À l'heure de l'IA, de l'e-réputation et du télétravail, zoom sur les dernières tendances en matière de recrutement international. Quelles sont les nouvelles attentes des travailleurs et des demandeurs ? À quoi doit-on s'attendre en matière de recrutement si l'on cherche à travailler à l'étranger ?
Un recrutement international de plus en plus digital
Médaille d'or pour Internet et les réseaux sociaux professionnels. Ces outils, entrés dans notre quotidien, sont devenus incontournables en matière de recrutement international. C'est la conclusion de la dernière étude de Gallup, agence de conseil en management. La présence des entreprises sur Internet et les réseaux sociaux a même un impact sur la volatilité des travailleurs.
D'après les chiffres de l'étude, plus le recrutement se digitalise, plus le travailleur a de chances de quitter son entreprise actuelle pour en rejoindre une autre. Rien qu'aux États-Unis, 70 % des salariés interrogés récemment recrutés l'ont été via des sites Internet de recherche d'emploi ou des agences de recrutement en ligne. 61 % ont été recrutés sur des réseaux sociaux professionnels, LinkedIn en tête. Bien qu'en perte de vitesse face aux outils digitaux, les réseaux informels (bouche-à-oreille, amis, collègues) fonctionnent toujours : 56 % des travailleurs sondés ont été récemment débauchés par le biais d'un réseau informel.
Cette domination des réseaux sociaux s'observe aussi dans les pratiques des entreprises. Face à une nouvelle candidature, elles se dirigent de plus en plus vers les profils LinkedIn et/ou les autres réseaux sociaux. Elles ont la même pratique lorsqu'elles veulent en apprendre plus sur un candidat. Fouiller les réseaux sociaux des candidats est devenu le premier réflexe des entreprises. Là encore, le réseau informel perd des points ; il reste néanmoins la 2e source d'information des entreprises : pour débaucher leurs talents, elles font toujours appel aux amis, au bouche-à-oreille, aux collègues ou anciens collègues.
Plus de concurrence, plus de débauchage
Les grandes puissances subissent des pénuries de main-d'œuvre dans les mêmes secteurs. Les entreprises jouent les opérations séduction pour attirer les talents internationaux. Dans cette bataille, tous les coups, ou presque, semblent permis. L'étude révèle ainsi une nette augmentation du débauchage.
Bien qu'en poste, les travailleurs n'hésitent pas à fureter vers d'autres offres d'emploi. Ils connaissent les secteurs en pénurie, s'informent sur les assouplissements possibles pour l'immigration des talents étrangers. Les entreprises guettent ces salariés volatiles pour les persuader de les rejoindre. Elles promettent bien sûr un salaire avantageux, mais aussi une organisation du travail plus souple.
Des travailleurs en quête de sens
Les vagues de démissions observées aux États-Unis en 2021-2023 (et, à certains degrés, dans des pays européens) restent dans toutes les têtes. Si les chercheurs débattent de l'existence réelle d'une « Grande Démission », ils s'accordent pour dire que le « phénomène » serait à mettre en perspective avec la conjoncture.
Plus qu'une simple exaspération, ces démissions traduisent une crise profonde du monde du travail. On pointe souvent le désengagement des salariés. Mais lorsqu'il est présent, il ne résulte pas d'un caprice. Il faut surtout souligner que les travailleurs internationaux ont une plus grande connaissance de leurs droits. Dans un contexte de crise économique mondiale, ils sont de plus en plus attentifs à leurs conditions de travail, au droit du pays d'immigration, aux perspectives de carrière, à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Ils sont également en quête de sens et prennent conscience de l'impact de leur travail sur leur vie et sur la société (impact environnemental, par exemple).
Le « bon travail » n'est plus synonyme de salaire élevé. Tout comme la « bonne carrière à l'étranger » n'est plus synonyme d'« expatriation en série ». Les travailleurs aspirent à s'épanouir au travail. Cette tendance est particulièrement présente chez les étudiants, les jeunes diplômés et les actifs trentenaires. Ils n'hésitent plus à démissionner lorsque les valeurs de l'entreprise ne correspondent plus aux leurs. S'il est toujours une variable importante, le salaire ne détermine pas seul le choix de telle ou telle entreprise. Ce choix peut être remis en cause dès que le travailleur sent qu'il y a rupture du contrat de confiance.
