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Ce qu'il faut savoir sur les codes culturels sud africains

La culture à Cape Town
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Publié le 01 Juillet 2019
Mis à jour parVeedushi le 02 Juillet 2019

Connaître l'histoire, les us et coutumes sociétaux d'un pays avant de s'y rendre permet de mieux comprendre son nouvel environnement de vie et est l'une des clefs d'une intégration rapide et réussie.

La périphrase inventée par l'archevêque et prix Nobel de la paix Desmond Tutu, la « Nation Arc-en-Ciel », est souvent utilisée en référence à l'Afrique du Sud. Beaucoup critiquée car elle signifie métaphoriquement une cohabitation des « couleurs » et des différents groupes communautaires qui composent le pays, plutôt que leur fusion ou leur intégration, elle implique donc une vie en parallèle, hermétique, plus qu'un partage ou des échanges culturels réciproques.

Vingt cinq ans après la fin du régime d'apartheid, qui avait pourtant suscité beaucoup d'espoirs de réunification en 1994, elle est malheureusement plus que jamais d'actualité et représente parfaitement la société sud africaine actuelle.

Quoi que l'on en dise, la couleur de peau demeure un sujet omniprésent et une réalité différentiante essentielle en Afrique du Sud. La majorité des étrangers qui viennent s'y installer est souvent très choquée par cet état de fait : à peine arrivés, nous entendons parler des Blancs (Anglais ou Afrikaners), des Noirs (Xhosas, Zulu...) et des Colored (métis), et chacune de ces « couleurs » implique directement certains stéréotypes économiques, sociaux et culturels malheureusement très souvent conformes à la réalité. De fait, lorsque l'on essaye de réfléchir à un élément, une langue, une recette de cuisine, un sport, une habitude ou des codes culturels communs à ses trois communautés, le constat est malheureusement cruel : ils n'existent pas !

Le pays a reconnu 11 langues officielles et même l'hymne est divisé en 5 couplets, chacun chanté dans l'une des cinq langues majoritaires : Xhosa, Zulu, Sesotho, Afrikaans et Anglais. Chaque communauté a ses spécificités et, même si le concept vous heurte et vous semble lunaire d'un point de vue occidental, c'est malheureusement en les découvrant ainsi que vous comprendrez le mieux le fonctionnement réel de la société sud africaine.

Les « Blancs » , qui représentent un peu moins de 10% de la population selon le dernier recensement de 2010, sont composés des Afrikaners, descendants des Hollandais arrivés au milieu du 17ème siècle au Cap, et des Sud Africains Anglais, descendants des Britanniques qui ont pris le relais par la force au tout début du 19ème siècle. Du fait du violent passé conflictuel qui les a opposés, ces deux communautés, malgré leur origine européenne proche, ont parfois du mal à s'entendre et restent relativement distantes entre elles.

Les premiers, parfois très aisés, propriétaires terriens d'immenses fermes dans le Karoo ou plus souvent appartenant à la classe moyenne voire pauvre sud africaine, ils sont attachés a leur langue afrikaans, leurs traditions assez conservatrices, pour beaucoup d'entre eux très pratiquants (protestants), et sont généralement despersonnes aux valeurs morales fortes et aux opinions tranchées. Il est difficile d'entrer dans leurs cercles d'amitié, souvent forgés à l'école ou durant leurs études. Les inviter à un « braai » - le fameux barbecue du weekend qui leur est si cher et pour lequel il existe un jour férié, le 24 septembre - est l'une des manières de briser la glace. Ne vous attendez pas à des miracles immédiats, persévérez en inscrivant par exemple vos enfants à des cours de rugby, sport qui occupe une place essentielle dans les écoles sud africaines ! Avec le temps, vous finirez peut-être par approfondir vos relations, sachant que le meilleur moyen d'en nouer avec eux est d'apprendre l'Afrikaans ou de vous adonner vous aussi à l'une de leurs activités préférées durant les weekends ou les vacances : le camping ou les game drive (nom local pour le safari) dans le Bush : le Parc Kruger et les innombrables réserves du pays sont une source sans cesse renouvelées de découvertes animalières exceptionnelles. Camper avec eux est une excellente manière de les aborder.

Sachez aussi que certains d'entre eux sont des descendants de Huguenots, ces Français protestants ayant fuit la révocation de l'Edit de Nantes à la fin du 18ème siècle, ils portent d'ailleurs encore souvent des noms typiques - Du Toit, De Villiers, Joubert, Malan, Duplessis, Le Roux, Marrais... - à vous de leur rappeler leur fibre gauloise !

Les seconds, souvent extrêmement aisés, issus de grandes familles ayant fait fortune dans les mines d'or et de diamants à la fin du 19ème siècle, sont restés très Anglais dans leurs habitudes et leurs traditions culturelles. Ils rentrent d'ailleurs régulièrement en Grande Bretagne où la plupart d'entre eux ont encore une partie de leur famille. Les notions de clubs, de cercles privés ou l'entre-soi prédomine un peu, sont très importants dans leurs échanges et leurs relations sociales. Pour vous rapprocher d'eux, surtout si vous n'avez pas les moyens de suivre leur style de vie, le plus simple est certainement au travers des (prestigieuses) écoles (éventuelles) de vos enfants, ou alors d'amis communs qui vous introduiraient.

