S'expatrier à Saint Martin, le referiez-vous ?

Expatriation c'est tout de même assez fort pour Saint Martin, du moins la partie française, est une COM.
Si c'était à refaire, je recommencerais ? Oui clairement.
J'avais déjà un pied à terre avant d'arriver, je n'ai pas eu besoin de faire de quelconque recherche pour l'habitation. J'ai débarqué avec mes fringues et mon chat.

Saint Martin est une toute petite île séparée en deux parties : une française et l'autre hollandaise. La langue principale de la partie hollandaise est l'Anglais et une forte partie de la population côté français parle également Anglais, qu'on appelle Broken English, l'Anglais des Caraïbes.
Saint Martin est une plaque tournante de l'immigration vers les Etats-Unis, c'est un meltingpot de nationalités dont les principales rencontrées sont haïtienne et dominicaine. Saint Martin est aussi une île très touristique pour les Américains et les Canadiens.  J'ai appris l'Anglais à l'école mais c'est grâce aux Saint Martinois que j'ai su le parler. J'ai maintenant un accent ricain très pourrave mais on me comprend.

Le dollars est la monnaie courante du côté hollandais, ce qui était super chouette jusqu'à dernièrement quand le taux était de 1euro = 1,30 dollars (voire 1,40 dollars euphorie !). Quand on est payé en euro, il faut bien comprendre qu'on a un pouvoir d'achat 1,3 fois plus élevé. Maintenant le rapport est de 1 euro = 1,1 dollars à ma grande tristesse. Même si on voit l'euro dans la partie française, encore une fois le dollar est très présent grâce au tourisme. On apprend vite à tout payer en dollars quand on sort du côté hollandais et certains coins du côté français ( certains restos et BBQ de Grand Case, les lolo par exemple). A Saint Martin, on suit le cours du dollars et on apprend à payer dans la monnaie qui nous avantage.

Vu que c'est une île pour le touriste américain moyen, il y a beaucoup de casinos, de boîtes de nuit voire de streep tease, de bars et de restaurants. On peut aussi facilement faire du shopping dans des boutiques de fringues ou de bijoux plus ou moins chics. Laisser tomber la partie électronique, c'est plus rentable de commander sur le net. Certains sites internet enlèvent la taxe lorsqu'ils envoient leurs produits à Saint Martin, Matériel.net fait ça. L'île est détaxée donc l'alcool, les cigarettes et l'essence ne valent rien. Pour les autres produits, la part du détaxage va dans la poche du commerçant.

Quand on est fonctionnaire, on a une majoration de 40%. Quand on est 2 fonctionnaires, on s'en met plein les poches et ce n'est pas à Saint Martin qu'on peut parler de vie chère. D'ailleurs Saint Martin n'a pas suivi les grèves de 2011 d'outre mer.
Certes certains produits (produits laitiers obviously) sont très chers mais jamais je n'ai eu un tel pouvoir d'achat (et autant dépensé de ma vie). Il suffit de manger aussi de façon locale pour économiser, on oublie le camembert et le yaourt. D'ailleurs, la langouste à 18 dollars le kilo, je ne l'ai vu qu'à Saint Martin, même en métropole le bœuf est plus cher.

Et bien sur, il y a le lagon ! Et les autres îles ! On a la possibilité de pratiquer tous les sports nautiques, il n'y a que l'embarras du choix. J'ai opté pour le snorkeling et la plongée. J'ai passé mon open water et mes deux niveaux français. Le lagon est très beau, la Caraïbe est très sympa pour les fonds (gros gros coup de cœur pour Saba) mais cela reste moins joli que la Polynésie française (pas Tahiti hein, les autres îles autour).
Il y a plein d'îles tout autour pour aller en vacances ou passer un week end ou une journée. On s'en met plein la vue.

Pour la beauté de l'île en elle-même, on peut oublier, c'est moche. Le côté hollandais est très bétonné, le côté français bien moins mais ce n'est pas folichon. Reste juste Pic Paradis pour sentir un semblant de verdure, très appréciable.

Pour la enfin plutôt les populations à Saint Martin. J'ai rencontré des gens gentils, ouverts, avec qui j'ai pris plaisir à travailler et faire la fête. J'ai beaucoup appris avec eux. En parlant de travail: pas de stress, pas de pression, pas d'animosité, ça fait un bien fou.

Salaires monstrueux, possibilité de sorties variées, les plaisirs de la mer à 50 mètres, on vit  super bien à Saint Martin. Pourtant, il y a des barreaux sur les fenêtres et des grilles avant d'atteindre la porte d'entrée.

Le gros point noir de Saint Martin : l'insécurité. Non, pas seulement de simples cambriolages, des meurtres. Voila. Pour étouffer l'affaire, on met Saint Martin avec les chiffres de la Guadeloupe et on oublie qu'il y a aussi un côté hollandais tout autant voire plus dangereux. Il y a des gangs, bien armés, et ils tuent pour 50 dollars ou parce qu'on les a mal regardé. Bon il y a aussi des viols, des passages à tabac et des vols à foison bien sur.
J'ai jamais pris de précautions particulières mais je sais aussi que rien n'empêchait qu'un jour je me retrouve avec un flingue sur la tempe comme c'est arrivé à certains de mon entourage. Quand on vient à Saint Martin, il faut bien être au clair avec ça.
Un truc que je ne verrais peut être pas ailleurs : une descente de gendarmes à Sandy Ground (quartier chaud). Comme tous les jours, j'allais voir une patiente et je suis tombée nez à nez avec des dizaines de robocop et leurs chiens dans des cars blindés, je me suis posée la question où j'étais. Ils ont ratissé les maisons une à une.

Autre point noir : la misère humaine. Des cases en tôle sur terre battue sans eau courante, des enfants dormant sur un fauteuil miteux, des enfants sans parents nourris de temps en temps par une voisine. Des enfant recrutés très jeunes par les gangs dont l'espérance de vie sera très courte. Les requins sont bien nourris.

Attention aussi à la drogue. Saint Martin est une plaque tournante de la drogue. C'est une pharmacie ambulante pour touristes aussi. Il arrive qu'une bande de raveurs vient passer des vacances à Saint Martin, font la fête tous les soirs, se shootent et laissent un de leurs potes sur place, devenu accroc au crack (en général) qui viendra renforcer les rangs des bobos coincés à faire la manche, voler, se prostituer pour leurs cames.

Après il y a aussi la mascarade politique et sa corruption. Je me suis bien allègrement moqué d'elle.

Ce fut une expérience inoubliable, que j'ai énormément apprécié malgré les inconvénients. Je relativise beaucoup et prend du recul sur les pseudos soucis métropolitains. D'ailleurs, je sens que je ne peux plus vivre en métropole depuis Saint Martin et je vais repartir en outre mer.