Le marché du travail de Tokyo

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Actualisé par Trang Ho-Ang le 24 juillet, 2024

Le Japon est actuellement la quatrième économie mondiale, derrière les États-Unis, la Chine et l'Allemagne. Les indicateurs économiques sont positifs, avec des opportunités d'emploi diversifiées et un faible taux de chômage de 2,4 % en janvier 2024. Face aux préoccupations liées à l'augmentation des prix et aux problèmes sociaux, les entreprises basées à Tokyo pensent à augmenter les salaires au cours de l'exercice 2024. 

Dans le même temps, la pénurie de main-d'œuvre dans la capitale crée des opportunités pour les demandeurs d'emploi dans différents secteurs d'activité. Poursuivez votre lecture pour obtenir des informations précieuses sur le marché de l'emploi à Tokyo.

L'économie de Tokyo

Tokyo constitue une plaque tournante lorsqu'on en vient à divers aspects économiques et sociaux, non seulement en matière de politique, mais aussi pour les entreprises. Avec des infrastructures pour la vie quotidienne bien développées, la ville est pratique et attractive pour des personnes venant de tout le Japon et du monde entier, attirées par ses opportunités économiques et sa culture dynamique.

En janvier 2024, la ville comptabilisait 14,1 millions d'habitants, soit plus de 10 % de la population totale du Japon. Un chiffre en constante augmentation, contrairement au reste du Japon, où il est en baisse. Pendant la journée, sa population atteint près de 17 millions d'habitants grâce aux personnes qui font la navette depuis d'autres préfectures pour se rendre au travail ou à l'école.

Tout comme la population de la ville, l'économie de Tokyo est la plus importante en termes d'offre de main-d'œuvre et de demande de consommation. Son PIB pour l'exercice 2020 s'élevait à environ 109,6 milliards de yens, soit plus de 20 % du PIB national. Un chiffre comparable au PIB de pays comme l'Indonésie et les Pays-Bas.

Le marché du travail à Tokyo est également très compétitif, en particulier dans les secteurs de la finance, de la technologie et des services professionnels.

Le gouvernement métropolitain de Tokyo met en œuvre diverses politiques et stratégies pour attirer les investissements, soutenir la croissance économique et améliorer la qualité de vie des résidents. Il peut s'agir d'initiatives visant à aider les petites et moyennes entreprises, à promouvoir le tourisme, à investir dans les infrastructures et à encourager l'innovation.

Situation de la population active à Tokyo

  • Fin 2023, la ville a enregistré un taux de chômage de 2,1 %, inférieur à la moyenne nationale, reflétant une économie robuste et des opportunités d'emploi diversifiées.
  • Le ratio entre les offres et les demandes d'emploi à Tokyo était de 1,74, légèrement en baisse de 0,03 point par rapport au mois précédent, montrant une amélioration graduelle du marché du travail malgré l'impact potentiel de l'augmentation des prix.
  • La ville a vu 126 495 nouvelles offres d'emploi, une hausse de 2,5 % par rapport à l'année précédente qui témoigne d'une activité économique soutenue.
  • Les ventes ont dépassé celles de l'année précédente pour le 28e mois consécutif. Parmi les neuf secteurs d'activité, cinq ont enregistré une augmentation significative, avec notamment une progression de 37,2 % dans les services liés au mode de vie et aux divertissements, ainsi qu'une hausse de 13,2 % dans les services médicaux et sociaux.
  • La ville comptabilisait 37 256 nouveaux demandeurs d'emploi, soit une augmentation de 2,8 % par rapport à l'année précédente, marquant ainsi une tendance à la hausse sur deux mois consécutifs.

Les salaires à Tokyo

Chaque année, les entreprises doivent mettre en place des mesures visant à ajuster le salaire minimum, habituellement révisé et ajusté en octobre. Le Conseil central du salaire minimum établit des directives pour ces ajustements, tandis que les conseils locaux du salaire minimum dans chaque préfecture compilent les résultats. En 2023, le salaire minimum à Tokyo s'élevait à 1 113 yens de l'heure.

Selon une enquête récente de Tokyo Shoko Research, 82,5 % des entreprises de Tokyo prévoient d'augmenter les salaires au cours de l'exercice 2024, le pourcentage le plus élevé depuis 2016. Cette décision intervient dans un contexte marqué par des préoccupations concernant l'augmentation des prix et des questions sociales. Selon les données en fonction de la taille de l'entreprise, on constate que :

  • Les grandes entreprises affichent un pourcentage plus élevé, avec 91,7 % ;
  • Contre 80,9 % pour les petites et moyennes entreprises.

Interrogées sur les mesures nécessaires pour mettre en œuvre une augmentation des salaires, 66,8 % des répondants parlent d'une « augmentation des prix unitaires des produits et des services ».

Les secteurs les plus prometteurs à Tokyo

Le tissu économique de Tokyo affiche des pénuries de main-d'œuvre dans des secteurs comme l'hôtellerie, la construction, les soins de santé, les technologies de l'information et les métiers spécialisés. Ces situations créent des opportunités pour les résidents ou les étrangers à la recherche d'emploi à Tokyo, surtout dans des domaines spécialisés ou de niche où la demande dépasse l'offre disponible.

Des postes sont disponibles dans les technologies émergentes :

  • IOT (Internet of Things), ou Internet des objets : il s'agit ici d'objets connectés qui utilisent Internet pour améliorer la vie réelle ;
  • E-commerce, jeux en ligne, applications mobiles ;
  • Informatique, développement Web, intelligence artificielle, ingénierie, cybersécurité.

