Prendre sa retraite à l'étranger : une décision pour la vie ?
Si la retraite en dehors de son pays d'origine attire de plus en plus de personnes, elle a aussi de quoi effrayer : un ensemble de questions administratives se pose, à commencer par la perception de la pension de retraite, l'assurance santé ou encore le permis de résidence. Ces questions peuvent avoir tant d'implications que certains perçoivent la retraite à l'étranger comme un choix lourd de conséquences. Est-ce une décision qui engage pour la vie ?
Les raisons de s'expatrier pour la retraite
Elles sont aussi variées qu'il y a d'individus et de contextes personnels. L'une des raisons les plus communément invoquées est la volonté de maintenir ou d'améliorer sa qualité de vie. Anticipant en effet une baisse de revenus, la plupart des retraités souhaitent conserver un certain confort et se tournent par conséquent vers des pays où le coût de la vie est réputé moins élevé que dans leur pays d'origine.
La recherche d'un climat agréable et d'un environnement favorable est une autre aspiration très courante. On trouve relativement peu d'expatriés s'installant dans les pays nordiques, au contraire des pays méditerranéens, de l'Asie du Sud-Est ou de certaines îles telles que Maurice. Sans donner dans les clichés, les retraités privilégient largement les climats chauds, accompagnés d'un environnement naturel à la fois sain et dépaysant.
La volonté de découverte culturelle joue aussi un certain rôle dans le choix d'une retraite à l'étranger. Nouvelles mœurs et langue, dépaysement architectural et gastronomique, autant de raisons de tenir ses sens en éveil et de continuer à apprendre alors qu'on dispose de plus de temps devant soi.
Le point crucial : les ressources financières pendant la retraite à l'étranger
Plus vous maîtriserez les procédures et démarches, plus votre choix de la retraite à l'étranger pourra se faire avec sérénité, dans un ou même plusieurs pays. Quels sont les points à bien considérer avant de prendre votre décision d'une vie d'expatrié retraité ?
C'est une source d'inquiétude fréquente : ma pension de retraite me permettra-t-elle de vivre correctement ? Quel sera précisément son montant ? La question n'est en effet pas simple si vous avez couramment changé de régime (salarié, indépendant), d'employeurs, enchaîné dans votre vie active des expatriations ou pris des congés sabbatiques… Le tracé linéaire de la carrière et de la retraite n'est pas toujours évident à percevoir. Il est recommandé de faire le point avec votre organisme de retraite plusieurs années avant la date estimée de départ. Il est possible en effet que vous ayez un certain nombre de documents à fournir et mieux vaut anticiper ce genre de démarche.
En ce qui concerne la perception de la pension de retraite à l'étranger, elle est tout à fait possible moyennant, bien entendu, une déclaration auprès de votre Caisse de retraite. Il conviendra de fournir des justificatifs tels que votre nouvelle adresse de résidence et probablement un certificat de vie (à établir tous les ans) permettant de prouver votre existence à l'étranger. Ce certificat est à viser par le consulat de votre lieu de résidence à l'étranger.
Les organismes de retraite peuvent en général transférer votre pension sur votre compte bancaire à l'étranger si cela n'occasionne pas de frais de transfert. Autrement, vous devrez garder un compte dans votre pays d'origine et effectuer vous-même les virements et autres transactions. Prenez cet aspect pratique en compte afin d'anticiper la nature exacte des frais que vous risquez d'avoir.
On part rarement à la retraite dans un pays où le coût de la vie est élevé, à moins de toucher une pension particulièrement confortable… Le choix de la destination et du coût de la vie sur place sera probablement l'un de vos premiers critères à prendre en compte. Pour ce qui concerne le coût de la vie, tentez de faire un choix qui repose sur des évaluations et des données précises.
On trouve en effet de nombreux classements sur Internet des meilleures destinations pour la retraite. Ces derniers ne reposent pas toujours sur des données chiffrées. Afin d'évaluer concrètement le coût de la vie sur place, fiez-vous à des sites de référence tels que l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Vous trouverez notamment sur ce site de nombreuses données, par pays, relatives à l'inflation, au coût du logement ainsi qu'un indice des niveaux de prix.
Vous recueillerez également des données fiables via le site du consulat du pays où vous envisagez votre retraite à l'étranger.
L'incontournable titre de séjour pour votre retraite à l'étranger
Vous n'aurez certes pas besoin de permis de séjour si vous êtes citoyen de l'Union européenne (UE) et partez dans un autre pays de la zone pour votre retraite. En dehors de ce cas de figure ou d'accord particulier entre pays, il faut en principe un permis de séjour pour passer votre retraite à l'étranger.
