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Beginners in Asia

Beginners in Asia
Publié le 31 Janvier 2013
Je suis une expatriée qui, par les hasards de la vie professionnelle et des passages en Normandie et en banlieue parisienne, était déjà expatriée en France par rapport à sa région d'origine, Grenoble et le Dauphiné. J'ai 41 ans, 3 enfants, un mari, un chat exilé.

Je suis une expatriée qui, par les hasards de la vie professionnelle et des passages en Normandie et en banlieue parisienne, était déjà expatriée en France par rapport à sa région d'origine, Grenoble et le Dauphiné. J'ai 41 ans, 3 enfants, un mari, un chat exilé et, dans la vie normale, en dépit d'un background on ne peut plus scientifique, je m'occupe de formation professionnelle.

Comment t'est venue l'idée de t'installer à Singapour?

Fille d'expatriés je suis, enfants d'expatriés seront mes rejetons ! Visiblement, il y a de l'atavisme familial et partir vers un ailleurs quel qu'il soit a toujours fait partie de mes projets de vie. Lorsque mon mari s'est vu offrir la possibilité de partir à Singapour, nous avons sauté le pas, passé outre notre absolue méconnaissance de l'Asie et embarqué tout notre petit monde pour de nouvelles aventures à 11 000 km de la France. 

Depuis combien de temps es-tu partie? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi?

Un peu plus de 3 ans. Nous avons atterri assez symboliquement le 1er janvier 2010 à Singapour pour commencer ce qui est aujourd'hui notre première expatriation et le premier vrai éloignement par rapport à notre pays d'origine.

Comment s'est passée l'installation?

Passés les premiers instants déroutants, l'installation s'est faite en douceur mais, dans un milieu totalement neuf et inconnu et même dans un pays aussi développé que Singapour, s'intégrer et reconstruire un cadre et des conditions de vie agréables pour toute la famille est un boulot à plein temps. Il faut déchiffrer les codes et le fonctionnement d'une nouvelle société. J'avais fait le choix dès le départ, à l'opposé de ma nature profonde, d'aller vers les autres, de m'intégrer à des réseaux bref en un mot d'OSER ! C'est humainement très enrichissant et absolument indispensable socialement car lorsque l'on arrive, on a 0 ami avec qui prendre du bon temps !

Les Singapouriens sont-ils accueillants?

Singapour est, par essence, une ville de migrants et la communauté expatriée, quelles que soient ses origines, est très importante. Les gens sont sympathiques et, surtout, si vous vous intéressez au patrimoine et à la cuisine, vous êtes sûrs d'être bien vus !

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Singapour?

La multiculturalité de Singapour ! Dans le bus, voir une femme en sari discutant avec sa voisine voilée, le tout sous le regard d'un jeune col-blanc de la City est un spectacle quotidien. Chinois, Malais et Indiens, les 3 composantes majeures de la population, vivent ensemble dans ce petit pays et si chacune de leur culture existe bel et bien, elles se mélangent également donnant par exemple un anglais pour le moins surprenant parfois, le "singlish", bien loin de la langue de Shakespeare tant en terme de vocabulaire que de construction grammaticale.

Je m'attendais à une ville sans âme et bétonnée et c'est tout l'inverse pour qui se donne la peine de s'imprégner de ce nouveau pays et d'en découvrir les coins de verdure car la jungle est juste là, aux portes de la ville, les espaces verts nombreux et les infrastructures très arborées.

Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine?

Une administration à l'efficacité redoutable et un sentiment de sécurité absolue qui permet par exemple de donner beaucoup de liberté aux enfants et aux ados sans crainte. Et puis évidemment la différence culturelle avec par exemple la notion si importante en Asie de "perte de face" qui fait qu'on ne peut jamais dire à quelqu'un qu'il a tort mais au contraire le lui faire comprendre de manière détournée, en endossant même au besoin, la responsabilité du problème. Donc râler à la française est une très mauvaise idée !
Ah oui, et vivre en tongs toute l'année, quel bonheur !

Quel est ton meilleur souvenir?

