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Métiers en tension en France : quels changements pour les travailleurs étrangers ?

emploi en France
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Écrit parAsaël Häzaqle 19 Mars 2025

Vendredi 21 février 2025, le gouvernement français publie la nouvelle liste des métiers en tension. La précédente liste, publiée en 2021, prenait pour référence des données de 2008. La liste 2025 s'inscrit dans le cadre de la réforme de l'immigration promulguée en janvier 2024. Elle promet une répartition des offres d'emploi plus ciblée, prenant en compte les besoins réels des régions. À quoi doivent s'attendre les travailleurs étrangers ?

Quels sont les métiers en tension en 2025 ?

Envoyée aux différents partenaires sociaux (syndicats, associations, patronat), la nouvelle liste des métiers en tension concerne les régions de la France métropolitaine. C'est sur cette liste que se basent désormais les autorités compétentes pour délivrer ou non des titres de séjour. La liste 2025 présente environ 80 professions en tension, classées selon les besoins en main-d'œuvre des régions. L'Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et l'Auvergne-Rhône-Alpes sont les 3 régions ayant le plus grand nombre de métiers en tension (respectivement 41, 39 et 37 métiers).

Sans surprise, on retrouve les grands secteurs d'emploi souffrant de pénuries chroniques : bâtiment, services à la personne, restauration/hôtellerie. Certaines professions sont en pénurie dans tout l'Hexagone : cuisiniers, agriculteurs salariés, maraîchers, employés de maison, personnels de ménage, serveurs, employés en hôtellerie, soudeurs (sauf en Corse, en Normandie, dans les Hauts-de-France et en Ile-de-France), maçons (sauf en Ile-de-France). Les régions PACA, Occitanie et Île-de-France manquent de couvreurs.

Une nouvelle liste incomplète ?

Les expatriés et futurs expatriés ont peut-être trouvé une autre liste des métiers en tension. En effet, France Travail, établissement national chargé de l'emploi, publie également sa liste des métiers en tension. Si l'on retrouve les grands secteurs d'emploi (restauration, bâtiment…), on trouve également des métiers non répertoriés par la liste gouvernementale : médecins, pharmaciens, employés de banque, auxiliaires de vie, ouvriers qualifiés, etc. Ces différences s'expliquent par la méthodologie employée. Le gouvernement s'appuie sur des tendances macroéconomiques. France Travail se base sur les remontées de ses agences locales. 

Certaines régions se disent d'ailleurs perplexes quant aux résultats de la liste gouvernementale, qui ne refléteraient pas leur réalité. Les partenaires sociaux regrettent un manque de concertation.

À quoi doivent s'attendre les travailleurs étrangers ?

La nouvelle liste ne supprime pas le durcissement des règles d'immigration acté par la réforme de 2024. Les expatriés doivent également composer avec une nouvelle circulaire, en date du 24 janvier 2025, qui durcit leurs conditions de régularisation s'ils sont en situation irrégulière. Ils devront désormais prouver qu'ils résident en France depuis plus de 3 ans et travaillent dans un secteur en tension depuis plus de 12 mois pour espérer obtenir une régularisation à titre exceptionnel.

Recrutement des étrangers : l'inquiétude des organisations professionnelles

Certaines organisations professionnelles, comme l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, plaident au contraire pour une simplification des procédures d'immigration et de régularisation. Elles rappellent que leurs métiers attirent peu de nationaux et d'étrangers qualifiés. Une simplification des règles permettrait, selon elles, de combattre les pénuries chroniques de main-d'œuvre.

Même appel des Praticiens à diplôme hors de l'Union européenne (Padhue). Devenus depuis des années indispensables pour les services de santé, ils exercent des responsabilités importantes, mais sans avoir la reconnaissance ni le salaire des médecins nationaux. En cause : des épreuves de vérification des connaissances (EVC) jugées trop strictes, et offrant peu de places. 

Conscient de la situation, le gouvernement leur ouvre 4 000 postes en 2024 (+ 1 300 par rapport à 2023). 3 235 médecins sont admis (sur la liste principale), contre 2 205 en 2023. Mais si le gouvernement se félicite, les syndicats pointent une mesure insuffisante. Selon eux, 10 000 médecins ont concouru en 2024, dont 7 000 déjà présents en France. Un certain nombre d'entre eux ont réussi l'examen, mais ont été recalés à cause d'une baisse du nombre de places attribuées. Le ministère de la Santé a promis de réformer l'EVC cette année. 

En attendant, les médecins étrangers non européens doivent se contenter d'un statut temporaire valable 13 mois, renouvelable une seule fois, avec lequel ils gagnent 1 800 euros nets mensuels, bien loin des salaires des médecins nationaux (entre 4 000 et plus de 7 000 euros nets par mois, selon les régions et les spécialités).

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A propos de

Titulaire d'un Master II en Droit - Sciences politiques ainsi que du diplôme de réussite au Japanese Language Proficiency Test (JLPT) N2, j'ai été chargée de communication. J'ai plus de 10 ans d'expérience en tant que rédactrice web.

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