Nouveau pays, nouvel emploi : comment s'adapter à un rythme de travail différent

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Écris par Asaël Häzaq le 15 juillet, 2024
Travail ultra-flexible ou non, télétravail ou présentiel, afterworks ou repas solitaires… L'entreprise est un monde en soi. Les expatriés ont besoin d'un temps d'adoption nécessaire pour intégrer la culture d'entreprise du pays étranger et trouver leur rythme de travail.

Télétravail et présentiel

Durant les confinements, de nombreux États ont légiféré pour faciliter le télétravail. Le déconfinement n'a pas mis fin à la pratique, au contraire. Un nombre croissant de travailleurs dit rechercher justement des postes en télétravail total ou partiel. Les manageurs doivent composer avec une tendance qui s'installe et bouleverse profondément le rythme de travail. Quels ont été les critères motivant votre expatriation ? Étiez-vous à la recherche d'un emploi en télétravail ? Préférez-vous le 100 % présentiel ? De nombreuses études montrent que les expatriés optent plutôt pour un ou deux jours de télétravail par semaine. C'est aussi ce que concèdent nombre d'entreprises, pour qui le télétravail total reste un défi.

Quitter un emploi 100 % présentiel pour un poste à l'étranger avec du télétravail (ou inversement) joue directement sur le rythme de travail. La discipline n'est pas la même en télétravail. La mission doit être accomplie, mais la manière de l'accomplir sera différente. Pour vous adapter, adoptez d'emblée de bonnes pratiques. Vos journées en télétravail sont des journées de travail. Installez-vous donc dans un cadre propice au travail. Demandez à votre employeur étranger comment se vit l'entreprise à distance : rythme des réunions, dates et modes de rendu des missions, etc. Même philosophie pour vos journées en présentiel. Observez vos collègues plus anciens pour mieux vous adapter aux pratiques du pays d'accueil.

Relations avec les collègues, les supérieurs

Selon les pays et surtout, selon les entreprises, les relations peuvent être plus horizontales, même si la hiérarchie existe toujours. La culture anglo-saxonne est connue pour son utilisation du tutoiement. Une familiarité synonyme de simplicité et de bonne ambiance. Mais pas toujours simple de s'adapter à ce changement de ton. Au Japon, par exemple, le langage ultra codifié impose une hiérarchie évidente pour tous. Difficile de maîtriser les rouages complexes du keigo (système traduisant le langage poli). Les expatriés comme les locaux ne sont pas à l'abri d'une maladresse. La France vivote entre le « vous » et le « tu », avec un flou difficile à gérer pour les travailleurs expatriés, mais aussi les locaux. Il n'est pas évident de se plier à une règle qui semble peu naturelle, au regard de sa propre culture.

Les relations entre les collègues et les supérieurs ont une incidence sur le rythme de travail. Elles jouent, par exemple, sur la transmission de l'information. Si votre entreprise cultive les relations « horizontales », elle ira au plus simple et au plus rapide pour transmettre l'information. Si, au contraire, les relations sont plus « verticales », plus codifiées, le poids de la hiérarchie imposera un parcours de l'information bien précis. Cela n'est pas forcément synonyme de rythme de travail plus lent. Tout dépend de l'ambiance dans l'entreprise étrangère. Tout dépendra aussi de votre ressenti par rapport à cette circulation de l'information. Aviez-vous l'habitude de travailler dans un cadre « rigide » ou plus souple ? Préférez-vous une hiérarchie bien visible ou plus discrète ?

Flexibilité et horaires de travail

Préférez-vous travailler tôt pour rentrer tôt, ou commencer tard pour finir tard ? Quels étaient vos horaires de travail dans l'entreprise de votre pays d'origine ? Le rythme de travail du pays étranger peut affecter vos performances et votre organisation, surtout s'il est très différent de ce que vous avez connu. Dans certains pays, la culture de la « pause café » est inexistante ou réduite au fait d'aller chercher un café et de le boire seul devant son bureau. Dans d'autres États, la « pause café » sera un vrai moment de déconnexion et de socialisation.

Depuis la crise sanitaire, la flexibilité est plébiscitée par de nombreux travailleurs, notamment expatriés. C'est l'autre changement observé, avec le boom du télétravail. Mais là encore, tout est affaire d'adaptation. Quitter un cadre de travail rigide pour s'expatrier dans une entreprise ultra-flexible demande un temps d'adaptation. Certains expatriés sont parfois surpris par la grande liberté que leur laisse l'entreprise. Ils sont libres de prendre leurs vacances quand ils le souhaitent, peuvent télétravailler sans limites et organiser leur journée de travail.

Ultra-flexibilité ou non : anticiper le nouveau rythme de travail à l'étranger

« Grande liberté » rime souvent avec « grandes responsabilités ». Les entreprises misant sur la grande flexibilité font le pari de la confiance. Elles vous font confiance pour que le travail soit correctement fait. Que vous optiez pour le 100 % télétravail ou pour 3 jours de week-end par semaine, le travail doit suivre. Pour éviter de vous noyer, regardez comment font vos collègues locaux. Testez différentes méthodes de travail pour trouver vos marques.

