Les Français votent-ils depuis l'étranger ?

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Publié le 08 avril, 2022
Les expatriés avaient joué un rôle majeur lors des élections de 2017 offrant la victoire à Emmanuel Macron. 40% des Français de l'étranger votent pour le candidat au premier tour et le second tour signe la victoire écrasante des candidats chez les expatriés. Quand est-il pour les élections présidentielles de 2022 ? 

Selon la troisième édition de l'Observatoire de l'expatriation, publiée en février dernier par OpinionWay pour le compte de la Banque Transatlantique et de l'Union des Français de l'étranger, 78% des expatriés sont intéressés par la campagne. Ils sont même 84% à dire qu'ils iront voter. Une part qui grimpe à 88% chez les moins de 35 ans. Des moyennes largement supérieures à la moyenne nationale. 

Les jeunes expatriés investis et concernés 

Alors que l'expatriation avait ralenti avec la Covid, les jeunes français sont encore nombreux à tenter l'expérience hors des frontières françaises. De la création d'une entreprise à une opportunité salariale, nous pourrions penser que les expatriés manquent cruellement d'intérêt pour leur patrie et cherchent quelque part à fuir la France. Une idée évoquée par de nombreux candidats à la présidentielle en appelant la communauté des Français établis hors de France à rentrer sur le territoire. Pour autant, nombreux d'entre eux se disent plus investis sur le plan politique une fois à l'étranger : « J'ai toujours voté depuis que j'ai l'âge légal, mais j'ai commencé à m'investir et m'informer sur la politique française en 2017 alors que je vivais à Rome depuis quelques années déjà », explique Estelle, expatrié depuis 8 ans. « Comme beaucoup d'expatriés », elle prendra, son « devoir de citoyenne française » très au sérieux et se rendra aux urnes le 10 avril prochain. Pour elle, c'est une « manière de participer à la vie de son pays d'origine » et se voit bien évidemment « concernée par les résultats ». « De temps en temps, je discute avec mes amis français des élections, nous nous sentons tous globalement concernés et particulièrement cette année avec les derniers événements comme la Covid ou la guerre en Europe », ajoute-t-elle. Une façon pour ces jeunes de garder un contact avec leur pays d'origine mais aussi de s'assurer que certaines mesures ne vont pas à l'encontre de leur expatriation. Pour Victor, 25 ans, expatrié à Bali depuis 2017, voter n'est pas une option pour ces raisons : « Je me dois d'aller voter car même si je suis à l'autre bout du monde, le nouveau gouvernement aura un impact sur mon expatriation. » De nombreux candidats à la présidentielle ne comprennent pas cette expatriation et mentionnent alors des mesures pour inciter les Français établis hors de France à revenir sur le territoire. Par exemple, Jean-Luc Mélenchon souhaite introduire un impôt universel, ce qui pourrait en décourager plus d'un à s'expatrier. 

Ceux qui n'iront pas voter 

Même s'ils tiennent à voter, plus de quatre expatriés sur dix avouent se sentir moins concernés par l'élection présidentielle que s'ils vivaient en France (44 %). Il s'agit de la principale raison évoquée par ceux qui n'ont pas l'intention d'aller voter (26 %) ou encore le fait qu'aucun candidat ne corresponde à leurs attentes (21 %).

« Non, nous n'irons pas voter. » Il reste tout de même une forte part d'abstention dans la communauté des expatriés et tout particulièrement chez les personnes plus âgées. Alain, installé à Alicante, en Espagne, a 71 ans et juge son intérêt pour la politique française « anecdotique ». Se disant déçu, beaucoup se joignent à lui sur cet avis et expliquent que l'intérêt pour la politique se porte sur celui de leur pays d'accueil. Jean-Luc a 67 ans et vit en Allemagne. Il explique s'investir dans la politique allemande comme il peut « car elle impacte sa vie directement ». Aujourd'hui il ne souhaite plus retourner en France car il se sent « comme un étranger » sur le territoire. Les non-votants semblent avoir tourné le dos à la politique française pour s'investir pleinement dans leur pays d'accueil. 

Les préoccupations politiques principales des expatriés 

Les Français établis hors de France seront particulièrement attentifs à trois enjeux : l'environnement (58%), la protection sociale (54%) et l'éducation et la formation (49%). La majorité des expatriés évoquent les droits à la retraite des Français qui ont travaillé à l'étranger (52 %) et 40 % la couverture santé. La fiscalité pour les expatriés est également une priorité (40 %), de même que le soutien de la France aux expatriés lors des crises économiques et sanitaires (36 %). Les expatriés sont également 43% à mettre en avant les propositions en faveur de la construction européenne et mettant fin aux inégalités sociales. « Après deux années marquées par la crise sanitaire, les Français de l'étranger souhaitent participer et s'impliquer pleinement lors de l'élection présidentielle. Motivés pour aller voter, ils souhaitent légitimement que leurs préoccupations soient considérées. Ils participent activement au rayonnement de notre pays dans le monde, et c'est une force qu'il ne faut pas négliger », commente Vincent Joulia, membre du directoire de la Banque Transatlantique. 

Pour conclure, malgré une forte implication, 86 % des Français expatriés se sentent abandonnés par les représentants politiques et que leur situation est insuffisamment abordée dans les programmes des candidats.