Les secteurs de haute technologie sont donc sous l'œil du microscope. Même s'il est facile de trouver un job d'appoint, « baito », la recherche d'un emploi stable constitue une tâche plus difficile. Dans un marché du travail compétitif, l'expatrié doit montrer sa valeur, mais attention, désormais, le fait de parler japonais n'est pas considéré comme un avantage, mais une obligation, y compris pour travailler dans une entreprise internationale.

Les opportunités d'emploi sont généralement accessibles aux candidats accumulant diplômes et expérience professionnelle. Dans un marché compétitif, les entreprises peuvent préférer embaucher des Japonais : il est donc essentiel d'avoir une solide expérience et des qualifications élevées pour se démarquer. Le Japon valorise particulièrement les hauts diplômes et les carrières prestigieuses, comme celles issues d'universités renommées ou de grandes entreprises. Les expatriés trouvent souvent des débouchés dans le secteur éducatif, notamment pour enseigner l'anglais et le français dans des écoles de langues, avec une préférence pour les locuteurs natifs.

Les étudiants semblent désireux d'apprendre l'anglais, la première langue commerciale. On trouve donc un grand nombre de professeurs d'anglais à Tokyo.

Travailler à temps partiel à Tokyo

En réponse aux différentes crises économiques, le Japon a adopté une approche axée sur la flexibilité. Pour stimuler leur productivité, les entreprises disposent d'une politique qui leur permet de recruter et de licencier plus facilement. Revers de cette flexibilité, un marché du travail duple : d'un côté, des emplois permanents offrant des perspectives de carrière à long terme, et de l'autre, des emplois précaires comme les « baito » ou « arubaito » (terme dérivé de l'allemand « arbeit » signifiant travail), souvent soumis aux fluctuations du marché. Il s'agit là du visage caché du marché du travail japonais.

« Freeter » (prononcer Furiitâ)

Le terme « Freeter » est apparu dans les années 1980 avec une connotation positive pour décrire les jeunes qui choisissent la liberté par rapport au modèle traditionnel du salarié japonais. Les Freeters évitent l'engagement à long terme dans une entreprise et préfèrent travailler de manière flexible, à leur convenance.

Rapidement, le terme « Freeter » a perdu son sens initial. Ce n'est plus la liberté qui pousse les travailleurs à accepter des « baito », mais plutôt la difficulté à trouver un emploi stable. C'est là l'ironie de l'emploi au Japon : une partie de la population échappe à la précarité, tandis que d'autres accumulent des emplois irréguliers sans perspective d'évolution de carrière.

Le « baito » n'est pas exclusivement réservé aux jeunes. Pour beaucoup, c'est un moyen de découvrir le marché du travail tout en gagnant de l'argent. En grandissant, ils peuvent travailler et s'épanouir dans une entreprise « traditionnelle ». Sauf pour certains, qui choisiront de travailler uniquement pour subvenir à leurs besoins, mais tout en contribuant discrètement à la survie économique du Japon.

Discrédité, le baito est souvent comparé à une double peine au Japon. Considéré comme un travail d'appoint, il doit être temporaire si l'on veut s'intégrer dans la société. Alors, comment considérer les milliers d'adultes en situation de précarité ? Depuis 2015, dans le secteur privé, ces salariés aux contrats fragiles représentent plus de 40 % de la population active (chiffres du Ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales - MHLW).

Les femmes et les personnes âgées sont particulièrement affectées par l'instabilité du marché du travail.

Concernant les femmes, nombre d'entre elles cessent de travailler lorsqu'elles fondent une famille, une pratique qui persiste malgré les changements sociaux, y compris une remise en question du modèle familial traditionnel. Lorsqu'elles reprennent le travail, c'est souvent à temps partiel. Les femmes élevant seules leurs enfants sont encore plus vulnérables dans cette situation.

Les personnes âgées occupent également des emplois précaires au Japon : chauffeurs de taxi, employés de supermarché, femmes de ménage, etc. Ces « petits boulots » leur permettent d'assurer la vie quotidienne. Au Japon, une personne âgée sur cinq travaille encore pour compenser le faible niveau des pensions. En conséquence, il est estimé que 19 % d'entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Depuis 2018, l'âge de la retraite au Japon a été relevé à 80 ans. En revanche, cette mesure ne concerne que ceux qui le souhaitent, l'âge légal de la retraite étant encore fixé à 60 ans.

Avec une baisse de 30 % du revenu en moyenne en cas de départ à l'âge légal de la retraite, presque personne ne choisit de partir à 60 ans. D'autres initiatives visent à augmenter progressivement l'âge légal de la retraite à 65 ans pour tous les salariés, en commençant par les hommes. À long terme, il est prévu que l'âge légal de la retraite soit relevé à 70 ans ou plus pour l'ensemble de la population.

Pour élaborer votre propre plan de carrière au Japon, vous devez avant tout saisir la dualité du marché du travail. Parmi les atouts qui vous permettront de maximiser votre potentiel sur le marché japonais du travail : la maîtrise de langues telles que le japonais et l'anglais, une expertise dans un domaine spécifique, des diplômes pertinents et un réseau professionnel.

Liens utiles :

Gouvernement métropolitain de Tokyo - Metropole de Tokyo (en anglais)

Bureau des statistiques du Japon (en anglais)

Main d'œuvre à Tokyo - Metropole de Tokyo (en anglais)

Investir à Tokyo - Invest Tokyo Metro Tokyo (en anglais)

Statistiques mensuelles sur l'industrie et l'emploi à Tokyo - Sabgyo Rodo Metro Tokyo (Japonais)

Industrie et emploi à Tokyo 2023 - - Sabgyo Rodo Metro Tokyo (Japonais)

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