Pourquoi avez-vous choisi de vous installer en Arabie Saoudite ?
L'idée de l'expatriation nous trottait dans la tête depuis un moment. La première opportunité au sein de mon entreprise s'est présentée avec l'Arabie Saoudite. Il s'agissait plus d'un choix de carrière que d'une préférence géographique à vrai dire.
Comment s'est passée votre installation ?
Assez bien. Le fait de travailler pour une société reconnue et déjà implantée sur place nous a beaucoup aidé. J'ai déménagé en juillet et le reste de la famille, ma femme et mon fils, m'ont rejoint en octobre. Par contre, nous avons eu beaucoup de problème avec l'obtention des visas à cause de notre sponsor. Ce n'est qu'après 18 mois que nous avons pu enfin obtenir le visa résident. Cela signifie qu'il nous a fallu retourner en France de manière régulière pour refaire des visas temporaires, pas toujours facile avec un enfant en bas âge !
Quelles ont été les formalités à accomplir pour pouvoir vivre et travailler en Arabie Saoudite ?
Il est possible de commencer avec un visa de visiteur renouvelable tous les 90 ou 180 jours. A terme, il faut déposer un dossier complet pour obtenir le visa de résident qui facilite toutes les autres démarches ici. Pour cela, une première étape est faite en France : copie du diplôme, lettre du sponsor, check-up médical complet avec bilans sanguins et dépistages divers, le tout validé par l'Ambassade ou le Consulat d'Arabie Saoudite en France. L'ensemble est ensuite vérifié et validé définitivement sur place en Arabie Saoudite. Le délai moyen est d'environ 2 à 3 mois pour l'obtention du visa résident du père de famille. Ceci étant fait, le reste de la famille peut le rejoindre sur place et obtenir leur visa assez rapidement.
Comment avez-vous trouvé un emploi à Khobar ? Des conseils à partager avec les autres membres ?
Le poste a été trouvé en interne via mon employeur, je n'ai pas donc de tuyaux particuliers pour trouver directement sur place.
Avez-vous eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes) ?
Pas de soucis particuliers avec la langue dans la mesure où beaucoup de monde parle anglais ici. Il y a énormément d'expats qui travaillent dans les magasins et les restaurants, il est donc rare d'avoir un interlocuteur qui ne parle que l'arabe. Les contraintes liées à l'application de la Charia sont par contre plus difficiles à supporter. La vie dans le compound est très proche de la vie en France ou dans d'autres pays occidentaux. Mais une fois à l'extérieur, il faut absolu-ment respecter les lois et coutumes locales. Cela concerne notamment l'interdiction formelle pour les femmes de conduire, les heures de prières pendant lesquelles les magasins baissent leurs rideaux et les restaurants (pour la plupart) s'arrêtent de servir, l'obligation pour les femmes de porter une robe noire et ample appelée "abaya". Cette robe limite le temps passé devant le miroir à se demander comment ma femme va s'habiller :-) mais quand il fait presque 50°C en été, le port de l'abaya n'est pas des plus agréables. De même, 90% des femmes locales portent le Niqab. Il est donc assez surprenant/gênant lorsqu'on arrive ici de ne croiser que des femmes tout en noir et dont seuls les yeux sont visibles. On s'y habitue finalement assez vite tout en restant toujours sur ses gardes pour éviter de froisser qui que ce soit.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris à Khobar ?
Nous avons été le plus surpris par l'influence flagrante du mode de vie américain. On sent bien que ce sont des expatriés américains qui ont aidé à développer l'économie de l'énergie ici, et donc certaines villes comme Khobar. Il y a de nombreux fast-foods, beaucoup plus qu'en France par exemple et également de nombreux centres commerciaux très modernes. Les routes sont très larges et les 4x4 US très répandus. Les traditions restent cependant très ancrées et visibles. Il y a une impression de grand écart fait par une population qui doit naviguer entre modernité à l'occidentale et coutumes ancestrales, religion omniprésente via les mosquées disséminées un peu partout, smartphones de dernière génération, etc. Tout ceci nous fait parfois oublier que les conséquences d'un acte contraire aux règles locales, mélange de tradition et d'interprétation assez stricte de l'Islam, peuvent être très lourdes. Donc même après deux ans, nous restons toujours un peu sur nos gardes pour éviter de faire un geste ou dire un mot qui pourrait être interprété de manière négative.