J'ai été invitée par un Singapourien à assister à un opéra chinois lors d'un festival religieux. Je me suis retrouvée au fin fond de Singapour, dans un temple au milieu d'une zone industrielle, assise sur les chaises VIP du premier rang (en plastique!) et j'ai passé une soirée magnifique. Avec une amie qui m'avait accompagnée, nous étions les seules Caucasiennes et j'ai vraiment eu l'impression de rentrer dans la vie des Singapouriens et de vivre un moment privilégié.

Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installée à Singapour?

Sur le plan matériel, peu de choses car on trouve à peu près tout ici même si certains produits sont hors de prix comme le fromage... Tant pis, nous nous rabattons sur les yaourts maison (car les yaourts à la française sont eux aussi un luxe) et attendons le retour en France pour nous régaler de reblochon et de comté, ce qui n'est pas plus mal pour le tour de taille et pour l'empreinte carbone de notre consommation alimentaire. Globalement, nous n'utilisons quasiment que des produits locaux et faisons la part belle à la cuisine asiatique et singapourienne qui est un vrai sport national.

La vie d'une expat à Singapour, ça ressemble à quoi ?

Depuis notre arrivée, avec beaucoup d'opiniâtreté (peut-être trop selon les critères de mon mari), je pousse la famille à sortir et à découvrir. Le week-end, nous partons régulièrement visiter, tous ensemble, les quartiers de Singapour, ses temples, ses expos ou ses parcs de manière à sentir le pouls de la ville, à en découvrir la culture et les beautés insoupçonnées. J'ai d'ailleurs fait une formation pour devenir guide au Musée National de Singapour (NMS) qui retrace l'histoire de la création de Singapour. Je guide aujourd'hui dans ce musée des étrangers comme des Singapouriens et cela m'a permis de connaître assez intimement ce pays qui s'est construit, de façon extraordinaire, en une cinquantaine d'années seulement.

Point très important, comme la majorité de la population, nous goûtons très régulièrement aux plats locaux dans les food-courts qui sont des lieux dans lesquels on trouve, pour très peu cher, de nombreux stalls dont chacun à une spécialité depuis la soupe aux intestins de porc en passant par les crevettes grillées, le chicken rice (plat national), les satays ou les pratas indiens. Il y en a pour tous les goûts et les enfants sont ravis !

As-tu déjà visité les pays autour de Singapour depuis que tu vis là-bas?

Singapour est une plaque tournante pour les voyages en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique et nous en profitons largement car ces voyages font, dans notre esprit, partie de l'expérience expatriation. Depuis la France, nous n'aurions jamais visité en un laps de temps aussi court des pays comme la Malaisie, la Thaïlande, le Cambodge ou le Vietnam et cette frénésie de voyages se calmera certainement lorsque nous rentrerons définitivement, distance oblige !

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog?

La fainéantise peut-être ! A notre départ, nous avions promis de donner des nouvelles et j'ai vite été submergée par le nombre de mails à écrire à nos familles et amis pour décrire notre quotidien. J'ai alors décidé, pour ne plus me répéter, de créer le blog pour raconter à tous et une seule fois, notre petite vie et décrypter le pays dans lequel nous vivons. Peu à peu, le blog a évolué et, la confiance aidant d'un journal de bord, il est devenu un mélange de chroniques, bons plans et de décryptages. Je suis même passée à Facebook à cause de lui, c'est dire s'il a contribué à mon éveil de geek débutant !

As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog?

Oui, tout un lectorat virtuel que je ne connais pas mais dont je vois les chiffres s'afficher dans mes statistiques. Une connexion depuis l'Argentine ou l'Australie, un petit commentaire par ci par là ou un message me montre que je suis lue régulièrement et j'avoue, oui j'avoue, j'apprécie de me sentir aimée ! Qui ne le serait pas ?
A Singapour, la communauté des blogueurs français est assez active et, sous l'impulsion de 2 d'entre eux, nous avons pu nous rencontrer et découvrir des profils, des carrières et des générations très différentes, autant de personnes que je lisais et que je n'aurais jamais pu croiser dans ma vie quotidienne sans le blog.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaiteraient aller vivre à Singapour?

N'hésitez pas, oubliez vos a priori, ouvrez-vous à l'inconnu et allez-y !

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