Le marché du travail à Cape Town
La célèbre qualité de vie du Cap vous fait envie et vous rêvez de vous installer dans cette ville exceptionnelle ? Avant de vous lancer, réfléchissez bien.
Dans notre article «Découvrir Cape Town», dont nous vous conseillons vivement la lecture, nous avons tenté de lister les avantages et les inconvénients généraux de la vie au Cap, avec l'objectif de vous offrir l'image la plus objective possible d'une région qui fait souvent rêver, mais où la réalité quotidienne est parfois plus compliquée qu'il n'y parait.
D'un point de vue économique, si le Cap a longtemps donné l'image d'un eldorado, les choses ont beaucoup changé ces dernières années et les statistiques les plus récentes (juin 2019) ne sont pas réjouissantes :
Les prévisions d'inflation pour 2019 en Afrique du Sud sont estimées a près de 5%.
Les prévisions de croissance pour le dernier quart d'année sont quant à elles négatives, à -3,5%, laissant augurer une éventuelle récession a venir.
La valeur du rand (le ZAR, la monnaie locale) ne cesse se déprécier depuis le début d'année : en moins de 10 ans, il est passé de moins de 9 à plus de 16 pour 1 euro, aubaine pour le tourisme et les expatriés rémunérés dans cette monnaie, mais catastrophe pour l'économie du pays et toutes les personnes qui sont payées en devise locale.
Selon l'agence nationale des statistiques sud africaines (StatsSA), le taux de chomage officiel 2018 a dépassé les 28% de la population active. Officieusement on parle de plus de 40%.
Enfin, pour terminer ce tableau un peu sombre, les principales institutions du pays sont au bord de la faillite : SAA (la compagnie aérienne sud africaine), ESKOM (l'équivalent d'EDF en France) et SABC (le plus grand groupe de TV sud africaine), pour ne citer qu'elles.
Vous devez également prendre en compte l'existence du BEE (Black Economic Empowerment), mesure légale de discrimination positive implémentée a la chute du régime d'Apartheid à la fin des années 1990, et qui impose aux recruteurs de respecter des quotas communautaires en faveur de la communauté Noire. La conséquence directe est qu'il est devenu plus difficile pour les personnes des autres communautés, notamment Blanche, et pour les étrangers, de décrocher des emplois, malgré les diplômes et l'expérience.
N'oubliez pas non plus que la fiscalité sud africaine est extrêmement désavantageuse - au-delà d'environ 35 000 euros de revenu brut annuel, votre taux d'imposition dépasse déja les 40%, prélevés a la source - et que les congés payés en Afrique du Sud sont de 3 semaines (ou 15 jours ouvrés) par an.
Enfin, sachez que les politiques d'immigration ont pris depuis 2018 un virage serré pour les visas des Européens sur le territoire sud africain. Il est maintenant très compliqué, même pour les expatriés bénéficiant de contrats de travail solides, d'obtenir les précieux sésames. Imaginez donc pour les aventuriers, qui arrivent au Cap sans contrat en poche !
Vous l'aurez compris, la question du visa est primordiale. En effet, il vous est strictement interdit (les contrôles sont très fréquents) de travailler avec un visa de tourisme, d'étudiant, d'accompagnant (époux/épouse) ou de retraité. Un visa médical exigera des preuves d'interventions très précises. Pour obtenir un visa business il vous faut investir des sommes très importantes et employer des locaux. Pour obtenir un visa inter-entreprise, il vous faut un contrat d'expatriation ou de détachement. La liste est longue. Et le seul visa qui donnait un peu de flexibilité par le passé (« Critical Skills ») a été drastiquement limité.
Transformer un visa temporaire ou un visa ne permettant pas d'exercer d'activité rémunérée en visa de travail, est une procédure longue et fastidueuse. La très grande majorité du temps, les entreprises sont réticentes a vous y aider et préfèrent de loin faire appel a des personnes ayant déjà ou n'ayant pas besoin de visa... Le serpent qui se mord la queue !
Directement lié à cette question des visas, vous trouverez sous ce lien (https://briefly.co.za/26159-list-scarce-skills-south-africa-2019.html) la liste des métiers recherchés, ou tout du moins, avec lesquels vous aurez plus de chance de décrocher une autorisation de travail basée sur ce type de visa. Sachez malgré tout, que pour obtenir votre titre de séjour, il vous faudra faire valoir des diplômes très qualifiés et des expériences professionnelles correspondantes.
Sachez aussi que certains domaines, s'il sont en demande et recrutent, ne sont néanmoins pas réellement ouverts aux étrangers pour des questions d'équivalence de diplômes. C'est notamment le cas de presque toutes les professions médicales et paramédicales pour lesquelles ont exigera que vous repassiez des examens, voire repreniez des études pour valider des diplômes locaux.
Les métiers du marketing, de la communication, de la construction, de l'immobilier et de l'architecture sont en chute libre, ou totalement préemptés par les locaux.
Sur 2019 et selon les statistiques gouvernementales, les secteurs les plus dynamiques pour le recrutement sont les suivants : la vente, les call centers, certains métiers d'ingénierie et développement (essentiellement informatique), les métiers techniques (notamment électriques et informatiques, IT), le tourisme et l'hôtellerie, et dans une moindre mesure la finance et les métiers de l'assurance sachant que ceux-ci connaissent récemment un vrai ralenti.
Il reste également tous les métiers manuels (serveurs en restaurants, saisonniers, etc.) mais les salaires locaux (300â¬/mois) sont a priori totalement incompatibles avec les attentes moyennes d'employés européens.
A la lumière de ces éléments il est donc fortement recommandé de venir au Cap avec un contrat signé en main, ou le cas échéant, un profil spécifique recherché dans le pays. Il est également possible d'envisager un projet personnel entrepreneurial, mais celui-ci doit être bien pensé et réfléchi en amont, avec la volonté d'investir dans le pays.
Bonne chance pour la suite !
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