Les Saoudiens sont-ils accueillants ? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances ?
Nous avons finalement peu de contacts avec les Saoudiens. La retenue mentionnée plus haut nous limite assez dans nos interactions avec eux. De manière générale, la famille étant pour eux une notion fondamentale, ils sont souvent très gentils avec nos enfants. Le contact est un peu moins cordial lorsque je suis seul. Il faut savoir que tous les restaurants sont divisés en deux parties séparées: une partie pour les célibataires masculins et une autre partie pour les familles/couples. Certains centres commerciaux interdisent même l'accès aux hommes seuls à certaines heures de la journée. Il est donc plus facile d'échanger quelques mots avec des locaux lorsque nous sommes en famille.
Ceci étant dit, la vie en compound fait que les connaissances se font plus facilement avec d'autres expatriés. Elle nous permet de rencontrer des gens du monde entier: Amérique du Nord et du Sud, Europe, Asie...L'intégration y est très facile.
Pouvez-vous partager avec nous un trait caractéristique de Khobar qui vous plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif ?
Le bord de mer est agréable même si on ne peut pas vraiment en profiter pleinement comme nous profitons de la plage en France.
Un aspect négatif qui n'est pas forcément propre à Khobar mais qui est assez pénible est l'interdiction pour les femmes de conduire.
Une idée reçue sur l'Arabie Saoudite qui s'est avérée totalement fausse :
Les Saoudiens sont tous riches. Si une minorité visible a effectivement beaucoup de moyens, une majorité de personnes vivent normalement, voire assez chichement.
Vous êtes venus en famille : comment s'est passée l'adaptation pour votre fils ?
Tout s'est bien passé. En allant à la crèche tous les matins, mon fils s'est familiarisé avec l'anglais et s'est rapidement fait quelques amis. Le parc du compound est bien équipé et lui permet de se dépenser à volonté. Aucun souci particulier à déplorer.
Qu'est-ce qui vous manque le plus par rapport à la France, votre pays d'origine ?
Une bonne tranche de jambon et un verre de vin rouge :-) !!! La possibilité pour ma femme d'être autonome et de pouvoir se déplacer librement est parfois pesante également.
A quoi ressemble votre quotidien à Khobar ?
Travail toute la semaine avec des heures assez flexibles qui me permettent de profiter de ma famille, bien plus que lorsque nous vivions en France. Le weekend ici est le vendredi et le samedi. Le vendredi ressemble au dimanche en France. Les magasins sont fermés une grande partie de la journée. Le samedi, c'est shopping, resto ou petit trajet au Bahreïn, pays voisin où l'alcool et les cinémas sont disponibles et où le port de l'abaya n'est pas obligatoire.
La ville s'anime surtout le soir, après la dernière prière autour de 19h ou 20h selon la saison. Il n'est pas rare de faire les magasins jusqu'à 22h, la plupart des centres commerciaux restant ouverts jusqu'à minuit.
Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui veulent s'installer à Khobar ?
Si possible, faites un premier voyage d'une semaine pour vous faire une première impression. Soyez prêts à vous adapter, il ne faut pas chercher à reproduire votre mode vie français ici sinon c'est l'échec assuré. C'est vous qui faites de votre expatriation un succès, soyez prêts à rencontrer des gens venus de tous horizons, à parler anglais et à respecter les règles locales. Enfin, essayez d'avoir une durée déterminée pour votre séjour ici, cela permet d'avoir des objectifs et de tenir bon dans les moments de doute ou de manque.