Canada, Japon, Australie, Royaume-Uni, France, Israël, Indonésie, Espagne, Allemagne… Les pénuries de main-d'œuvre sont toujours aussi fortes dans les États. Ces besoins toujours plus grands sont autant de possibilités pour celles et ceux qui envisagent une expatriation professionnelle. Mais comment se distinguer face à des milliers de candidats ? Que faut-il prendre en compte ?
Quotas, programmes spécifiques… Soyez au bon endroit au bon moment
Les États ont tous leurs programmes pour attirer des travailleurs étrangers. Certains sont ouverts sous condition de diplômes, d'autres, réservés aux étrangers de certains secteurs, ou avec une expérience professionnelle. Il existe aussi des programmes soumis aux quotas. Tous ces paramètres sont à prendre en compte pour envisager une expatriation professionnelle et se rendre visible dans un marché du travail toujours plus compétitif.
Pour vous y retrouver, vérifiez si l'État dans lequel vous souhaitez vous expatrier publie des listes de métiers en tension. Par exemple, la Belgique a recensé les professions pour lesquelles les employeurs peinent à recruter. Des professions nombreuses, allant du chargé de recrutement au boulanger, en passant par le commercial, l'infirmier, le mécanicien et l'ingénieur. Le Canada, l'Allemagne, ou Hong Kong publient également des listes de métiers en tension. Des programmes spécifiques sont également créés. Hong Kong envisage d'accueillir quelque 27 000 travailleurs étrangers, avec différents quotas selon les secteurs d'activité. 6300 travailleurs seraient recrutés pour l'industrie et l'aéronautique, 12 000 pour la construction.
Même tendance en Israël, frappé par une importante pénurie dans la construction (la plus importante depuis 20 ans). Israël entend recruter plusieurs milliers de travailleurs étrangers, principalement indiens et chinois. Lors de sa visite en Inde en mai dernier, Eli Cohen, le ministre israélien des Affaires étrangères, a signé un accord avec son homologue indien facilitant la venue de 42 000 travailleurs indiens en Israël, dont 34 000 rien que pour la construction. Quelques semaines plus tard, Eli Cohen part pour la Chine dans le but de recruter quelque 5000 travailleurs, toujours pour le secteur de la construction.
Misez sur les hauts diplômes et les secteurs qui recrutent
De nombreux secteurs recherchent actuellement des travailleurs étrangers. La santé traverse une crise dans de nombreux États, crise aggravée par la Covid-19. Les secteurs de la construction, de la logistique, de l'e-commerce, de la banque, de la finance ou des soins à la personne recrutent également. Sans compter, bien sûr, le vaste domaine des nouvelles technologies et le secteur environnemental. La liste des métiers est longue, chaque secteur offrant un vaste champ des possibles. Avec, toujours, l'exigence de l'excellence. Les hauts diplômes n'ont jamais aussi bien porté leur nom.
On pense bien sûr ici aux institutions mondialement reconnues. D'ailleurs, certains États réservent des visas spécifiques pour les diplômés des meilleures universités du monde. C'est une donnée à prendre en compte pour bien préparer son expatriation. Mais même sans avoir étudié dans une université mondialement connue, la détention d'un diplôme fait toute la différence. Veillez à aller jusqu'au bout de votre cursus. Si vous en avez la possibilité, faites des stages, et/ou partez étudier à l'étranger. Gardez en tête que les stages et les études ne sont pas réservés aux jeunes, au contraire.
Quel secteur professionnel choisir ?
Si vous avez la chance d'avoir déjà un haut diplôme dans un secteur de pointe, vous êtes bien parti pour vous distinguer sur le marché du travail. Si vous réfléchissez à une reconversion professionnelle ou à une université dans laquelle vous inscrire (à l'étranger ?), prenez en compte le marché du travail actuel, mais aussi en devenir. L'influence grandissante de l'intelligence artificielle (IA) ajoute à la concurrence dans un marché du travail déjà très compétitif. Une bonne stimulation pour les uns, une menace pour les autres, qui craignent pour la survie de leur métier. S'il est peu probable que les journalistes, rédacteurs Web, secrétaires, comptables, enseignants ou artistes disparaissent du jour au lendemain, il est certain qu'il faudra désormais composer avec l'IA.
Votre expérience fera la différence
Parfois, il vaut mieux repousser une expatriation professionnelle de quelques mois ou années, le temps d'acquérir l'expérience nécessaire. Car l'expérience professionnelle est scrutée avec autant d'attention que le diplôme. Bien entendu, il existe de nombreux postes juniors. Tout dépend du poste que vous visez. Si l'annonce insiste sur l'obligation d'avoir un nombre d'années d'expérience, ne mentez pas sur votre cursus. Vous pouvez tout à fait postuler pour une offre légèrement au-dessus de vos qualifications (par exemple, si l'on demande 3 ans d'expérience professionnelle et que vous n'en avez que 2). Dans ce cas, vos missions et compétences pourront faire la différence. Mais s'il est exigé une expérience de 5 à 10 ans et que vous sortez de vos études, mieux vaut attendre d'avoir de l'expérience.
L'expérience professionnelle augmente non seulement vos compétences techniques, mais en plus, vous permet de développer vos soft skills. Avoir déjà travaillé à l'étranger est aussi un bon point. Cela montre aux entreprises votre ouverture et votre adaptabilité. De plus, l'expérience professionnelle va aussi de pair avec le développement de votre réseau.
