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Chris Antone : de l'expatriation à l'écriture, un voyage au Portugal

Chris Antone
Publié le 21 Février 2024

Expatrié français vivant au Portugal depuis une dizaine d'années, Chris Antone publie son second roman intitulé « Refondation ». Un récit d'aventures contemporaines en forme de thriller sur fond de guerre civile. En parallèle d'une carrière dans le secteur des assurances au Portugal, Chris Antone développe sa passion pour l'écriture et partage avec nous quelques réflexions sur son pays d'adoption.

Parlez-nous de vous en quelques mots

J'ai 56 ans, je suis marié, j'ai deux grandes filles, elles-mêmes expatriées (les chiens ne font pas des chats !) et ma région d'origine est le sud de la France. J'y ai fait mes études pour ensuite débuter ma carrière en tant qu'agent général, puis courtier. J'ai ensuite bifurqué dans le conseil au sein d'une grande société française spécialisée en Stratégie & Organisation dans le secteur finance. J'ai accompagné de nombreux projets en France et à l'international.

Pourquoi avez-vous décidé de vous expatrier au Portugal ?

Pour suivre un projet assurance censé durer 2 ans, mais ça fait maintenant bientôt 10 ans que je suis au Portugal ! Les autres raisons qui nous ont décidées à nous installer au Portugal tiennent à la qualité de vie que nous avons sur place et aux nombreuses interactions avec d'autres expatriés de tous les pays.

Vous vivez depuis 10 ans au Portugal, quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent de s'y expatrier ?

Apprendre la langue me semble être le premier défi. La solution de facilité consisterait à rester entre Français et à reproduire les schémas habituels. Parler le portugais permet de progresser dans la compréhension de la culture portugaise et dans l'implication au niveau du tissu local. L'autre conseil que je donnerais, c'est de s'armer de patience. Certains actes administratifs sont parfois plus lents ou plus compliqués qu'en France. À l'inverse, d'autres choses sont plus simples à réaliser et on est surpris de pouvoir les accomplir en un temps record. Je dirais qu'il faut aussi avoir des convictions fortement ancrées sur votre projet d'expatriation, car elles vous permettront de résister les jours de tempête et de doute.

Comment votre expatriation a-t-elle façonné votre évolution personnelle et professionnelle ?

Je dirais que le Portugal est une terre d'opportunité pour qui souhaite développer un projet professionnel. Certes, la majorité des expatriés sont des seniors actifs, mais de plus en plus de nouveaux arrivants sont encore en activité avec la volonté de travailler. Au niveau personnel, sortir de sa zone de confort pour accompagner un projet, a été extrêmement bénéfique et vivifiant. Certes, appuyer un beau matin sur le bouton « Remise à zéro » et partir de France, n'est jamais simple, car on sait ce que l'on quitte, sans trop savoir vers quoi on se dirige, mais le bilan est très positif.

En quoi votre expatriation a-t-elle influé sur l'écriture de vos romans ?

En s'éloignant de l'objet étudié, je pense que l'on en perçoit mieux les contours, ou en tout cas, on les perçoit différemment. La graine que j'ai plantée avec le tome 1, a certainement germé sous le soleil de l'Algarve avec le tome 2. L'expatriation m'a apporté une perspective que je n'aurais sans doute jamais eue depuis la France. Cette immersion m'a poussé à examiner de manière critique certains des enjeux sociaux et politiques abordés dans « Refondation ». Les thèmes tels que la nation, l'identité culturelle, l'autonomie et les défis de la mondialisation prennent une nouvelle dimension lorsqu'on les observe à travers le prisme de la vie quotidienne dans un pays étranger.

De quoi parlent vos deux romans de la série « Vicilisation » ?

Il s'agit d'une fiction politique et sociale abordant le thème de l'effondrement de notre civilisation occidentale. Le tome 1, « La Chute » relate les aventures d'un jeune architecte tentant de s'extraire de la capitale en proie aux émeutes et aux pénuries. Au fur et à mesure de sa progression dans une France en plein chaos, il découvre l'ampleur de la catastrophe et s'interroge sur le meilleur modèle à mettre en place pour refonder des îlots de paix et d'autonomie. Avec quelques amis, il parvient à développer un fragile espoir dans la tempête. Mais ils devront le défendre contre la barbarie.

