canada traverse toujours une sévère crise du logement. La hausse du nombre d'étudiants étrangers exercerait une « pression » supplémentaire sur l'offre locative.
Mais pas question d'incriminer les étrangers. « Ce serait une erreur de blâmer les étudiants étrangers pour la crise du logement […] » martèle le ministre de l'Immigration Marc Miller, le 7 décembre 2023. Le ministre reconnaît aussi qu'il serait tout aussi erroné d'accueillir les étudiants étrangers « sans aucune aide […] sans même leur fournir un toit au-dessus de la tête. » D'où le plafonnement à 360 000 permis pour 2024. Les demandes de renouvellement de permis d'études ne sont en revanche pas concernées.
Hausse des exigences financières pour les étudiants étrangers
Depuis le 1er janvier 2024, les étudiants étrangers doivent également répondre à de nouvelles exigences financières. La décision fait suite à l'annonce faite le 7 décembre 2023 par le ministre de l'Immigration Marc Miller. À la crise du logement s'ajoute la crise économique. Si l'inflation a reculé à 3,9 % en 2023 (contre 6,8 % en 2022), la hausse générale des prix plombe toujours le pouvoir d'achat des habitants. Les étudiants étrangers sont particulièrement exposés au risque de précarité. C'est pour éviter ce risque que le ministère a augmenté « les exigences financières relatives au coût de la vie ». Un étudiant étranger doit désormais prouver qu'il dispose d'au moins 20 635 dollars canadiens, soit « 75 % du seuil de faible revenu ».
Pour justifier sa mesure, le ministère rappelle que l'exigence financière n'avait pas été révisée depuis 2000. Or, les 10 000 dollars canadiens exigés ne répondent plus à la situation économique et sociale du Canada depuis longtemps. Le gouvernement précise que les nouveaux fonds demandés s'ajoutent à tous les autres (droits de scolarité, frais de voyage…). Venir étudier au Canada coûtera donc bien plus cher que par le passé. Conscient de l'impact sur les étudiants étrangers, le gouvernement envisage de lancer plusieurs programmes d'aide pour leur permettre de poursuivre leurs études au Canada.
Vers un rétablissement du visa pour les ressortissants mexicains ?
Les conservateurs d'Ottawa font pression sur le gouvernement fédéral. Et pour la première fois, le gouvernement Trudeau semble prêt à revenir sur l'une des mesures phares de sa politique internationale. C'est en décembre 2016 que Justin Trudeau a levé l'exigence de visa pour les ressortissants mexicains. Il s'agissait alors d'accroître les échanges commerciaux entre les deux États. Mais l'exemption serait détournée par des réseaux de criminels internationaux, notamment les cartels mexicains. C'est la conclusion de plusieurs enquêtes menées au Canada, mais aussi aux États-Unis. L'administration Biden prévient : des trafiquants d'êtres humains liés aux cartels mexicains profiteraient de l'exemption de visa du Canada pour amener clandestinement des personnes sur le sol américain.
D'après le ministère canadien de l'Immigration, les demandes d'asile venant du Mexique ont explosé depuis l'exemption de visa : d'à peine 110 en 2015 à 23 995 en 2023. Une explosion de demandes qui va avec une augmentation des fraudes. Le ministre Miller admet qu'un grand nombre d'entre elles ne seraient pas légitimes. Le taux d'acceptation n'est que « d'à peu près 30 % » alors qu'il « frise les 50 % » pour les autres demandes d'asile (tous pays confondus). À cela s'ajoute une explosion de faux documents, notamment des autorisations de voyage électroniques frauduleuses.
Le ministère de l'Immigration suivra-t-il la voie des conservateurs ? Le gouvernement préfère compter sur la voie diplomatique, et presse le Mexique de renforcer son action contre les réseaux de trafiquants. Mais plutôt que de rétablir le visa pour tous les Mexicains, le Canada envisagerait un visa spécifique pour les nouveaux visiteurs mexicains. La mesure a déjà été mise en place pour les ressortissants du Costa Rica, du Maroc ou de l'Argentine.
Quel impact sur l'expatriation ?
Le Canada risque-t-il de perdre son rang de destination favorite des expatriés ? Pour l'instant, on est encore très loin du scénario catastrophe. Au contraire : le Canada bénéfice toujours d'une bonne image à l'étranger. Le ministère de l'Immigration compte bien favoriser l'immigration grâce aux ajustements en matière de visa. L'immigration francophone est particulièrement ciblée. Dans son communiqué de presse du 16 janvier 2024, Marc Miller annonce de nouvelles initiatives pour favoriser « l'immigration francophone à l'extérieur du Québec », notamment celle des francophones qualifiés.
Liens utiles :