Les « Colored », qui représentent un peu moins de 9% de la population, sont les métis d'Afrique du Sud, très présents à Cape Town. Attention au faux-ami : ce ne sont pas les personnes issues de mariages mixtes entre Noirs et Blancs, mais les descendants des tribus locales originelles décimées par le choc microbien et les violences des Hollandais installés au 17ème siècle dans la région du Cap, ainsi que des esclaves « importés » de force à la même époque d'Asie du sud-est pour la construction et le développement de la ville. Leur langue maternelle est généralement l'Afrikaans et leur religion souvent musulmane. Ils forment par essence un groupe assez hétérogène et sont une communauté très en souffrance actuellement : proches du fait de la langue des Afrikaners, l'histoire a pourtant toujours placé entre eux une barrière hiérarchique infranchissable. A la fin du régime d'apartheid, les aides sociales et les mesures économiques ont surtout été mises en place à destination des communautés Noires. Les Colored naviguent donc entre deux eaux, à la recherche de leur identité perdue, parfois auto-entrepreneurs dans les métiers manuels et techniques, infirmières, petits fonctionnaires ou pour beaucoup d'entre eux, à la recherche d'un travail. Ils sont malheureusement souvent impliqués dans les réseaux de trafics de drogues dures et les crimes très violents. Ils habitent majoritairement à la périphérie de la ville ou dans des townships qui leur sont propres. En dehors des interactions professionnelles ' avec votre plombier ou votre électricien par exemple qui seront très probablement issus de cette communauté, vous aurez sûrement beaucoup de mal à nouer des relations avec eux, à moins de vous intéresser à leurs coutumes gastronomiques : c'est à eux que l'Afrique du Sud doit ses seules spécialités culinaires - appelées improprement « Cap Malaises » - comme le Bobotie et les curry épicés venus de leur Asie natale. De nombreux cours de cuisine et festivals sont organisés partout au Cap et notamment dans leur quartier de cœur ' Bo- Kaap - où vous pourrez ainsi tenter de nouer des liens.

Les « Noirs », enfin, représentent 80% de la population du pays, et leur situation sociale et économique reste encore et malgré tout, vingt cinq ans après la fin de l'apartheid, très largement dramatique. Les choses évoluent plus vite à Johannesburg où une classe moyenne Noire se dessine nettement depuis plusieurs années. Mais dans le reste du pays et au Cap, le constat est assez désespérant. Il faut noter que ce groupe est lui aussi très hétérogène : chaque tribu (Xhosa, Zulu...) a ses propres codes traditionnels notamment en terme de mariages, de dots, de funérailles, de rites de passages à l'âge adulte, etc. Les Zulus, très présents dans l'est du pays (KwaZulu Natal) sont par exemple très attachés à leur origine et revendiquent une forme d'indépendance tribale parfois compliquée à gérer pour le pouvoir politique.

Malgré ces différences, sachez qu'au Cap, la majorité des contacts que vous aurez avec les représentants de cette communauté seront probablement hiérarchiques ' ils seront vos jardiniers, employé(e)s de maison, serveurs dans les restaurants... - ou humanitaires : vous irez à eux dans les townships dans l'espoir de faire une petite différence et d'apporter votre pierre à l'édifice. En dehors de ces situations, l'écart social est trop grand pour que vous puissiez espérer les côtoyer régulièrement. Ils vivent pour la plupart dans des townships, lorsque vous serez installés dans les quartiers centraux et privilégiés de la ville. Leurs enfants vont dans les écoles publiques où vous ne mettrez jamais les vôtres. Leurs moyens limités ne leur permettent pas d'accéder aux activités dont vous aurez la chance de bénéficier, et leurs habitudes culturelles - messe et match de foot du dimanche ' seront difficilement un rendez-vous régulier possible entre vous. A moins que vous ne soyez photographe et alliez vous balader un peu partout, ou soyez étudiant dans les universités ' et actifs dans certaines boites de nuit ! - ce qui vous donnera sûrement l'occasion d'interagir avec la jeune génération de la très timide classe moyenne Noire montante, les échanges demeureront limités.C'est la raison pour laquelle, face à tant de cloisonnement et une certaine forme d'hermétisme social et culturel, les étrangers finissent souvent par rester « entre eux », durant leur séjour au Cap.

On ne saurait donc trop vous recommander d'essayer au maximum de garder un esprit ouvert et de tenter des expériences qui sortent parfois de votre zone de confort. Pour terminer sur une note plus joyeuse, voici quelques notions élémentaires de vocabulaire qui pourront s'avérer utiles ! Le Braai, comme expliqué plus haut est l'équivalent, très ritualisé du barbecue. Le Fynbos est l'équivalent du maquis méditerranéen local au Cap. Il flambe très régulièrement durant la saison sèche, lors d'incendies souvent dramatiques. La viande de Game : il s'agit du gibier d'animaux chassés ou originaires du Bush : antilopes (Kudu, impala, springboks...), phacochères, autruches, etc. Les bakkies sont l'équivalent de nos pick-ups, les énormes voitures ouvertes à l'arrière qui permettent le transport d'objets volumineux, très courants dans le pays.

Lekker, qui signifie bon ou délicieux en Afrikaans, utilisé un peu à toutes les sauces et Howzit, contraction onomatopique de « How is it », interjection commune quand vous rencontrez quelqu'un notamment de la jeune génération. NowNow (maintenant maintenant) est un peu l'équivalent du Ahorita Mexicain : ils donnent l'impression que la personne va arriver tout de suite ou le service être rendu immédiatement. En réalité, vous pouvez encore attendre longtemps.

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A propos de

Détentrice d'un diplôme approfondi de langue française, j'ai été journaliste à Maurice pendant 6 ans. Je compte plus d'une dizaine d'années d'expérience en tant que rédactrice web bilingue à Expat.com dont cinq au poste d'assistante éditoriale.

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