Une vingtaine de pays proposent officiellement un visa de retraite, dont la Thaïlande, les Philippines, l'Espagne, le Portugal, le Mexique, l'Équateur, pour n'en citer que quelques-uns. Si vous ne trouvez pas spécifiquement la désignation de « visa de retraite » pour le pays convoité, cela ne signifie pas qu'il est impossible de vous y installer. Il convient de vous rendre sur le site officiel de l'immigration du pays cible et d'examiner précisément les différents types de visa et leur prolongation possible pour un séjour de plus ou moins longue durée. Si cette opération vous paraît trop laborieuse, sachez qu'il existe en ligne de nombreuses agences de visa auxquelles vous pouvez confier ces tâches.
La délivrance d'un visa de retraite s'accompagne de plusieurs conditions. Certains pays imposent une fourchette d'âge pour en faire la demande, tandis que d'autres exigent un montant de pension de retraite minimum ou encore le dépôt d'une garantie sur un compte en banque. La possession d'une assurance santé est quant à elle obligatoire dans la plupart des pays. Enfin, le visa de retraite s'accompagne souvent d'une restriction sur la possibilité d'exercer une activité professionnelle locale.
À titre d'exemple : pour le visa retraite en Thaïlande, vous devez être âgé d'au moins 50 ans pour en faire la demande, posséder une assurance santé, un bail de logement sur le long terme et fournir une preuve de revenus financiers. Pour cette dernière, il s'agit soit de disposer d'un dépôt de garantie de 800 000 THB (21 712 $) sur son compte, soit de bénéficier d'un revenu mensuel de 65 000 THB (1 764 $) ou bien encore de fournir les preuves d'une combinaison des deux ressources financières évoquées précédemment.
Autre exemple : le visa retraite à l'île Maurice. Vous devez également être âgé d'au moins 50 ans et fournir des preuves de revenus. Il s'agit soit de transférer dans une banque locale un minimum de 18 000 $, soit d'établir la preuve d'un revenu mensuel de 1 500 $ au minimum. Il n'est pas possible de mener une activité salariée sur ce type de visa mais demeure l'opportunité de réaliser des investissements dans l'île.
À noter que certains visas retraite peuvent déboucher au bout de plusieurs années sur un titre de séjour permanent. C'est le cas par exemple du visa irlandais, indonésien ou encore thailandais. Il s'agit d'un point à vérifier en amont si vous envisagez la retraite à l'étranger comme un processus sur le long terme.
Un impératif : une assurance santé adaptée à vos besoins à l'étranger
L'assurance santé est obligatoire. Mais comment en choisir une adaptée à vos besoins pour la retraite? Vous ne connaissez d'ailleurs pas forcément le système de santé du pays où vous allez vous installer.
La solution de facilité est de choisir une assurance santé internationale. Ce genre d'assurance privée vous couvre dans de nombreux pays à l'étranger et assure au minimum un service en anglais, ce qui peut être rassurant pour vous. Quant aux prestations et remboursements, ils dépendront de la formule que vous aurez choisie. Il existe en ligne des comparateurs d'assurances santé privées. Nous vous recommandons d'effectuer trois à cinq simulations afin d'avoir un panel vous permettant d'effectuer un choix éclairé sur la question.
Attention, les cotisations de ces assurances santé augmentent en général avec l'âge. Sachez aussi qu'en fonction de vos antécédents médicaux et des soins à prévoir, toutes n'accepteront pas votre souscription.
L'autre solution est de vous tourner vers le système local d'assurance santé du pays concerné. Si ce dernier est de qualité, une souscription vous reviendra très probablement bien moins cher qu'avec une assurance privée internationale.
Pour savoir si vous pouvez bénéficier du système local, il convient de regarder s'il existe une convention de Sécurité sociale entre votre pays d'origine et celui où vous vous installez. Pour ce faire, rendez-vous dans la section« départ à l'étranger » du site de votre sécurité sociale de rattachement. Les différents cas de figure seront explicités (départ à l'étranger pour les études, pour l'exercice d'une activité professionnelle ou pour la retraite). S'il existe une convention, vous continuerez alors de payer vos cotisations auprès de votre caisse de rattachement tout en bénéficiant des soins sur place, par le biais du système de santé local. S'il n'y a pas de convention en vigueur, vous pourrez en principe vous affilier directement auprès du régime local, sauf disposition particulière.
Afin d'évaluer la qualité du système de santé local, il est recommandé là encore de s'appuyer sur des données précises. Le plus sûr est de vous rendre sur le site de l'assurance maladie locale et d'y chercher le descriptif des soins et des remboursements qui sont pris en charge. L'opération est parfois un peu plus complexe quand un pays n'a pas de système d'assurance unifié à l'échelle nationale. Certains États disposent en effet de différentes caisses d'assurance maladie agréées, mais qui n'offrent pas toutes les mêmes prestations. Nous vous recommandons alors d'en comparer au moins trois et de vous renseigner ensuite sur les systèmes de mutuelles ou d'assurances complémentaires, en fonction de vos besoins particuliers en matière de santé.
Une fois ces trois questions cruciales abordées, vous prendrez certainement votre décision de la retraite à l'étranger de façon éclairée et confiante, que cela soit pour quelques années seulement ou pour une aventure sur le long terme.