Vos travaux de recherche et petits boulots comptent
Les expériences professionnelles ne se limitent pas à l'emploi au sens strict. Les stages, les travaux étudiants, travaux de recherche et petits boulots comptent. C'est d'autant plus vrai pour celles et ceux qui jugent leur CV trop « léger » faute d'expériences professionnelles en entreprise suffisantes. On oublie souvent de mettre en valeur les travaux réalisés à l'université. Ils renseignent pourtant sur les compétences techniques et le savoir-être. Recherchez tout ce qui, dans votre cursus, colle au poste visé. Vous avez écrit pour la presse locale ? Présenté une étude devant une institution ? Animé un débat ? Mené une expérience scientifique ? Présentez vos réalisations et mettez-les en valeur.
Même conseil pour vos activités sportives et associatives. Là encore, elles peuvent renseigner sur vos capacités de leadership (si vous avez dirigé une association, par exemple), de maîtrise de soi, d'endurance, d'organisation, etc. Essayez de tirer de ces expériences les qualités requises pour le poste visé.
Ne faites pas l'impasse sur la maîtrise de la langue
On ne le répétera jamais assez : apprenez la langue de votre pays d'accueil avant l'expatriation. Dans un marché du travail ultra-compétitif, la maîtrise de la langue renseigne sur l'intérêt que vous avez pour le pays et les efforts que vous faites pour intégrer sa culture. Parler une même langue n'est pas seulement utile pour communiquer, mais induit aussi une base commune de normes et valeurs.
L'on pense parfois que l'anglais suffit. Il faut bien entendu parler anglais. Mais l'on surestime souvent l'influence de cette langue. Parler anglais ne suffit pas. Il faut maîtriser la langue du pays dans lequel on se rend. On aura accès à toutes les offres d'emploi rédigées dans la langue du pays (bien plus nombreuses que celles en anglais). On pourra mieux s'intégrer dans le pays d'accueil et performer au travail.
Écrivez le bon CV pour le bon recruteur
Pas de copier-coller, quand bien même vous postulez pour le même emploi dans deux entreprises différentes. Les copier-coller se voient. Évitez bien entendu de vous en remettre à l'IA pour rédiger CV et lettre de motivation. Prenez le temps de soigner vos écrits et pensez toujours que vous vous adressez à une personne (même si de nombreuses entreprises font appel à l'informatique pour trier les candidatures).
Adaptez-vous à la présentation du pays pour lequel vous postulez. Écrivez dans la langue de l'annonce ; s'il s'agit d'une candidature spontanée, écrivez dans la langue comprise par le recruteur. Dans les deux cas, et en fonction du métier que vous visez, écrivez dans la langue locale et en anglais. Attention aux intitulés de vos postes. Mieux vaut parfois utiliser les formes anglaises, qui parlent davantage. Vérifiez ce qui se fait dans le futur pays d'expatriation (comment les universités nomment-elles leurs cursus, par exemple, ou comment l'entreprise visée parle-t-elle du diplôme requis).
Un refus ? Plutôt un tremplin vers un prochain succès
Si possible, demandez un retour suite au refus d'une entreprise. Même s'il ne vient jamais, faites le point et rebondissez. Le refus de votre candidature ne signifie pas forcément que vous n'étiez pas apte pour le poste. Parfois, il s'agit d'une simple question de quotas. Parfois, c'est le timing qui n'est pas bon. L'entreprise ne recrute plus pour l'instant. Ces situations sont éprouvantes et s'ajoutent à toute la logistique indispensable à l'expatriation professionnelle (obtenir un visa de travail, un permis de séjour…). Faites éventuellement appel à un coach en expatriation et/ou une agence spécialisée dans le recrutement international. Restez confiant et sachez vous mettre en valeur.
Vous êtes unique, et ce n'est pas de la prétention
Avoir un diplôme, une grande expérience et/ou beaucoup de missions réussies à son actif est une chose. Les mettre en valeur dans un CV en est une autre. On peut avoir du mal à se présenter sous son meilleur jour. On se contente d'énoncer son parcours sur un CV sans mettre en relief ce qui pourrait déclencher l'intérêt du recruteur. Or, les recruteurs ne repassent pas toujours sur les CV pour y traquer les points forts. Marché du travail compétitif et manque de temps vont de pair. Les meilleurs CV sont ceux auxquels « on accroche » facilement.
Évitez de vous comparer aux autres ou de paniquer à cause d'éventuels quotas. Apprenez plutôt à mettre en valeur vos qualités. Chaque candidat est unique. Vous êtes unique, et c'est ce que doit ressentir le recruteur. Voilà une bonne manière de se distinguer dans un marché du travail compétitif. Il ne s'agit bien sûr pas d'enjoliver sa situation, mais plutôt de tirer le meilleur de ses réalisations, et de les présenter de façon à ce qu'elles s'harmonisent naturellement avec le métier visé. Au fond, travailler à l'étranger commence bien avant l'expatriation. Vous êtes déjà à l'heure locale lorsque vous cherchez du travail. Considérez ce temps de recherche comme un apprentissage supplémentaire. Gardez votre motivation et votre objectif bien en tête. Ce sont aussi les clés d'une expatriation professionnelle réussie.
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