In a world increasingly aware of environmental impact, more travelers are choosing slower, greener travel options. Rather than racing against time, many are embracing longer train journeys over quick flights. Could the train be poised for a resurgence? This trend is especially notable in Europe, where alternatives to flying are being actively explored.
Expatriation : impact environnemental et prise de conscience
Partir, oui, mais écolo. Les grands voyageurs ne partent plus comme avant. Finie, l'image du « serial expatrié » sautant d'avion en avion. Si les nomades numériques, ces travailleurs sans frontières, pourraient faire ressurgir le spectre du « grand voyageur des avions », la réalité semble plutôt pencher pour des séjours longs. Difficile pour eux d'éviter le premier voyage en avion. Mais une fois sur place, ils sont de plus en plus nombreux à vivre local. Pas d'avion pour les trajets intérieurs ; l'option n'est de toute façon pas toujours possible.
Un autre profil de voyageur gagne du terrain. C'est le voyageur qui apprend à prendre conscience de sa responsabilité. S'il ne peut pas éviter l'avion, il évitera d'en abuser. Il privilégie les modes de transport bons pour la planète et la santé, comme le vélo ou la marche. Les plus écolos d'entre eux s'opposent catégoriquement à l'avion. Pour leurs voyages, y compris les longs courriers, ils optent pour le train et le bateau. Ils renoncent à leur destination s'il n'existe pas d'alternative ferroviaire. Leurs détracteurs les trouvent radicaux. Les voyageurs écologistes préfèrent se voir en garants d'une autre forme de vie. L'avion a réduit l'écart entre les pays et fait « gagner du temps ». Mais pour eux, la prouesse technologique a un coût que ni la terre ni les hommes ne peuvent payer. Ces voyageurs préconisent de redonner au temps sa véritable place. Ils disent aux trains et bus de nuit, aux bateaux et aux voyages longs.
Les expatriés soucieux de leur impact environnemental n'hésitent plus à intégrer leurs convictions à leur projet de voyage. Ils voyagent dans leur continent ou sélectionnent les pays avancés en matière environnementale – pays scandinaves en tête. Sur place, ils consomment local, jardinent, rejoignent des associations écolos et partagent leurs astuces.
Le train plutôt que l'avion : l'expérience européenne
C'était l'un des grands chantiers de la loi Climat et Résilience 2021. Le 1er décembre 2022, la Commission européenne valide l'interdiction des vols intérieurs français lorsqu'une alternative en train est possible. La mesure concerne les vols intérieurs courts, faisables en moins de 2h30 en train. Un premier pas avant un réexamen dans 3 ans, pour une possible extension aux vols en correspondance. La France entérine le projet par décret publié au Journal officiel le 23 mai. Décret qui confirme la suppression de « certains vols intérieurs ».
Clément Beaume, alors ministre des Transports français, rappelle que cette mesure « s'inscrit dans la politique du gouvernement d'encourager le recours à des modes de transport moins émetteurs de gaz à effet de serre. » Il tenait déjà ce discours à Bruxelles, en décembre 2022, évoquant une « avancée majeure dans la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre ». Car les voyageurs sont de plus en plus sensibles à leur impact sur leur environnement. Écologie et économie vont d'ailleurs de pair, à l'heure de l'inflation. Plutôt qu'une contrainte, les tenants du projet parlent de geste positif pour la planète et les finances de chacun. Plus de trains à des tarifs concurrentiels, c'est plus d'économies, pour moins de pollution. Une opération gagnant-gagnant également défendue par les ONG.
Avancée plus symbolique qu'efficace ?
Mais tous en Europe ne partagent pas cet enthousiasme. La branche européenne du Conseil international des aéroports et l'Union des aéroports français dénoncent une discrimination envers les transporteurs. D'autres estiment que la mesure européenne (dans les faits, déjà appliquée par la France avant sa suspension pour enquête de la Commission européenne) est trop limitée pour atteindre ses objectifs. À peine 3 liaisons aériennes sont concernées par le décret français : Paris Orly-Nantes, Paris Orly Lyon et Paris Orly-Bordeaux. D'autres suppressions pourraient venir, mais seulement en cas d'amélioration du réseau ferroviaire. Greenpeace France juge la mesure plus symbolique qu'efficace. En mai 2020, le Réseau Action Climat proposait de supprimer tous les vols faisables en moins de 5h de train, pour réduire « de 60,6% » les émissions de Co2 en France métropolitaine, et de « 4,5 % les émissions de l'ensemble des vols au départ de la France. Le plan choisi par la France ne réduirait respectivement que de 6,6 % et 0,5 % les émissions de Co2.
S'expatrier écolo : la revanche du train ?