Toujours plus de télétravail
C'est une des conséquences de la crise sanitaire. L'organisation du travail compose désormais avec le télétravail. Plutôt discret avant COVID, il devient une nécessité lorsqu'arrive la pandémie. La fin de la crise ne stoppe pas le recours au télétravail. Au contraire. Le workation (travail et vacances) et le nomadisme numérique deviennent de plus en plus tendance. Les entreprises ne se réjouissent pas toujours. En 2023, Amazon, Google ou encore Snap votent pour le retour en présentiel. Tesla et Amazon posent un ultimatum : le présentiel ou la démission. Publicis menace de couper les avantages financiers des télétravailleurs. Même Zoom, dont le chiffre d'affaires a bondi grâce au télétravail, presse ses salariés de revenir au bureau.
Mais le retour au 100 % présentiel reste rare. Les salariés recherchent davantage une organisation de travail hybride, entre l'entreprise et le télétravail. C'est aussi ce que montre l'étude. La mention d'un possible télétravail sur les offres d'emploi est désormais capitale. Car les salariés scrutent les offres mentionnant un télétravail total ou partiel. Même les managers les plus récalcitrants sont contraints de s'aligner.
Une e-réputation toujours plus importante
D'après les chiffres de l'étude, le recrutement international est de plus en plus influencé par la présence numérique et l'e-réputation. Les entreprises veillent de plus en plus à leur image numérique. Le consultant en e-réputation a trouvé sa place dans les bureaux : il analyse l'e-réputation de l'entreprise, construit ou reconstruit une image de marque, s'assure que l'entreprise véhicule une image positive sur les réseaux sociaux et touche sa cible, etc. L'étude parle d'une présence numérique « vitale » pour le recrutement des entreprises.
Mais cette présence numérique est aussi importante pour les travailleurs. Nombre d'offres d'emploi sont directement publiées sur les réseaux sociaux professionnels. Les demandeurs d'emploi et salariés soignent leurs images sur les réseaux sociaux, y compris les réseaux informels comme Facebook ou Instagram. La « numérisation » du recrutement et le poids toujours plus important des réseaux sociaux posent toutefois des problèmes juridiques et éthiques. Quelle est la législation du pays d'expatriation en la matière ? L'argument souvent retenu est celui de l'espace public. Internet étant un espace public, quiconque peut y avoir accès. Les informations postées par un candidat peuvent être regardées par n'importe qui, y compris un recruteur potentiel.
Mais jusqu'à quel point les entreprises peuvent-elles fouiller les réseaux sociaux des candidats ? Des voix mettent en garde contre l'utilisation abusive de ces outils. Certaines entreprises compteraient trop les réseaux sociaux pour filtrer les candidatures. Le développement de l'IA pose aussi question, car le filtrage des algorithmes comporte des biais. L'e-réputation reste une construction partielle, et ne dit pas toujours tout du candidat.
Demandeurs d'emploi à l'étranger : à quoi s'attendre ?
Bien entendu, les nouvelles tendances de recrutement sont à affiner en fonction du secteur d'activité dans lequel on souhaite travailler. Toutes les entreprises ne sont pas présentes sur Internet et sur les réseaux sociaux. Certaines se contentent d'un site vitrine. D'autres privilégient les réseaux sociaux professionnels et/ou informels. D'autres encore sont quasi absentes d'Internet. Elles misent sur les canaux traditionnels pour diffuser leurs offres d'emploi : agences intérim, journaux papier ou en ligne, bouche-à-oreille, etc.
La croissance de l'IA dans de nombreux secteurs d'activité influe sur les orientations des entreprises. Des postes disparaissent sur le marché international du travail, y compris dans des secteurs que l'on pensait hors d'atteinte (éducation, justice…). Ces évolutions appellent non seulement à se former davantage, mais aussi à se former tout au long de la vie. On a déjà observé un allongement de la durée des études. Cet allongement pourrait désormais composer avec une ou plusieurs reconversions au cours de la carrière professionnelle.
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