Le second tome, « Refondation », qui vient de paraître, décrit les différents projets de société qui émergent des ruines du monde effondré. On y retrouve les héros du premier opus, cinq années après « La Chute » dans un pays où l'abondance n'est plus. Le seul modèle soutenable en l'absence d'énergie et de sécurité, consiste à réinvestir des villages et des hameaux afin d'y faire collaborer ceux qui ont dû fuir les grandes agglomérations devenues insalubres.

Que signifie le terme « Vicilisation » ?

« Vicilisation » est un néologisme dérivé du latin « vicus », qui signifie village, et de civilisation. En d'autres termes, la vicilisation est la civilisation des villages. C'est le nouveau paradigme de société qui se met naturellement en place dans un monde condamné à la lenteur et à l'autosuffisance par manque d'énergie. Mais ce nouveau modèle n'est ni médiéval, ni celui d'une ruralité idéalisée, c'est plutôt le mariage d'une certaine modernité low-tech avec des productions locales de denrées qui étaient auparavant transportées.

Qu'est-ce qui a inspiré l'écriture de vos livres « Vicilisation » ?

L'écriture du premier roman a été inspirée par la crise de 2008. Le tome 1, « La Chute », postule que l'effondrement est dû à la conjonction de crises économiques, financières et sociétales. Le choc mondial de 2008 a remis en question les fondements mêmes de nos sociétés hyper financiarisées. Cet évènement a démontré que de telles crises systémiques peuvent se reproduire et peuvent impacter les fonctionnements et les infrastructures modernes. Dès lors, les états ne peuvent plus réguler, contrôler et pacifier, ce qui crée de multiples problèmes. J'ai voulu explorer dans ce tome 1, la manière dont une société s'effondre et surtout, la manière dont elle peut renaître de ses cendres. Le tome 2 « Refondation » a été inspiré par des considérations plus politiques et sociales, tout en conservant la dimension aventures et thriller comme fils conducteurs de la lecture.

Selon vous, la réalité pourrait-elle rejoindre un jour la fiction de « Vicilisation »?

Sur bien des aspects, j'estime que nous sommes déjà dans un processus lent d'effondrement civilisationnel que la plupart des gens peuvent constater au quotidien. Quant à savoir ce qui en émergera, c'est une question que j'ai souhaité décrire de manière romanesque, sans prétendre détenir la réponse. Nos systèmes sont très complexes, imbriqués et interdépendants. Un évènement au Proche-Orient peut entraîner des conséquences diverses dans le monde entier. Une rupture d'approvisionnement dans une chaîne logistique peut déclencher des effets imprévus dans plusieurs secteurs d'activité localisés aux quatre coins de la planète. Difficile dans ces conditions de faire de la prospective. Les deux romans évoquent un monde avec moins de carburant, d'abondance et de gaspillage, dans lequel les survivants doivent réapprendre ce que collaborer et être autonome signifient. Ce qui m'intéressait, c'était d'imaginer ce que des gens d'âges et de parcours différents, pouvaient refonder positivement ensemble plutôt que de sombrer dans les clichés de la littérature postapocalyptique et survivaliste.

Le Portugal, ou d'autres régions du monde, ont-elles inspiré la saga « Vicilisation » ?

Le récit se déroule essentiellement dans ma région natale de Provence-Alpes Côte d'Azur, avec de nombreuses scènes se déroulant dans les Alpes de Haute Provence, en Arles, ou bien dans le Var et à Toulon, d'où je suis originaire. Le Portugal apparaît à quelques reprises, notamment du fait des liens culturels et historiques que nous entretenons avec ce pays.

À ce propos, comment qualifieriez-vous votre expérience d'expatriation au Portugal ?

Comme extrêmement enrichissante. C'est très intéressant de devenir l'immigré d'un autre pays ! Car ici, ce sont nous les immigrés. Apprendre la langue en partant de zéro, créer et développer une entreprise, recruter, comprendre les us et coutumes, faire l'effort de s'intégrer dans la nation portugaise qui nous accueille démontrent que le chemin est possible.

Avez-vous d´autres projets d'écriture ?

Le tome 3 est en gestation lorsque mon métier m'en laisse le loisir. Il s´est écoulé plus de dix ans entre les deux premiers opus, j'espère que je serai plus rapide pour le troisième volet !

Vie quotidienne

Commentaires

  • François kanibal
    François kanibalil y a 9 mois

    Belle expérience de vie et de reconversion vers l'écriture.

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