Et si le temps du « tout ferroviaire » était de retour ? L'avion est de plus en plus décrié sur la scène internationale. Même si, en pratique, il continue d'être un moyen de transport incontournable. Ses partisans rappellent d'ailleurs qu'il n'est responsable que de 2 à 3 % des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. À cela s'ajoutent les rejets d'oxydes d'azote, qui favoriseraient la concentration de gaz à effet de serre. Aviation et énergies renouvelables restent un défi. Depuis les années 90, le secteur a beaucoup investi pour réduire ses émissions. Pour les associations environnementales, elles restent néanmoins trop élevées, comparativement au nombre restreint de voyageurs utilisant l'avion. Le train tient peut-être sa revanche.
L'Europe des trains de demain
À quand toute l'Europe en train ? En 2021, le rail est loin de s'imposer ; il représente à peine 8 % des distances parcourues dans l'Union européenne (UE). On lui préfère la voiture. C'est le cas en Allemagne ou en Autriche qui, malgré de bons réseaux ferroviaires, voit une prédominance de la voiture. La France et l'Espagne, deux autres grands pays ferroviaires, développent progressivement leur partenariat (le 22 décembre 2022, la Renfe, réseau ferroviaire espagnol, a obtenu l'autorisation de faire circuler ses trains en France). Les trains de nuit font timidement leur retour, mais l'offre est encore rare.
Le défi européen, c'est de multiplier les Eurostar. Son succès écrasant (plus de 80 % de voyageurs transportés entre Londres, Paris et Bruxelles en 2019) fait des émules. L'Europe veut multiplier ses lignes internationales, encore trop rares, pour attirer les expatriés et les voyageurs. La France et l'Italie planchent sur leur chantier sous les Alpes. Berlin, Prague et Vienne réfléchissent à un projet de TGV. Les eurodéputés écologiques y croient : construire une « Europe des trains » est possible. À condition que tous les acteurs nationaux harmonisent leurs politiques, de la taille des rails à l'entretien des réseaux, en passant par les prix des billets et les points de vente. En somme, plus de coopération entre les États européens, entre les compagnies ferroviaires nationales, pour davantage de facilité pour le voyageur.
En attendant le renouveau du rail, des initiatives existent, comme l'Interrail Global Pass qui permet de rallier 33 pays européens, dont la Belgique, la Croatie, la Norvège, la République tchèque, le Portugal, et la Suisse. L'Interrail One Contry Pass permet de se déplacer dans l'État européen de son choix.
États-Unis, voiture toujours
Le géant des voitures et de l'avion deviendra-t-il un jour le géant des rails ? Contrairement à l'Europe, les États-Unis ne sont pas gagnés par la passion du rail. Les gouvernements successifs ont depuis longtemps privilégié la voiture. Un coup d'oeil sur sa carte permet de voir à quel point le réseau autoroutier est développé. A contrario, peu d'enthousiasme pour les trains. Désuets, on les considère encore souvent comme le moyen de transport des étudiants, des retraités, et des petits revenus.
Néanmoins, le réseau ferroviaire américain est l'un des plus vastes du monde, avec plus de 200 000 km de voies. Car le train a bien eu son âge d'or, à la fin du XIXe siècle. L'histoire retient un moyen de transport qui a permis « d'unifier les États-Unis ». Aujourd'hui, la majorité de son activité tient dans le transport de marchandises. Des initiatives ponctuelles ont tenté de faire revivre le train. Les lignes de l'Amtrak, la compagnie ferroviaire américaine, traversent le pays du nord au sud et d'est en ouest (une trentaine de lignes au total). Mais ses infrastructures jugées datées sont encore loin de faire l'unanimité. Les voyageurs, en revanche, sont nombreux à y trouver leur compte. C'est, pour eux, une autre manière de découvrir les États-Unis.
Japon, le pays du train
S'il existe un pays du train, c'est bien le Japon. 46 des 50 gares les plus fréquentées au monde sont au Japon. Le train est le principal moyen de transport du pays. Plus de 9 millions de passagers l'empruntent chaque année. On utilise peu la voiture, surtout dans les grandes villes. Les places de parking manquent, l'engin est onéreux. On lui préfère largement le train, accessible, ponctuel, bien entretenu. Les Japonais sont fiers de leur système ferroviaire dense et moderne. Les expatriés adoptent vite leur point de vue, devant toutes les facilités permises par le train. Mais côté écologie, le Japon a encore fort à faire. Poussé par l'industrie, elle-même poussée par la population, le Japon s'est engagé à atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 (comme l'UE).
L'efficacité du système ferroviaire japonais a un coût. Les transports sont, avec le logement, un poste de dépense important (surtout dans les grandes villes). Un coût que tous sont prêts à supporter pour conserver un modèle de transport plus écologique et économique que la voiture. Il est tout à fait possible de rallier un bout à l'autre du Japon en passant par le train et le ferry. De multiples passes permettent aux étrangers de voyager dans le pays, à commencer par le Japan Rail Pass (JR Pass) et les Passes régionaux réservés. Pour ces millions d'adeptes du rail, le temps passé dans le train fait partie du voyage. Ils découvrent les plats régionaux (les paniers-repas servis dans les trains sont un autre succès populaire), découvrent le paysage, voyagent autrement.
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