Même si vous avez pris tous les renseignements avant l'expatriation, connaître la théorie et vivre la pratique sont deux choses différentes. Dans l'idéal, essayez de vous projeter avant l'expatriation, surtout si la culture professionnelle de votre pays fonctionne sur un rythme de travail très différent. À quoi ressembleront vos journées dans l'entreprise étrangère ? Devrez-vous vous lever plus tôt ou vous coucher plus tard ? Aurez-vous du temps pour vos activités personnelles ?

Pause déjeuner

Dans quel pays êtes-vous expatrié ? Au Danemark, au Japon ou en Corée du Sud, la pause déjeuner est courte. Nombre de travailleurs apportent leur repas au travail. Aux États-Unis, la courte pause déjeuner est même utilisée pour caser des rendez-vous. La France a tendance à être considérée comme « le pays où l'on prend son temps ». Les pauses déjeuner dureraient des heures et seraient un haut lieu de socialisation. La réalité est plus nuancée. Tout dépend en effet du secteur d'activité et du poste.

La pause déjeuner a des implications plus importantes qu'on ne le pense. Vous adapter à votre nouveau rythme d'expatrié pourra prendre du temps. Si vous venez d'une entreprise où l'on prend son temps pour manger, vous vous sentirez peut-être bousculé dans une entreprise étrangère où la pause n'excède pas 30 minutes. Même bouleversement concernant la façon de déjeuner. Étiez-vous habitué à aller au restaurant ? À préparer vous-même votre lunchbox ? À déjeuner dans une cantine d'entreprise ? Comment les choses se passent-elles dans le pays d'expatriation ? Où mangent vos collègues ?

Ne minimisez pas l'impact de la pause déjeuner sur votre journée de travail d'expatrié. Le changement de pays est un bouleversement en soi. L'intégration dans une nouvelle entreprise impose de nouvelles règles. La pause déjeuner est souvent vue comme une coupure bienvenue dans la journée de travail. Elle permet de recharger ses batteries et de prendre du temps pour soi, pour peu qu'on ait le temps de véritablement se poser. Observez les pratiques de l'entreprise étrangère. Si la pause déjeuner est raccourcie, l'entreprise a peut-être mis en place un rythme qui garantit votre bien-être (horaires de travail flexibles, par exemple).

Et les heures sup' ?

Attention aux heures supplémentaires. Vous adapter ne signifie pas faire une croix sur vos droits de salarié. Le rythme de travail de la nouvelle entreprise se compose-t-il d'un nombre conséquent d'heures supplémentaires ? Comment ces heures supplémentaires sont-elles intégrées dans la vie de l'entreprise ? Sont-elles occasionnelles ou récurrentes ? Sont-elles correctement payées ? Renseignez-vous sur la culture d'entreprise dans votre pays d'expatriation avant le départ. Dans certains États et certains secteurs d'activité, la culture des heures supplémentaires fait peser une lourde pression sur les travailleurs. Si vous sentez que votre nouveau rythme de travail affecte votre santé mentale, tentez dans un premier temps une médiation avec votre nouveau superviseur. Le problème concerne-t-il le poste de travail ? L'organisation du travail ? L'espace de travail ? De trop nombreuses heures de travail ? Un aménagement est-il possible ?

Afterworks

Les collègues sont-ils des amis ? La question divise. Il est bien entendu préférable d'encourager des relations amicales au travail. Mais la notion « d'amis » suppose des relations plus profondes. Or, dans de nombreux pays, on a plutôt tendance à séparer vie privée et vie professionnelle. Que dire alors des afterworks ? Véritable temps de socialisation pour les entreprises françaises, il était traditionnellement perçu comme une contrainte au Japon, où les nomikai d'entreprise (soirées pour boire) pouvaient être davantage subis qu'appréciés. La pression sociale obligeait à accepter les invitations du supérieur. Les choses évoluent vers plus de souplesse. Tout dépend de l'ambiance de votre entreprise. À l'origine, les nomikai sont aussi de grands instants de socialisation. On y vient pour décompresser avec les amis ou les collègues, resserrer les liens et se détendre.

Activités entre collègues

Des entreprises proposent une voie médiale : les activités entre collègues en dehors du travail. Activités sportives, week-end à la campagne, journée à la plage, visite d'un lieu culturel… Ces rencontres hors de l'entreprise sont faites pour créer le lien. Vous serez peut-être amené à participer à ces rencontres. Y verrez-vous une opportunité de mieux découvrir la culture du pays d'accueil, ou vivrez-vous ces sorties comme une contrainte ? Selon votre caractère et vos habitudes de travail, la pratique de l'entreprise du pays d'accueil pourrait vous surprendre. Pour vous adapter, renseignez-vous à l'avance. L'entreprise a-t-elle l'habitude d'organiser des activités hors de l'entreprise ? Votre employeur vous a peut-être parlé des activités de l'entreprise pour promouvoir le bien-être. Dans un premier temps, prêtez-vous au jeu. C'est un bon moyen de faciliter votre intégration dans l'entreprise.

Si ces évènements surviennent trop souvent, observez comment se comportent les autres salariés. Participent-ils à toutes les rencontres ou non ? Leur non participation est-elle un « non évènement » ou suscite-t-elle les critiques ? Ces rencontres sont-elles bien réservées à la socialisation ou deviennent-elles le prolongement du bureau et des discussions de travail ? En cas de malaise, essayez de trouver une oreille attentive dans l'entreprise. Les rencontres hors bureau ne doivent pas devenir stressantes, mais favoriser vos relations avec vos collègues.